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Les masques tombent.

Cette action modeste d’une grève d’un jour a quand même permis de voir un peu plus clair dans le jeu du gouvernement et de se demander ce que le PS fiche avec les libéraux dans la Vivaldi.
Le vice-premier ministre, Pierre-Yves Dermagne (PS), signera-t-il les arrêtés royaux de blocage des salaires ? S’il le fait, quelques milliers d’électeurs du PS passeront en plus au PTB en 2024. S’il ne le fait pas, le gouvernement saute au mauvais moment, en pleine crise !
On aura remarqué, la grande gueule du MR, dont la réputation n’est plus à faire, est assez taiseuse ces temps-ci. C’est toute la droite qui attend, tout en ne restant pas inactive dans ses journaux et revues à sa solde.. Deborsu et Vrebos sont priés par la direction de RTL de ne pas interviewer dimanche prochain un loustic de la bourgeoisie militante. Les fusils sont en faisceaux.
Il s’agit, une fois encore, de réformer le système actuel de négociations salariales. La loi sur les normes salariales est la clé de voûte. Suite à l’indexation automatique, les salaires augmenteront plus vite en Belgique que dans les pays voisins, ce qui fait qu’on est coincé jusqu’en 2025. Cette indexation est trompeuse. Cela ne signifie nullement que les salaires belges seront supérieurs aux autres, pour autant.
Comme toujours les Flamands ne comprennent pas les enjeux. Le mouvement de grève est incompréhensible pour eux. Ils font Tante Philomène reine du bon sens. Toutous en laisse, ils suivent leur maître qui leur dit de dire que ce n’est pas le moment de faire les difficiles.
Matthias Diependaele (N-VA) a trouvé les coupables : « Faire grève dans une période économiquement très difficile est totalement irresponsable. Alors que nous devrions travailler ensemble, les syndicats jouent avec notre prospérité future et nuisent à la compétitivité de nos entreprises. »
L’opposition flamande est étonnante, c’est le meilleur soutien du gouvernement !
Les libéraux flamands de l’Open Vld, Egbert Lachaert président, surenchérissent histoire de se faire bien voir des badauds de Gand et de Bruges « Les syndicats se trompent d’ennemis aujourd’hui. Les prix de l’énergie ont explosé à cause de la guerre en Ukraine. Le gouvernement et nos entreprises se battent à égalité contre cela. Nous sommes tous dans la misère. Entrer en guerre les uns contre les autres ne nous apportera pas de solutions. Il y a quelqu’un au Kremlin qui rit quand il voit ça. »
C’est gros quand même. Osez dire que nous sommes tous dans la même misère, c’est gonflé. L’Open Vld explique que toute la crise économique est de la faute de la guerre en Ukraine. Cela relève d’un simplisme qui devrait quand même réveiller l’intelligence flamande.

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Le vieux rêve des libéraux, négocier les salaires au niveau de chaque entreprise, refait surface. Voilà cinquante ans qu’on n’en veut plus. Comment peut-on négocier dans une petite entreprise quand on en est à tutoyer le patron ? la suite est délectable, dans les six mois suivant, plus aucune norme ne sera possible. Seuls les travailleurs des grosses entreprises auront des salaires décents. La masse des bas salaires sera un argument pour freiner l’appétit des autres. « Si tu n’es pas content de ton salaire va donc travailler chez Trouduc, tu pourras tout de suite le voir, il est dans le bureau juste à côté de l’atelier. Pour le moment, il est en redressement judiciaire. Il a juste besoin d’un tourneur, pour finir les commandes. »
L’avenir n’est pas rose. On dirait que les libéraux n’ont pas pris conscience que le malheur qui s’abat sur la population est entièrement de leur faute. Ce n’est quand même pas le travail qui conduit à l’impasse, mais la spéculation. Accabler celui qui se débat en travaillant pour vivre dans cette pétaudière des prix de l’alimentation et de l’énergie est d’un cynisme accompli. Tout le monde sait que ceux qui réclament de la modération dans les revendications ne nourrissent pas leur famille avec 1600 euros par mois. La frime des cols roulés et le panier de la ménagère que les Libéraux ont du mal à remplir à cause de la misère partagée est une injure à l’intelligence des foules. Ils prennent les gens pour des cons.
A l’heure où l’actionnariat n’a jamais si bien vécu, ce serait plutôt le moment de faire payer les riches, puisqu’ils font des homélies sur le partage des souffrances.
Le discours officiel si facilement controversé au titre de l’axiologie est encore celui le plus répandu et malheureusement le plus assimilé comme une vérité par l’irréductible centrisme de la société belge. Il y a dans ce renoncement de comprendre la situation et de prendre parti pour la vérité une étonnante aptitude du bœuf à regarder passer les trains en bordure de sa prairie, tandis qu’il broute l’herbe tendre sans discontinuer. Il ne sait pas qu’au bout de l’herbe tendre, il n’y a plus que les chardons et les ronces. Mais il broute d’un coup de mâchoire à l’autre, insouciant. Jusqu’au jour où le fermier devant la disette et le foin qui n’est pas pour rien, se résoudra à conduire l’animal à l’abattoir. Il dira au maquignon voisin « Je n’avais plus les moyens de le nourrir, il risquait trop de maigrir. J’allais perdre au moins cent kilos de bidoche sur la bascule ».

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