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Ceux qui organisent l’inflation.

Depuis vingt ans, une transformation profonde de la définition de la propriété agite le mouvement libéral. Une « contre-révolution conservatrice » se développe sous nos yeux qui voit la part des actionnaires croître au détriment des salaires et des investissements.
Ce mouvement est européen. La droite progresse partout. L’afflux des « réfugiés » africains est pour beaucoup dans le choix des électeurs qui voient dans la droite et l’extrême droite un rempart pour contrer une gauche qu’elle appelle islamo-gauchiste, favorable à la dissolution de la culture européenne dans le salmigondis d’une pseudo culture. Le choix des électeurs profite à la bourgeoisie parasite et actionnaire par vocation.
La Bourse garantit aux actionnaires la « liquidité » de leurs actions, c’est-à-dire la possibilité de se défaire à volonté de cette fraction de leur propriété qui a pris la forme de parts d’entreprises. Les marchés boursiers sont passés en quelques années du statut de marchés où se négocient des titres à celui de marchés où des entreprises entières sont négociées, échangées, agglomérées ou démantelées.
Avec le Change des monnaies, ces parasites jouent sur le cours, la Bourse est l’instrument idéal pour sucrer son biscuit en tablant sur la jobardise de la multitude et la dévotion sans égale des partis libéraux.
Les mégafusions des marchés boursiers permettent de rendre aux actionnaires plus qu’ils ne prêtent. Ici, on parle de gros coups et non pas du portefeuille du boursicoteur qui se fait avoir sur les conseils « avisés » d’un agent de change, avec deux ou trois actions par-ci, par-là, qui finissent par ne plus valoir que le poids du papier.
La propriété des titres est devenue « liquide ». Pour que la combine rapporte, il faut que les moyens de production et les salariés aient la même « liquidité », avec la possibilité d’être jetés au rebut, d’être « liquidés » au sens propre du terme. Le cantique des cantiques libéral est chanté aux grands messes de la Bourse au nom de l’« exigences des marchés » !
C’est ainsi qu’à l’étage en-dessous les détenteurs des liquidités (les directions des groupes décideront de la restructuration ou de la fermeture de dizaines d’établissements industriels et, à travers eux, du licenciement de centaines de milliers de travailleurs. Le but ? Créer de la « valeur pour l’actionnaire », à tout le moins le protéger du krach toujours possible.

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Simultanément, le capital financier multiplie les pressions pour faire main basse sur les formes socialisées que l’entreprise doit à son personnel, comme la transformation des régimes de retraite par répartition en fonds de pension et les incitations fiscales à développer des formules individuelles d’épargne salariale. Les assurances privées cherchent à s’approprier la part de la richesse sociale, produit du travail, plus ou moins redistribuée sous forme de fonds publics ou sociaux.
L’Accord général sur le commerce des services (AGCS) vise, sous couvert de liberté, à transformer des services publics en marchés. Ceux-ci ne deviendraient accessibles qu’à ceux qui en ont les moyens monétaires, comme c’est le cas aux Etats-Unis.
La dernière offensive est celle de l’appropriation privée des connaissances scientifiques. Patrimoine commun de l’humanité, les mécanismes de production et de reproduction biologique et la biodiversité sont particulièrement convoité depuis le Covid-19 . Le capital s’accapare peu à peu de l’ensemble des conditions tant matérielles qu’intellectuelles des productions, œuvre du travail historique, social, de l’humanité.
Cette volonté d’appropriation privée vient de la place prise par la science et la technologie dans la concurrence, et de la quête permanente par le capital de nouveaux champs de valorisation, afin de repousser le moment où ses crises éclatent. Mais elle correspond aussi à l’une des tendances les plus profondes du capitalisme, qui le distingue des autres formes d’organisation sociale : le mouvement qui le pousse vers une appropriation « totale » de l’ensemble des conditions de l’activité sociale.
Ainsi les grands groupes pharmaceutiques occidentaux ont-ils cherché, au nom de la « protection de la propriété industrielle », à imposer aux pays pauvres des prix exorbitants de médicaments, y compris ceux qui sont destinés à la lutte contre le sida. Et si, finalement, ils ont dû y renoncer — au moins momentanément — en raison de la détermination de certains Etats (Afrique du Sud, Brésil, Inde) à mettre sur le marché des copies génériques de ces médicaments, la « protection industrielle » et le régime des brevets n’ont pas été mis en cause, pas plus que leur extension au vivant.
En fait, chaque fois qu’un groupe pharmaceutique appose son brevet sur un médicament, il s’approprie des connaissances scientifiques produites socialement et financées publiquement. Car le produit breveté est toujours une longue accumulation générale de savoirs et le résultat de travaux de chercheurs qui souvent travaillent dans plusieurs pays. Le brevet organise et défend juridiquement ce processus d’expropriation des chercheurs et des pays qui les financent. Il permet aux groupes de transformer le savoir social
en mécanisme d’extraction de flux de rentes et en instrument de domination sociale et politique.

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