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FIN de la RÉCRÉATION.

Cela a toujours été une aventure que les enseignants connaissent bien : transmettre son savoir à des enfants. Les conditions ne sont plus les mêmes que celles d’antan, cette vieille école représentée sur des images d’Epinal : une classe avec un poêle à charbon et un instituteur en cache-poussière gris sur une estrade. Les ministères de l’Instruction publique se sont succédé depuis, enserrant dans des carcans tout ce qui était de l’ordre personnel issu de l’expérience de vie du maître, en les réduisant au programme officiel.
C’est ce programme officiel qui fait débat aujourd’hui.
Le choix est clair, il convient de former la jeunesse aux besoins de l’économie libérale, ajoutant aux techniques ce que l’on reprend à l’humanisme et la connaissance du français. Cette mise aux normes de la civilisation industrielle n’était possible que par l’adhésion des partis politiques de gouvernement. Le coup de barre est ancien. On pourrait le rapporter vers le milieu des années soixante.
D’ajout en ajout, le programme s’est tout à fait spécialisé dans cette idée que l’étudiant est aux études pour apprendre un métier et rien d’autre !
On voit aujourd’hui le résultat. Les textes sortis des universités sont pleins de fautes d’orthographe. Le wokisme ayant mis à la mode les raccourcis, on n’est pas encore au bout du dépeçage en écriture abrégée.
Mais, par-dessus tout, le résultat de cet acharnement des programmes à la chose concrète, on a oublié un élément fondamental à l’enseignement, celui de donner à l’éducation le sens du questionnement et de la critique.
En transformant les directives des programmes, en véritables obligations de les appliquer à la lettre, on a ainsi presque interdit de les passer au peigne fin. Or, ces programmes ont tous abandonné ce qui fait l’intérêt d’une culture humaniste : l’ouverture à la pensée libre, la découverte de connaissances dépourvues de la nécessité d’apprendre des techniques, donnant un peu de place à la culture.
Le mot est lâché, on a élargi le champ des connaissances techniques en rabotant le temps imparti aux Arts et aux Lettres. Ces cours de connaissance générale n’existent plus que dans certaines sections « spécialisées » que d’aucuns appellent en se moquant des « usines à chômeurs ».

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Malgré les efforts de la propagande officielle sur les qualités nouvelles de l’enseignement, toutes les statistiques sont en accord complet, le déclin continu de l’intelligence critique et de la connaissance de la langue augurent de la catastrophe qui nous attend endéans les prochaines années.
Les réformes scolaires imposées par des partis qui se sont couchés devant l’impératif des emplois dans le monde du libre échange sont essentiellement responsables du désastre !
Jusqu’à présent le grand public, tout assotté de jeux électroniques et des facilités qu’offrent google et les sites de recherche, ne voit pas le piège dans lequel il est tombé.
Le but poursuivi par les ministres de l’Instruction publique est désormais limpide : tous les étudiants doivent être engagés dans la guerre économique mondiale amorcée dans les années quatre-vingt sous l’appellation d’une nouvelle doctrine : le néolibéralisme.
Nous sommes en train de fabriquer les populations de demain : besogneuses et passives. Voilà le résultat de cette étrange logique qui pousse les sociétés modernes à détruire les acquis qui ont fait de nos Anciens des acteurs de l’émancipation sociale et du travail négocié par des syndicats puissants en désaccord avec les vérités officielles et le prêchi-prêcha des classes aisées.
Les failles du système ne se révèlent bien qu’en état de crise. Justement nous y sommes, stagflation, guerre à nos portes, Covid-19 pas mort, sans ouvrir un autre chapitre sur l’écologie résultat direct du productivisme, suite logique d’une frénésie de croissance du PIB.
Cette réalité est effacée par le respect du programme exigé de l’enseignant.
Lui aussi a été transformé en un transmetteur de la « Voix de son maître » et malheur à qui s’en écarte.
Que faudrait-il pour décoincer le monde étriqué et morne que le plan du ministère impose au personnel ?
Une prise de conscience des partis semble nécessaire. On en est loin.
Cependant, il n’y a pas d’issue fatale. Tout ne semble pas perdu. Les réformes sont si proches des élucubrations du wokisme sur la question de l’enseignement, qu’il faudrait peu de choses pour que les élucubrations ministérielles sombrent dans le ridicule.
Pour la bonne cause, en plus de l’esprit critique, il faudrait aussi réinventer l’humour, chose interdite sur les plateaux de télé, fort décriée parce que subversive.

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