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À couteaux tirés.

Quelle mouche pique les gens aujourd’hui ? Dans la rue, on y sent une tension, un air hostile, sans que les apparences des citadins comme « autrefois » soient différentes. Les gens vont et viennent vêtus ou non à la mode, comme naguère.
La population lorsqu’elle se dilue au tout-venant laisse des espaces entre les groupes, fait des écarts en n’approchant pas certains passants, les évitant… comme si elle en avait peur !
Les rapports sont devenus discourtois, voire hostiles. Un rien, un mot de travers, pourrait déclencher des injures et aller jusqu’aux coups. Serait-on devenu irritable et tatillon en l’espace d’une génération ?
Les automobilistes sont prêts à la guerre pour une priorité non respectée, un coup de volant malencontreux. Un froissement de carrosserie soulève des drames. Sans qu’il y ait collision, un automobiliste s’arrête laissant se former un bouchon derrière lui, rien que pour menacer le chauffeur d’un autre véhicule, le visage collé contre la vitre, l’air menaçant.
Il doit bien y avoir autre chose entre un constat d’accident de gens civilisés et l’invective envers celui supposé avoir commis la faute. On voit même certains chauffards qui prennent les devants et accusent l’autre de leurs propres erreurs. La mauvaise foi règne en maîtresse absolue.
Le piéton quand il n’est pas chauffeur l’agresse et vice versa.
La mauvaise foi est une sorte de préservatif de l’amour propre. On en entend des vertes et des pas mûres de la part de ceux qui débordent de préjugés et de parti pris. On mêle à la querelle la mère de celui qu’on invective sans la connaître. Peut-être est-ce par ce que c’est la seule personne que l’on respecte encore dans certaines familles ?
Sur le trottoir, un instinct de préservation fait baisser le regard des plus timorés devant certains passants ! Regarder franchement dans les yeux est compris comme une provocation par des petits caïds. Il y a des voleurs à la castagne qui profite de la panique de l’agressé pour le dépouiller. Baisser le regard devant quelqu’un peut aussi susciter le désir de tourmenter le peureux, rien que par la jouissance d’une domination avérée. Certains choisissent « leur » victime.
L’hostilité entre les générations s’aggrave d’année en année. Les jeunes ne respectent plus le grand âge. La vieille se tasse, accrochée debout à la barre d’un bus sans aucune illusion à trouver où s’asseoir. Des jeunes gens s’avachissent sur les sièges, sans un seul regard pour l’accrochée à sa barre, comme si elle n’existait pas.
Ce n’est même plus un manque d’éducation. C’est une absence d’humanité. Peut-être que les parents ne font pas mieux. C’est une nouvelle façon d’être dans une société à la dérive, dans un chacun pour soi farouche.
Politesse et bienveillance ont disparu. Pas tout à fait, il reste des résistants affables et souriants, prompts à rendre service à plus faible que soi. Pour les autres, ils sont dans l’attente d’un affrontement avec n’importe qui, l’esprit en alerte.

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Les psychologues pensent que ce courant brutal et dangereux qui règne en ville, est venu d’une Amérique saisie par la violence, comme on la voit dans la plupart des films d’Outre Atlantique depuis une bonne cinquantaine d’années.
L’abus des séances de télévision, des lectures de bandes dessinées, des sorties en boîte et de la drogue répandue partout et à des prix bradés seraient les grands responsables de cette dérive inquiétante. La société de consommation en somme, dans ce qu’elle a de plus caricatural.
C’est le dernier mot jusqu’où le psychologue s’aventure : une société consommant et ne se préoccupant de rien d’autre. Nous serions devenus des machines de digestions placides, des possédés par nos sens dans l’impossibilité d’y résister et submergeant tout, le sentiment que ce sont les autres qui cherchent à nous mettre en danger.
Certains ne résistent pas à accabler tout qui paraît être de naissance lointaine par le vêtement ou la couleur de peau, rendant cette société multiculturelle, c’est-à-dire victime d’une inculture quasiment générale, réduisant l’homme à ses instincts primitifs.
Les nouveaux économistes ont cependant malgré eux exposé les origines du fléau dans leurs traités d’économie. Il suffirait de les consulter pour se rendre à l’évidence.
La société est devenue ce que la culture néolibérale en a fait. L’Amérique a donné le ton. Nous avons suivi comme toujours.
Le groupe, la famille, le clan, enfin tout ce qui pouvait unir ls gens ont disparu.
Nous sommes dans le sacre de l’individu. Chacun tire son épingle du jeu, que les autres se débrouillent. La liberté concerne d’abord celui qui la cherche et la gagne au détriment d’autrui.
Le néolibéralisme fait de l’homme son propre entrepreneur. Le but est d’arriver premier, en savonnant la planche pour les suivants. C’est la nouvelle formule du capitalisme.
Cette course à l’échalote fait devenir les gens fous. Des malins ont créé des « pouponnières » d’entreprises. Des sociétés comme Uber font florès dans des contrats léonins !
Comme arnaque mondiale, on n’a pas trouvé mieux.
Nous avons désormais une société à l’image d’une économie qui ne rapporte gros qu’à ses seuls inventeurs. Les gens s’y ruent et en sortent transformés en bêtes fauves, prêts à tout pour s’adjuger le plus possible de grades, de salaires, de puissance !

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