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Écolo, Quichotte ou Penza ?

L’ardent jeune homme de 52 ans, Georges Gilkinet, vice-premier ministre du gouvernement d'Alexander de Croo, Écolo de son état, vient de découvrir les effets de l’eau chaude, en déclarant que les lois édictées par ceux qui en profitent avaient quelque chose d’antidémocratique.
Voilà cinquante ans que le scandale existe sur les indemnités allouées aux représentants du peuple, presque l’âge de l’impétueux ministre, sans que jamais aucun membre de son parti ait trouvé à redire.
Avec humour, l’ami Georges a envoyé un grand « merci » à Stefaan De Clerck et à José Happart pour
avoir quitté la scène politique en touchant le jackpot. Stefaan De Clerk va conserver son indemnité parlementaire, alors qu’il va devenir président de Belgacom et on se souvient que José est descendu du perchoir de président du parlement wallon pour une retraite bienheureuse au plateau de Herve.
On se rappelle sa déclaration, en septembre 2009, quand il se verra octroyer 530 000 euros au titre d'indemnités de départ « Pourquoi devrais-je avoir honte d'une rétribution qui est légale et parlementaire, et qui a été décidée par d'autres que moi ? »
Raisonnement imparable, en effet, ce n’est pas parce que la mentalité populaire a changé sur les largesses d’esprit qui prévalurent jadis à la rétribution de nos élus, qu’il faille priver José de son droit de passer à la caisse, comme tous ces grands Anciens qui l’ont précédé. Quitte à voir ce « vertueux » continuateur des traditions, se retrouver sur les bancs de la Correctionnelle pour une affaire louche de briques et de ciment, quelques temps plus tard.

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Le ministre Gilkinet rappelle "les exemples" d’Emily Hoyos et d’Olivier Deleuze "qui ont renoncé à leur indemnité de sortie", quand ils ont accédé à la fonction de co-présidents du parti. Et s'il admet que certains parlementaires ont certainement profité de cette prime - "on n’est pas parfait", dit-il -, il invite tous les parlements à emboîter le pas : "c’est le bon moment pour légiférer".
On pourrait aussi citer d’autres exemples de l’argent public rétribuant des parlementaires pour des prestations fantômes, telle celle de Georges-Louis Bouchez, sénateur coopté, percevant des indemnités de sénateur, alors qu’il ne met jamais les pieds au Sénat.
Outre des réformes touchant à la fiscalité et les pensions, ainsi qu’un paquet de moyens nouveaux dans la lutte contre la corruption et la criminalité financière, Écolo propose de « baisser les salaires des ministres et les rémunérations des parlementaires – via la suppression des indemnités forfaitaires – de 30 %, cela à tous les niveaux de pouvoir dans le pays ». Les coprésidents d’Ecolo expliquent que leurs représentants déposeront cette proposition sur la table des gouvernements, afin de « susciter le débat, avant, nous l’espérons, l’adoption des lois nécessaires ».
Est-ce naïveté ? Calcul électoral ? Les deux à la fois, sans doute, car où trouveront-ils une majorité pour sabrer dans les dépenses parlementaires ? Le PTB et le Vlaams Belang ne font pas la majorité, du moins pas encore !
On se rappelle les déclarations qui valurent aux générations de politiciens de se faire des couilles en or au service du peuple « Il faut rétribuer largement les élus de la Nation pour qu’ils ne soient pas corrompus par l’argent du privé ».
On a vu les effets de cette belle philosophie. Les scandales n’ont jamais cessé, mais encore ils étaient le fait des nantis de la politique comptant jusqu’à trois ou quatre législatures. Les nouveaux devant attendre leur tour pour plonger dans le tiroir-caisse et ramasser les enveloppes sous la table, les gloires de l’hémicycle se sont gavées jusqu’à la nausée.
C’est une question de logique, tout aurait pu en aller autrement, si, au départ, les élus avaient eu des indemnités calculées sur le barème d’un ouvrier qualifié, majorées de quelques pour cents pour les frais de représentation.
A tous le moins, cette règle si elle avait été appliquée aurait découragé les prébendiers déjà pourvus, les avocats et les autres professions libérales. Il ne serait resté que les gens de conviction, croyant en la démocratie.
La dureté de l’existence pour la plupart des gens de ce pays aurait été partagée par leurs élus. Cela peut paraître anodin, mais parler de ce qu’on vit soi-même est autrement plus authentique que parler de ce que vivent les autres, alors qu’on est le cul dans le beurre.
La démarche des écolos sur les indemnisations des élus a peu de chances d’aboutir. Elle fera partie de nombreuses autres tentatives vouées à l’échec. Nous conserverons jusqu’à la fin du système et de la Belgique une classe politique socialement nantie qui peut légitimement remplacer la classe sociale d’artisans et de commerçants en voie de disparition.
Sauf renversement de cette pseudo-démocratie qu’on nous impose, il n’y a aucun moyen de baisser les indemnités que le citoyen alloue sans le vouloir et contre son gré à ceux qui gèrent si mal ce pays.
Faut pas toucher au grisbi, jamais, chez nos Huiles. Tu devrais le savoir, Gilkinet ! T’as envie de te faire repasser par la fleur du vice ?

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