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La tactique du gendarme.

Les foules en colère font-elles encore peur au pouvoir ?
Voilà des mois que des Français disent ne pas vouloir du recul de la retraite à 64 ans. Macron s’obstine et se résout à faire passer la loi sur les pensions au Parlement, par sa première ministre Elisabeth Borne.
Du coup le ton monte et les syndicats, tous d’accord, appellent à de grands rassemblements. Ils ont lieu, le public qui s’y rend n’a jamais été aussi dense et nombreux.
Quelle est la réaction d’Elisabeth Borne ?
Aucune. Les gens défilent, c’est leur droit. Et après ? Le problème du Président, c’est de convaincre les Républicains de faire l’appoint des voix. C’est tout.
On a devant soi deux cas d’école.
– La révolte des Gilets Jaunes avec à Paris le préfet Lallement et sa méthode musclée.
– La « pression du peuple » surveillée par le préfet Laurent Nuñez, toujours dans la capitale.
On a été près de la guerre civile avec l’un par ses méthodes souvent à la limite de la légalité. Séparation en plusieurs tronçons du cortège des Gilets Jaunes, acculant la foule dans des culs de sacs, tactique visant à agréger les Black bloc au défilé pour taper dans le tas, usage de balles en caoutchouc avec un nombre incroyable de blessés, œil crevé, main arrachée, etc. lacrymogène et canon à eau. La méthode Lallement était conspuée par tout le monde.
Ce fut si désastreux que le président de la République crut nécessaire d’aller en Province réunir des assemblées bidons pour « amadouer » les Gilets jaunes et rallier à sa cause les « braves gens » pris au piège par les « émeutiers ».
Macron y perdit trois mois en palabres et rata la fin de son premier quinquennat.
L’actuelle bronca n’est manifestement pas traitée de la même manière.
La police accompagne le défilé sans provocations et de façon discrète. Les quelques Black bloc sont repérés et séparés des manifestants.
On défile. On proteste entre soi. On écoute les discours des secrétaires syndicalistes, puis on rentre chez soi, la conscience d’avoir fait ce qu’il fallait pour « inquiéter » les pouvoirs publics.

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1789, 1830, 1848, 1871 furent les dates clés de l’évolution de la société passant de l’Ancien Régime à l’Empire, puis de l’Empire à la Restauration, de la Restauration au second Empire et de celui-ci à l’installation de la IIIme République qui survécut de 1870 à 1940.
Les forces en présence étaient disparates depuis 1789, sans commune mesure à celles d’aujourd’hui. La prise de la Bastille se fit contre une poignée de gardes suisses commandés par Bernard-René de Launay. Ne recevant aucun ordre de Versailles, livré à lui-même, il ne fit rien. Tous moururent massacrés.
La troupe était la seule force d’opposition aux émeutiers. Elle fit face à l’émeute avec des fortunes diverses. Sauf celle de Versailles marchant sur les Communards de 1871, les massacrant ou les fusillant sur ordre de Thiers, lors de ce qu’on appela la « Semaine sanglante ». Toutes les autres manifestations contre le pouvoir réussirent, plus ou moins à influencer les décisions prises. La révolution de Juillet 1830 est la deuxième révolution française, après celle de 1789. Elle porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier, à la tête d'un nouveau régime, la monarchie de Juillet, qui succède à la Seconde Restauration. Cette révolution se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites « Trois Glorieuses ». Elle détrône Charles X. Cette révolution fut récupérée par les libéraux, sauvant ainsi la monarchie, alors que le peuple souhaitait la République.
Ce qui change avec les remous de la société presque jusqu’à la guerre de 14, c’est la prise de conscience du pouvoir, selon laquelle il faut pour maintenir l’ordre interne à la démocratie des forces de police et de gendarmerie proportionnellement plus importantes que ce qu’on opposait avant au peuple mécontent.
Pour en revenir à la période Gilets Jaunes, jusqu’où le préfet Lallement aurait-il put aller pour maintenir l’ordre par la force ? On le stipendie avec raison pour son discours et ses ordres, mais on oublie qu’il n’aurait pas été le préfet sanguinaire s’il n’en avait reçu l’ordre de plus haut, à savoir du ministre de l’Intérieur, lui-même, le téléphone branché sur l’Élysée. C’est quand même au président à qui devrait revenir une partie des doléances des Français à l’encontre du préfet de police Lallement.
Avec l’expérience qui aurait pu finir en désastre dans l’affaire des Gilets Jaunes, le pouvoir essaie une autre méthode qui semble porter ses fruits.
La police encadre en nombre le défilé, mais ne se montre pas. Des dizaines de véhicules avec des centaines de CRS sont massés à proximité, mais pas à la vue des manifestants. Un petit contingent posté en tête du cortège s’assure des intentions des Black bloc les empêchant de s’infiltrer parmi les manifestants, aidé par le service d’ordre des syndicats.
Jusqu’à présent tout s’est passé comme sur des roulettes. On verra si la manifestation de samedi prochain se fera dans le même esprit.
Reste la question principale. Et si malgré la volonté populaire, sans doute majoritaire dans le pays, n’a aucune résonance au Parlement et que la loi est votée grâce aux Républicains d’Éric Ciotti ?
Que vont faire les gens, puisque manifester en bon ordre et dans le respect des lois, ne sert à rien ?
L’avantage de la guerre civile sur l’autre, c’est qu’on peut rentrer manger et dormir chez soi.

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