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Un désengagé engagé.

Le clivant Georges-Louis Bouchez est tombé sur un os en démettant un ministre MR du gouvernement wallon. Ce n’est pas la première fois qu’au sein du parti l’autoritarisme du président heurte les sensibilités. C’est une façon assez innovante de diriger un grand parti que celle adoptée par GLB. Il n’a besoin de consulter personne pour agir dans des occasions où, ne serait-ce que par fair-play, il devrait prendre les avis les plus autorisés du mouvement libéral.
Du coup, il fait passer les anciennes pointures pour des clowns.
On n’en connaît que trop des mandataires rémunérés du parti qui sont excédés de la situation actuelle, mais qui se résignent et se taisent pour des raisons d’intérêt personnel. C’est exactement comme être employés dans le privé depuis des lustres. Les vieux serviteurs mettent de l’eau dans leur vin pour cohabiter dans la paix, avec le nouveau maître.
Voilà que Jean-Luc Crucke se rebiffe et plutôt d’accepter une situation sur une voie de garage, non seulement proteste de la façon dont GLB l’a remercié, mais encore claque la porte avec fracas et s’affilie aux Engagés. Prévot, président des Engagés, tout heureux de cette recrue de surcroît parlementaire, est ravi.
On a rarement vu un président du MR aussi détesté par les notables du parti. À part les courtisans et ceux qu’il a obligés, ses recrues de l’extérieur et son deal avec les Michel pour sauver le soldat Mathieu, le petit dernier du clan, il ne peut plus vraiment compter sur personne au sein de la famille libérale. GLB doit la popularité dont il jouit à l’extérieur du parti et de ses têtes de gondole. Il l’a trouvée chez les gens de toutes sortes, amateurs de télé et de personnages de bandes dessinées.
Les libéraux lambdas l’adorent. Ils aiment sa petite gueule jamais à court d’imagination vindicative sur la politique des autres partis et sa méchanceté vis-à-vis des chômeurs, sur qui il fait reposer les échecs du système libéral.
Ils goûtent comme un feuilleton à la télé ses démêlés avec le président du PS, Paul Magnette. Même ses foucades contre son homologue flamand du parti libéral plaisent.
Cet engouement le soutien contre le bureau du parti.
GLB est un populiste qui s’assume. Il sait que ses opinions bien tranchées et discourtoises trouvent un bon accueil chez ses fans. Il en rajoute à la louche et ces gens acquiescent apparemment ravis.
Mais, il en va des pulsions des foules, comme un coup de dé sur une table de jeu. Jusqu’à présent ça marche, mais jusqu’à quand ?

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L’affaire Jean-Luc Crucke n’a pas nui à son image dans l’opinion libérale. Dès la nouvelle selon laquelle le dissident s’allait jeter dans les bras des Engagés (ex CDH), il s’est mis à sa table de travail pour verser son acide sur cette défection. Pour des raisons tactiques, il a délégué Jean-Paul Wahl à cette perfidie : "Je suis étonné et déçu. Jean-Luc Crucke a tout un parcours au cours duquel il a toujours défendu les valeurs du libéralisme et il ne s'est jamais privé de critiquer, parfois vertement, le cdH, devenu ensuite Les Engagés".
Pour la bonne compréhension de la manœuvre, Wahl est bourgmestre en titre de Jodoigne, fief des Michel par excellence. On voit la manœuvre, poivré le départ de Crucke par un homme de main des Michel, c’est quasiment se dédouaner envers ses bienfaiteurs et se dispenser, par avance, de tout reproche.
Wahl est le fantassin galonné en service. Il est hyper dépendant de la famille pour tous ses mandats :
député de la Communauté française et Sénateur, Président de la fédération MR du Brabant wallon et chargé de mission Europe de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie.
La dernière charge est manifestement de la main de Bouchez "Il (Crucke) a été élu sur une liste MR ; il était ministre sortant MR lors des dernières élections ; il a négocié et approuvé la déclaration de politique régionale. Qu'il passe subitement aux Engagés avec son siège, c'est tromper les électeurs".
Bien sûr, il y a d’autres façons de tromper l’électeur, GLB en connaît un rayon. Sauf que dans le cas de Crucke, il s’agit d’un mandataire élu et qui devra s’expliquer auprès des électeurs lors des prochaines élections. Réélu, ce serait un démenti pour la cour tournant autour du président du MR. Ce ne serait pas le premier parlementaire qui quitterait une formation pour siéger en indépendant ou sur une autre liste.
On peut chipoter sur la question de l’honneur, en se posant la question de savoir pourquoi ceux qui rongent leur frein au MR, restent à faire semblant d’apprécier le nombrilisme de Bouchez ? C’est là qu’ils remplissent leur gamelle, pardi !
Que va faire Crucke aux Engagés ? Ce n’est pas chinois. Il va faire une politique d’opposition dans un parti qui historiquement fait partie de la classe au pouvoir depuis toujours, en attendant de revenir au gouvernement.
Autrement dit : PS, MR et Engagés c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

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