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La pandémie libérale

Les transformations permanentes de structure de la révolution industrielle n’ont jamais été négociées, ni négociables en Belgique, ni dans aucun autre pays industrialisés, parce qu’elles ont tant d’incidences et de liens internationaux que ce serait une utopie d’en vouloir contrôler et limiter les excès dans le cadre du libéralisme.
Jusque dans le début des années quatre-vingts, l’industrialisation pouvait apparaître comme le compromis entre le changement technique et la régulation politique.
La proximité des pouvoirs industriels, sociaux et politiques permettait que le dialogue atténuât les tensions.
Après, l’unilatéralité de la décision industrielle par l’éloignement et l’inaccessibilité des pouvoirs de gestion a rendu caduque toute forme de procédure et de compromis.
Aujourd’hui la persistance du chômage structurel, la répercussion sur l’emploi des décentralisations vers des salaires moindres, la révolution de la nouvelle industrie microélectronique, sont autant de facteurs aggravant de l’évolution des sociétés développées vers des paupérisations annoncées dans le cadre d’une « démocratie » à deux vitesses.
Tout cela sans que le corps social soit associé.
La seule réaction possible du pouvoir politique reste le blocage des décisions industrielles qui, on le voit bien partout, par exemple à Cockerill-Sambre dans sa mise à mort par ARCELOR, ne peut aboutir à long terme qu’à la destruction et la reconstruction ailleurs des sites visés, sinon passer par les ukases de l’entrepreneur dont la décision est souveraine, pour quelques squelettiques structures assorties d’une maigre réalisation.
Il en va de l’avenir du citoyen ordinaire, comme celui de l’homme de pouvoir.
Il faut que les sociétés démocratiques de type libéral trouvent rapidement des solutions pour rééquilibrer les pouvoirs entre la société civile et la société anonyme de type macro structurel, comme la holding.
D’un siècle à l’autre, l’évolution ne s’est pas faite dans le bon sens. L’éducation n’a pas eu pour conséquence la réduction des inégalités. Des citoyens résistent mieux que d’autres aux modifications actuelles. Ce sont pour la plupart des citoyens possédant un statut dans les Services de l’Etat, Régions et Communes, les Fonctionnaires de plus ou moins haut rang, ainsi que les personnels éligibles par le suffrage universel, ainsi que les professions libérales et les fonctionnaires européens. Les autres, employés et ouvriers du privé, chômeurs, pensionnés et assistés sociaux, c’est une véritable défaite et la mort de tous les acquis sociaux qui sonnent le glas des illusions de progrès.

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Le pays se coupe littéralement en deux. Comme les pouvoirs sont généralement dans la partie émergente, on assiste aux dérives comme les contraintes et les relégations nouvelles des chômeurs, la stagnation, voire la régression des bas salaires, le misérabilisme des pensions du privé et les restrictions en matière de sécurité sociale. Comble de l’ironie, souvent les ministères fédéraux et régionaux qui ont en charge ses programmes de « recalibrage », sont dirigés par des socialistes !

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D’un côté les producteurs et les gestionnaires du changement technique, ainsi que les bénéficiaires décrits ci-dessus des plus-values de l’innovation, de l’autre les petits consommateurs déçus et condamnés à vivre en parasites, dont certains décramponnés finissent dans la marginalité misérable.
Si c’est à cela qu’aboutit les « trente glorieuses » et le système libéral, qu’il soit permis aux idéalistes et aux rêveurs d’imaginer un monde plus solidaire et moins inégalitaire.
La société duale qui se construit est un déni à la démocratie.
Si la social-démocratie était au départ naturellement mieux armée que la société libérale à relever le défi citoyen, au cours de ses années de collaboration avec le pire, elle s’est proprement détricotée et a perdu tout crédit.
Le spectre d’une technocratie dessaisissant du pouvoir les représentants du peuple n’est pas loin.
Ce n’est pas le socialisme qui est au bout de la route du capitalisme mais un gouvernement autoritaire fixant les normes de ce qui est bien ou ne l’est pas, en-dehors de toute participation du plus grand nombre.
Aucun expert n’a prévu le naufrage qui se prépare.
Il se fera, sans doute, comme le naufrage communiste, sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Cependant, que nous retrouverons toujours les mêmes avocats et les mêmes discours, dans un autre contexte, que nous pourrions même encore appeler démocratie, cependant qu’il ne serait plus qu’une coquille vide dans laquelle se débattront nos derniers socialistes, toujours convaincus que ce sont eux qui referont l’Histoire.
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