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Enquête dans les maternelles.

L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) vient d’en sortir une bien bonne en collaboration avec le Gouvernement français.
Villepin n’en rate aucune !
Ces zigues tout à fait sérieux préparent actuellement un plan de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance.
Attention et voilà où ça frise le ridicule profond : dès l’âge de 3 ans !...
Bien entendu le dépistage aurait lieu dans les milieux défavorisés, la banlieue, les sans-papiers, bref, vous voyez ce que je veux dire.
Chez les huppés, tout le monde le sait, pas besoin de statistique, la délinquance a lieu beaucoup plus tard et sous la forme bénigne de blanchiment d’argent, faux et usage de faux, escroquerie, abus de biens sociaux, redressement fiscaux, toutes formes de délinquances mineures, à la limite correctionnallisables, qu’on se demande même si ce n’est pas une atteinte à l’intégrité morale de l’Haut-lieu de la démocratie libérale que d’ennuyer les gens pour si peu.

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Et voilà les mômes des rues accusés dès leur troisième année d’existence de fournir les contingents d’agresseurs jaloux des MP3 des autres, pour avoir voulu dès la crèche voler les sucettes de leurs collègues, des cubes parfois, tout en babillant en vrais mythomanes !
Les professionnels sont invités à repérer sans rire des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés au tempérament et à la personnalité. Pour l’exemple, sont évoqués à propos de jeunes enfants « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d’héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Le rapport insiste sur le dépistage à 36 mois des signes suivants : « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas », etc.
-Qu’est-ce que tu as fait, toi, dès trois ans ?
-J’ai été dans une crèche préventive, puis directement dans une maison d’accueil pour délinquants possibles. Ce qui m’a permis de sortir de prison sans casier judiciaire. Comme j’étais réputé dangereux, personne n’a voulu me donner du travail et j’ai dû voler pour vivre. Et toi ?
-Né dans les beaux quartiers, j’ai eu mes diplômes et mes certificats tout de suite.
-Comment ça se fait que tu es en taule comme moi ?
-A quarante ans, j’ai demandé à Saint-Nicolas un Falcon à réaction de six places. Mon père a refusé. Alors, j’ai tué toute la famille…
Pour revenir aux psychologues d’Etat, les enfants dépistés seraient soumis à une batterie de tests élaborés sur la base des théories de neuropsychologie comportementaliste qui permettent de repérer toute déviance à une norme établie selon les critères de la littérature scientifique anglo-saxonne.
Nous voilà prévenus, nous passons à la sauce américaine tout de suite. Ainsi nous aurons de l’entraînement pour aider au commerce mondial dans le culte de l’anglais scientifique et d’affaire.
Avec une telle approche déterministe et suivant un implacable principe de linéarité, le moindre geste, les premières bêtises d’enfant risquent d’être interprétés comme l’expression d’une personnalité pathologique qu’il conviendrait de neutraliser au plus vite par une série de mesures associant rééducation et psychothérapie.
La suite est moins drôle, puisque ces délirants psychologues de l’INSERM administreraient des médicaments à partir de six ans ! Cela psychostimulerait et thymorégulariserait nos bébés durs de durs !
L’association des psychologues qui ne sont pas fêlés de la cafetière s’insurge et pétitionne en soulignant que : « L’application de ces recommandations n’engendrera-t-elle pas un formatage des comportements des enfants, n’induira-t-elle pas une forme de toxicomanie infantile, sans parler de l’encombrement des structures de soin chargées de traiter toutes les sociopathies ? L’expertise de l’INSERM, en médicalisant à l’extrême des phénomènes d’ordre éducatif, psychologique et social, entretient la confusion entre malaise social et souffrance psychique, voire maladie héréditaire. »
Que Villepin déteste les étudiants qui ont résisté à son CNE, c’est son droit ; mais qu’il s’en prenne aux bébés de trois ans, c’est poussé bien loin la haine de la jeunesse.
C’est comme s’il était devenu un malade mental souffrant d’énarquisme élitiste, dans la forme la plus aiguë, celle du mépris.
Il est vrai qu’il n’a jamais été l’élu du peuple français. Il n’a été que celui de Jacques Chirac, un autre énarque exacerbé par une fin de règne laborieuse.

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