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Une démocratie interrompue.

Les agités du bocal vivent en France une semaine idéale, celle qui précède la désignation pour le second tour des deux candidats à la présidence de la République.
Pour les autres, c’est une semaine de boulot, comme il y a pléthore dans une vie de travail.
Rares sont ceux qui entre les agités, et les fatalistes, s’interrogeront sur la qualité du chapiteau sous lequel se produisent les artistes.
Une inquiétude : les journalistes effervescents, les statisticiens fous et les marchands de bons conseils se sont-ils jamais posé la question de la qualité du produit qu’ils nous vendent ?
La démocratie parlementaire, liée au capitalisme, ne souffre-t-elle pas d’un discrédit qui gagne d’autres milieux que populaires ? Ce qui expliquerait en partie l’abstentionnisme qui est en France une tache d’huile sur du coton.
Ce qui, de déduction en déduction, nous conduit à considérer à l’intérieur du camp abstentionniste des sous catégories :
1. les justes qui veulent une autre morale ;
2. les fascistes qui désirent se défaire du parlementarisme ;
3. les naïfs qui croient tout acquis définitivement ;
4. les indifférents à la chose publique.
Que faire dès lors que l’on se sente attaché aux idées démocratiques et qu’à côté de soi les médias et les partis nous assurent que tout est au mieux possible, tandis qu’à l’opposé des énergumènes hurlent le contraire et que vous êtes vous-mêmes convaincus qu’ils ont tort les uns et les autres ?
Faut-il baisser les bras et admettre les injustices, les désordres d’une société qui n’est démocratique que de nom, au nom d’une lutte contre le seul fascisme ?
C’est un piège où sont tombés les partis de gauche.

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Le PS belge qui réserve ses ukases et ses affiches, toute son énergie en somme, à désigner les fascistes comme étant le principal ennemi, détourne ainsi l’opinion d’autres ennemis davantage redoutables qui prônent un système économique mortifère.
Faut-il tout sacrifier à cette seule lutte antifasciste, comme aurait aussi tendance à le faire le PS français, s’il ne fallait pas quand même différencier sa candidate des concurrents Bayrou et Sarkozy ? Encore qu’on ne puisse entendre dans les discours du PS aucune remise en question du capitalisme amalgamé de magistrale façon par la droite à la démocratie.
Nous sommes les jouets d’un mouvement non concerté mais harmonieux des opinions des partis qui tend à nous faire croire que nous sommes entraînés vers le progrès et avec nous l’ensemble des sociétés et de l’existence humaine en général, par la seule force du droit et de la raison. Aucun discours de la gauche à la droite ne remet cet optimisme en question. En clair, cela signifie officiellement que la marche de l’humanité va dans le bon sens.
Progrès et démocratie vont donc de pair. Mettre en doute l’un c’est attaquer l’autre. Si bien que celui qui met en doute la matérialité de la démocratie, émet aussi une opinion négative du progrès.
Et pourtant, il ferait beau voir que le progrès fût constant et qu’il ne s’accommodât pas de quelques retentissants reculs !
Trop d’événements ont révélé la précarité de ce que nous appelons pompeusement « la civilisation ». Les acquisitions les plus évidentes se sont souvent effacées devant des mythologies collectives. Je pense aujourd’hui au ravage dû à l’expansion totalitaire de la religion musulmane. La politique dépouillée de ses masques a montré ses limites, ne serait-ce que dans sa lâcheté de l’abandon du principe de laïcité en confondant son rôle avec celui d’arrangements œcuméniques dans un laisser faire de brassage des peuples et des religions, espérant ainsi apporter une contribution à la lutte contre un racisme rampant et faisant pire en le rendant clandestin.
Du même coup, on a critiqué le raisonnement qui démontrait le contraire.
Notre époque serait donc favorable à une histoire universelle, puisque la planète entière participerait à un sort désormais commun. La civilisation du présent serait par conséquent commune à tous et ce progrès serait dû à la démocratie !
Ce qui rend une telle lecture des faits impossible, c’est que l’Europe ne sait plus si elle préfère ce qu’elle apporte ou ce qu’elle détruit.
En d’autres termes, le « dégoûtant empirisme » que dénonça si bien Georges Bataille, est en train d’empêcher toute critique constructive, et corrompt à la base toute tentative d’assainissement.
Nous sommes donc bien dans la phase ultime d’une démocratie interrompue.

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