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Un vrai programme socialiste.

Le bilan provisoire de la tuerie de l'université Virginia Tech, est d'au moins trente et un morts. Pour ce pays qui aime les superlatifs, voilà bien un triste record qui efface celui de Columbine, en 1999.
C’est évidemment de la violence en milieu scolaire dont il est question. L’Europe n’est pas exempte de cette violence perceptible par tout le monde. Nous n’avons pas encore atteint ce degré d’horreur ; mais, que cela ne nous empêche pas d’essayer de comprendre cette lente mais régulière montée de la violence en milieu scolaire. Il en va de la sécurité de nos enseignants, de la qualité de ce qu’ils enseignent et enfin du milieu où des enfants apprennent à devenir des hommes.
On sait pour le massacre antérieur, celui de Columbine, que Dylan Klebold et Eric Harris, âgés respectivement de 17 et 18 ans, avaient choisi de passer à l'action le 20 avril, date anniversaire de la naissance d'Hitler.
Il n’est pas certain que ces jeunes gens eussent passé à l’acte si la société américaine si pudibonde avait levé le masque et parlé du fascisme rampant et des motivations de ses partisans. Mais, le pouvait-elle quand la plupart de ses dirigeants en font partie ? Ce qui ne veut pas dire que cette seule hypocrisie est à la base de la tuerie. La vente libre des armes y compris des armes de guerre est un facteur favorisant la violence, surtout chez les jeunes.
Mais l’Amérique, plus encore que l’Europe, préfère le black-out sur certains sujets.
Ces interdictions sont le point de départ de toutes les frustrations et de toutes les folies, dont un exemple est celui du créationnisme enseigné dans certains Etats.
L’école est le reflet de la société. Si elle va mal, c’est aussi parce que la société ne va pas bien. Il y a un rapport évident de la montée de la violence dans les rapports qui existent entre le monde politique, le monde industriel, les citoyens et les milieux scolaires.
La violence suggérée par les jeux vidéos et leurs relations directes sur le comportement des adolescents est dénoncée par tous les psychologues ; mais c’est surtout parce que les familles sont atomisées par le fait social et par le manque d’idéal que naissent des foyers de violence.
La logique de l’argent, le combat pour l’affirmation de soi et la compétition constante que cela implique, peuvent placer des individus maltraités et méprisés par le système dans l’alternative de se désolidariser d’eux-mêmes et s’avouer vaincus ou nier la validité sociale d’un classement arbitraire et se révolter contre sa ségrégation.

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Nos jeunes « voyous » ne le sont que parce que nous ne leur avons pas donné le choix entre une vie paisible et une vie déréglée, « sauvage » en quelque sorte. Et si nous ne leur avons pas donné le choix, c’est que nous n’en avions pas les moyens. Le chômage, le désoeuvrement, l’exemple d’hommes et de femmes, peut-être les parents de ces jeunes, cassés par la société, mis au rebus par le monde industriel, font que les poisons perfusent d’une génération à l’autre, dans cette seule générosité permise du renoncement, de la médiocrité, de la misère et de la révolte.
Bien sûr, il faut se garder de tout amalgamer et même dans les sociétés parfaites, ou plus protectrices de plein emploi, il y a toujours quelque part des instincts pervers, des déviations psychopathes, des troubles comportementaux de certains individus peu accessibles à la morale, qui sont nés pour « déranger » le citoyen standard.
Aux USA, le taux de chômage est deux fois moindre qu’en France et en Belgique, cependant la violence reste maîtresse de la rue et des écoles, à un degré inimaginable par rapport à nos régions (pour combien de temps encore ?).
C’est l’augmentation des comportements délinquants qui inquiète et c’est de ce basculement dans l’irrespect des autres qui fait problème.
Et justement, cet exemple d’une Amérique violente ne devrait-elle pas nous alerter sur notre politique économique, qui serait une des causes de cette violence ?
Car enfin, si notre politique consiste à privatiser les secteurs économiques dans une Europe ultralibérale, n’allons-nous pas vers des situations identiques de violence urbaine ?
Ne cherchons–nous pas de la sorte à imiter ce qu’il y a de pire dans la société américaine ? Une loi de la jungle dont nul ne sortirait indemne : ceux qui y ont réussi, défendant une liberté qui ne serait pas la même pour ceux qui y ont échoué !
Il ferait beau voir que nos fonctionnaires européens, nos parlementaires et nos hommes politiques intégrés dans les Commissions fussent à même de comprendre ce que de toute évidence ils ne connaissent pas : la vie au ras des pâquerettes ?
Les espoirs déçus, les ressentiments d’une population discriminée par l’argent et la bonne ou mauvaise fortune d’être né quelque part, que peut-on y comprendre Rond-point Schumann ?
Quant à nos régionaux, les circulaires Arena, la dernière sur les gays est d’une bêtise consternante. Cela n’augure pas d’un avenir « intelligent » du traitement de la violence.
Déjà après Columbine, et maintenant davantage après Virginia Tech, alors que nous constatons une montée des violences dans nos écoles, nous aurions dû mettre sur pied les états généraux de l’enseignement et laisser la parole aux enseignants, plutôt que poursuivre un pseudo dialogue qui tourne court à chaque fois, entre les politiques et la population sur ce terrain délicat de la formation de la jeunesse et des responsabilités parentales.
Ensuite, à la lumière de ce que ces états généraux auraient produit, tout en ne se laissant pas entraîner par la logique économique du laisser-faire dont on voit bien les dégâts aux USA, revenir à une conduite appropriée davantage à l’humain.
Ce serait, évidemment, un vrai programme socialiste.
Reste à voir si les PS d’Europe en sont capables.

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