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Je crée, donc j’en suis…

Quelle est la catégorie d'individus qui contribue le plus au développement de la Société et qui ne s’en trouve presque jamais récompensée ?
Réponse : celle des créateurs.
Oh ! je sais bien, les journaux regorgent d’histoires de réussites toutes plus mirobolantes les unes que les autres.
La réalité, pour une fois, s’appuie sur les statistiques. Moins de cinq créateurs sur cent parviennent à vivre de leurs créations.
Nous en sommes toujours au même point que le grand Jean-Sébastien Bach, compositeur et domestique, dont la deuxième femme mendia à la porte des églises à la mort de ce génie de la musique.
C’est ainsi. Le rapport du créateur avec l’argent est en fonction du rôle immédiat qu’il joue non pas dans son originalité pouvant servir aux générations futures, mais à la rentrée financière que sa création suscite.
Et même dans ce dernier cas, il faudra qu’il se méfie des faux créateurs qui usurpent son éventuelle notoriété. Des gens comme Michel Drucker, Patrick Poivre d’Arvor et combien d’autres, qu’ils soient Français ou Belges, ne sont célèbres que parce qu’ils tirent profits de la célébrité des gens en place et accessoirement des quelques créateurs qui servent de justificatifs à leurs carrières.
Les économistes, qui justifient le caractère agressif de ceux qui s’élèvent dans la richesse, par la nécessité de conduire l’industrie à produire et pas n’importe comment avec n’importe qui, parlent d’une régulation de la création par la sanction financière, justement.
Un créateur qui ne sait pas vendre sa création, ou tout au moins assurer sa subsistance par l’exploitation de sa création, est selon les économistes un mauvais créateur, c’est-à-dire quelqu’un qui crée de l’inutile et de l’inexploitable. Mieux, ses créations, loin d’être un moteur de progrès, sont en réalité des aberrations qui consacrent la médiocrité de l’œuvre crée. C’est tout au plus une activité du dimanche à laquelle ce créateur semble se livrer, un hobby comme sont tous les passe-temps qui « occupent » le chômeur, le pensionné, le rentier. Encore que ce dernier cas est tout à fait particulier ; car, le rentier peut financer son projet, le faire connaître, et a donc beaucoup plus de chance de le faire apprécier, au mieux de le commercialiser. Du salon des inventeurs, à la maison d’édition, en passant par le chant, la peinture ou tout autre expression personnelle, le créateur qui n’a pas besoin de faire bouillir sa marmite en travaillant, a beaucoup plus de chances de percer que celui qui travaille.
Les économistes ont tort de prétendre le contraire.
En 1900, on avait une formule « Le bourgeois est plus intelligent que l’ouvrier. » !

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On connaît les objectifs des économistes : faire croire aux gens que le système économique mondialisé est le meilleur des choix que l’humanité ait jamais fait pour le progrès et notre avenir.
La consécration par et pour l’argent n’est pas toujours fautive et propre à être rejetée. Certains talents habitent des créateurs qui se sont enrichis de belle manière, parce qu’ils étaient au départ en position favorable. Mais, elle constitue dans la longue liste des injustices qui séparent la multitude de « l’élite » une injustice de plus.
Quand on fait le tour des créations qui tiennent le haut du pavé, force est de constater que certaines n’ont dû leur notoriété qu’à la médiocrité parfois hallucinante des masses elles-mêmes, soit disant le meilleur critère de sanction ou de triomphe, s’illustrant au contraire par une grande indigence de culture et un criant défaut de la perception de l’originalité !
Ses choix désastreux, le public ne les assume qu’à demi. La faiblesse des relations du créateur avec l’argent est tellement connue, que les Autorités politiques interviennent parfois pour faire office de correctif, avec le culot et le sans-gêne de ceux qui prétendent au savoir, alors qu’une Institution est tout ce que l’on veut, sauf le puits de science où elle puiserait « le goût parfait ». Ce serait bien, si les Autorités avaient une quelconque compétence à sauver ce qui peut l’être. Hélas ! qu’elles aient des politiques culturelles découlant de créations de tout ordre, les Autorités n’ont jamais eu vocation de sauver qui ou quoi que ce soit. Elles ne le font pas du reste. Elles auraient plutôt tendance à défendre le connu plutôt que le reconnu. Elles ne découvrent rien qui ne soit découvert depuis longtemps. Elles ont le génie d’enfoncer des portes ouvertes. Du moment que s’organise la défense de l’Etat et du bourgeoisisme à travers les sponsorisations inspirées par ces critères, les Autorités sont rassurées.
C’est sans doute pourquoi un si grand nombre de créateurs ne l’est pas.

Commentaires

C'est vrai que l'approche néo-libérale (école néo-classique; j'aime la touche néo, c'est plus mieux moderne...) est la plus répendue en matière d'économie (HEC et autres connards aveugles), mais tu serais gentil de ne pas mettre tous le monde dans le même panier. Si il n'y avait plus d'économistes pensant que l'économie est une science humaine, il y a longtemps que nous viverions dans un monde aussi beau que celui de Zola...

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