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Avocat !

Que voilà une profession d’avenir et sans numerus clausus, puisque aussi bien on y réussit le plus souvent à condition d’en sortir.
Aux manettes d’un pays ergotant, plastronnant, quelle est la profession la plus adaptée : celle d’avocat !
Voilà pourquoi « votre fille n’est pas muette » dirait aujourd’hui Molière.
C’est la profession la plus répandue dans les sentiers du pouvoir.
Vivent les avocats, ma mère… la couille en chocolat de la chanson paillarde est remplacée par celle en or, dans le répertoire de la geste parlementaire.
La liste de ces professionnels de la dialectique représentants du peuple est impressionnante. Le parlement est un vaste prétoire, sauf qu’il n’y a pas de juge et aucun coupable !
A part l’un ou l’autre apothicaire, économiste ou expert-comptable égaré, le peuple n’élit pratiquement que des avocats !...
Du coup la démocratie représentative n’est pas conforme à la diversité des professions des électeurs..
Un abus ? Certes, mais rien dans la Constitution n’interdit aux robins à postuler une représentation politique.
Pourquoi la profession d’avocat prédispose-t-elle à l’accès de l’assiette au beurre ? A bien des égards, elle est idéale pour plusieurs raisons. La collectivité universitaire, à travers cette profession, est la grande gagnante.
L’avocat qui débute est souvent une personne qui déchante vite. La clientèle est constituée à 90 % de paumés et d’insolvables. Se fourrer dans un cabinet tenu par un cher maître qui a percé, réduit le jeune à un travail de bureau qu’une secrétaire à niveau moyen ferait mieux que lui. Les arrhes s’appellent le salaire et il n’est pas lourd.

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Alors restent deux alternatives, à défaut de blanchir sous le harnais et finir tel un clerc de notaire : entrer dans une grande boîte d’assurance, comme Ethias, qui malgré ses airs de sainte nitouche a besoin d’avocats pour faire cracher au bassinet sa propre clientèle, ou s’engager dans un parti avec l’intention d’y briller.
Bien entendu, la représentation populaire ne saurait caser tout le monde. Vous ne voyez que ceux qui ont réussi. La multitude attend au portillon. D’ici à ce qu’ils manifestent pour augmenter le nombre de députés et de sénateurs !
Etre avocat, c’est comme la médecine, savoir relativiser les choses. Pour celle-ci les hommes sont mortels et, pour celui-là, les hommes sont faillibles.
Les Lois sont plus qu’imparfaites. Elles sont injustes parce qu’elles traitent indifféremment dans le même moule une multitude de situations. La Justice est impossible. Elle n’est là que pour éviter les tempêtes sociales, calmer les tempéraments. Elle est donc partisane et férocement inégalitaire.
L’avocat sait cela. Son moment jouissif, c’est quand il parvient à disculper un client qu’il sait coupable et fait condamner la partie adverse qu’il sait innocente.
Il n’y a pas une profession – à part le croquemort qui professionnellement parlant doit avoir une gueule d’enterrement – où le cynisme, l’artifice, la mauvaise foi sont érigés en système.
C’est un des rares métiers où mentir est nécessaire. Cette profession par ses attaches politiques est entrée de plein pied dans cette frange bourgeoise qu’on appelle bobo (D. brooks, « Bobos in paradise »).
Cette profession est en tête du hit-parade des professionnels de la politique.
Les qualités, comme les références rhétoriciennes et l’éloquence sont indispensables, non pas de la raison, mais à l’établissement d’une vérité pirandellienne qui arrange celui qui en fait briller certaines facettes.
Le ministre-avocat, servira les banalités que l’on souhaite entendre et qui sont bonnes pour lui. Il saura terminer par une pirouette une interview qui aurait embarrasser un honnête homme.
Cela ne veut pas dire que tous les avocats sont des experts en filouterie. Il y en a même qui ont fait de grandes choses, soit par hasard, soit par heureuses dispositions, étant entendu qu’on n’en est pas moins homme.
Dans ce siècle, il faut rapidement juger les gens. Les diplômes dispensent de faire la preuve qu’on est compétent, et accessoirement intelligent.
N’ont-ils pas avant tout le mérite de procurer d’emblée un statut, sans que le récipiendaire ait besoin de faire d’autres preuves que celles qui lui procurent la capacité d’exercer ?
Diplômée, cette « élite » squatte les postes-clés de la société informationnelle, dans les médias, la publicité et l’industrie culturelle, détenant un pouvoir idéologique certain.
Eh oui ! un universitaire dans une course au savoir part presque toujours gagnant quand il est en concurrence avec des diplômes inférieurs. Il s’en distingue par une présupposition d’aptitudes et une sorte de reconnaissance préétablie.
N’est-elle pas angoissante la situation désastreuse dans laquelle le pays est plongé ? Ne la doit-on pas à nos universitaires ? Quelles conclusions devrions-nous en tirer, afin que celles-ci échappassent à la malignité publique ?
Nous qui les voyons dorénavant « masters » ont-ils gagné en savoir et en humanité ?
Le ticket pour la réussite sociale handicape le reste de la population. Le comble c’est cette dernière qui trouve cette situation normale ! C’est même elle qui se saigne aux quatre veines pour que ses rejetons ne croupissent pas en usine.
Fallacieux espoir, en même temps formidable désillusion de la grandeur du travail manuel dont le mépris atteint aujourd’hui ceux qui en vivent.
Bien entendu, les pièces et diplômes certifiés ne sont que foutaises classificatoires et courses d’obstacles afin d’éviter l’évidence de l’égalité universelle que, justement, l’université ne nous apprend plus dans ses prétentions élitistes et ses qualifications adaptées.
L’avocat est le nouveau mæstro d’une politique dont, en Belgique, on ne mesure pas bien le désastre..
C’est ainsi que l’avocat Leterme (droit et sciences politiques) sera remplacé par l’avocat Reynders pendant les vacances et quand ce sera le tour de l’avocat Reynders de jouer les filles de l’air, ce sera l’avocate Onkelinx qui fera du remplacement, susbtituée à son tour par la ministre du travail, l’avocate Joëlle Miquet. Les vices premières et le vice premier, rue de la Loi, qui dit mieux ?
Qu’on s’étonne après cela que nous soyons tous coupables ?

Commentaires

Et les philosophes? Et les ingénieurs? Les "fonctionnaires" ? Tous ceux qui ne font RIEN, (ne produisent RIEN)
mais nous disent ce que nous devons faire pour que les choses tournent bien dans notre vie et dans notre société.
Il sont bien utiles. Quoique les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs?
Pour "faire" de la politique, il faut être beau parleur (plaideur?). Il faut plaire pour être élu.
Les beaux parleurs qui s'organisent deviennent des professionnels. De quoi? Du beau parler? De la langue de bois? De la manipulation?
J'ai un grand respect pour ceux qui "font" de la "politique".
Mais ne faudrait-il pas limiter leur "travail" dans le temps, à un seul mandat par exemple?

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