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Le MR entubé…

François MORIN, professeur de sciences économiques à l’université de Toulouse-1, ancien membre du Conseil général de la Banque de France, a publié de nombreux ouvrages dont « Le cœur financier européen » en 1993. Vient de paraître aux Éditions du Seuil « Le nouveau mur de l’argent » sous-titré « Essai sur la finance globalisée ».
Nos illustres, qu’ils nous la baillent belle sous le costume de l’économiste ou sous celui de la nouvelle bourgeoisie politique, peuvent nous vanter les qualités de la mondialisation, on comprend aujourd’hui pourquoi : ils ne savent toujours pas lire.
La triade de la haute finance (Etats-Unis, Europe, Japon) s’est emparée des principaux leviers de tous les moyens de production du monde, au point de reléguer le pouvoir politique à quémander quelques faveurs dans les salles d‘attente de leurs bureaux.
Cela ne date pas d’hier, mais c’est plus d’actualité que jamais. Dorénavant toute politique locale ou nationale a besoin de son approbation.
« Si la providence n’a créé le genre humain ni entièrement indépendant, ni tout à fait esclave », c’était sans compter sur la nouvelle économie qui allait contredire Didier Reynders et Alexis de Tocqueville, son bon maître, sur un a priori : nous sommes bel et bien tout à fait esclaves !
« La financiarisation du système », l'expression à la mode de la nouvelle politique économique, est uniquement diligentée par les intérêts de la haute finance.
En gros, c’est un oligopole d’une trentaine de grandes banques internationales, parmi elles, une dizaine qui font la pluie et le beau temps. Ces investisseurs institutionnels auprès desquels le budget d’un Etat comme la Belgique ne vaut pas la vapeur d’une frite, sont nos véritables décideurs, bien supérieurs à nos pantins préférés que nous élisons tous les quatre ans.
Cet oligopole financier commande les grands ensembles de la production industrielle et de l'agro-business, du grand commerce et des transports majeurs dans le monde.
Ce maître des Etats du monde ne connaît la compétition qu’au niveau le plus insignifiant. Que les corporations se tapent dessus pour l’emploi et s’offrent à des salaires compétitifs, il comprend et approuve. Par contre la concurrence qui fait baisser les prix, argument qui se retrouve dans le discours libéral de base, il se marre : il n’en sera jamais question !
Entre membres de l’oligopole, règne le consensus par des accords bien trop en amont des Etats qui se croient encore souverains, pour que cela se perçoive dans les milieux de la finance des rues.

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Si par malheur, il devait arriver qu’un consensus se terminât par une concurrence au sommet non résolue, ce qui est toujours possible, celle-ci pourrait aboutir à des guerres entre Etats à coups de kalachnikovs et de déclarations incendiaires. Il se pourrait même que de petites querelles entre amis se vidassent par nos viandes interposées. Auquel cas, nos chefs historiques se feraient un devoir de comptabiliser nos héroïsmes sur les tablettes de la nation reconnaissante.
En 2008, la triade met la dernière main à la conquête du contrôle du marché financier mondialisé. Elle a dépossédé les Ministères des Finances et les Banques centrales dans leurs fonctions à déterminer les taux d’intérêt, de même qu’elle fixe les taux de change par le poids de ses devises. Le problème qui reste à trancher consiste à faire ou ne pas faire une petite place à la puissance montante chinoise.
Il paraît que l’ancienne méthode, celle où les politiciens avaient encore un mot à dire, ne permettaient pas une allocation optimale des capitaux. La nouvelle ne le permet pas davantage, mais c’est moins grave puisque l’oligopole s’est débarrassé des représentants du peuple, qui, faut-il le dire, ne représentaient déjà plus qu’eux-mêmes depuis un certain temps.
Bien entendu, nos mirliflores ont une bonne décennie devant eux, avant que leurs diplômés en sciences politico-économiques se réveillent et changent de discours.
Les ambitieux de la haute finance ne se sont pas trop attardés au contrôle des marchés financiers nationaux, la mondialisation s’achève avec brio.
Le troisième millénaire, c’est un 1789 à l’envers et en douceur, entre voleurs de grands chemins. Les acteurs ne sont pas traités de voyous par la bourgeoisie. Au contraire, tant celle-ci croit avoir sa part quand le moment sera venu.
Comme cette part se révèle imaginaire, on peut conclure que la bourgeoisie s’est fait avoir. Evidemment, celle-ci se retournera sur plus faible qu’elle, c’est-à-dire sur nous, pour compenser ses pertes.
C’est ce qui affleure déjà dans le discours libéral.
La suite, avec un parti socialiste à la dévotion du libéralisme, ne pourra être que douloureuse pour la population laborieuse.
A moins…

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