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Le Centre ou le calvaire socialiste.

A la fois honnie et répudiée, la bourgeoisie s’est toujours tirée de toutes les idéologies. On la croyait devoir triompher dans le système capitaliste au point de passer pour la classe unique et universelle, tandis que le prolétariat voyait son essor brisé et mué en un salariat précaire.
Le Centre, objet de tous les égards des partis politiques allait suppléer à tout et devenir le creuset de la démocratie du futur, en même temps que le demandeur, immensément avide du consumérisme ambiant, ne ferait qu’une bouchée des contradicteurs.
Et voilà que cette masse à vocation prépondérante qui allait s’opposer naturellement aux pressions extérieures conservatrices ou gauchistes ne répond plus aux attentes de la social-démocratie et du libéralisme liés. Voilà qu’elle perd de son sens, par l’arrêt de son expansion, puisqu’elle est solidaire du sort d’une économie chancelante que la récession démolit à coups de masses ! Voilà enfin, qu’elle n’est plus que ce cadavre exquis de nos sénilités propédeutiques.
La classe moyenne n’aurait été que le miroir aux alouettes du PNB !
A force d’avoir bradé ses privilèges, elle serait passée de l’austère bourgeois 1900 à barbe et monocle, au jeune trader célébré, pour agoniser dans les bras des survivants de la banqueroute nationale.
Que nous ayons été tous bourgeois, à un moment ou à un autre, c’est ce que prouve encore aujourd’hui, notre goût du confort, notre religion de l’économie, notre ardeur à pousser nos enfants dans l’étude des professions lucratives. Mais jusques à quand ?
Il y a bien un moment où nous nous apercevrons que notre travail comptait pour rien, lorsque nous serons convaincus que la crise actuelle a brisé l’élan et porte la misère jusqu’à l’hyper centre bourgeois !
Alors, où se réfugier et espérer des jours meilleurs ?
Vers quelle religion se retourner quand celle de l’argent n’a plus de sens et l’autre, la mystique, a cru aussi trouver son compte dans celle du veau d’or ?
Les critères avec lesquels s’évaluaient notre satisfaction essentiellement économiques nous avaient fait confondre bien-être et bonheur.
L’ambition d’être au Centre et d’y parvenir n’était qu’une manière de confondre prospérité et bonheur.
Comme la prospérité a disparu, si on disjoignait le bonheur de l’illusion, afin de le repenser
autrement ?
Oui, nous pouvons être heureux sans la vénération de l’argent. Le productivisme n’est rien d’autre qu’une loi baroque du monde protestant anglo-saxon que nous avons adoptée, en devenant des américanolâtres. C’est l’erreur funeste des doctrines utilitaristes qui excluent ceux qui enfreignent les règles. Le monde de la gagne s’étant réduit, il ne parvient plus à être le moteur de la démocratie. Il contrevient à la loi du nombre.
S’il y a eu des politiques d’enrichissement – on a vu quelles étaient leur limite - il n’y a pas de politique du bonheur.
Or, si on enlève de la jactance politicienne le prétexte du bien-être, il ne reste qu’à discuter du travail, des bas salaires et au bout du compte, du malheur d’être né, funeste discours que même les socialistes n’osent aborder.
Le système n’apparaissait pas comme un joug sous les camouflages ; à découvert, il l’est.
Mais comme la nature, la société a peur du vide, ce Centre qui perd ses « clients », il fallait bien qu’il se remplît par une autre classe « méritante ».
Ne cherchez pas.
Cette nouvelle classe émergente n’est autre que la classe des élus. Notre appareil politique bien fourni et bien payé, il allait de soi qu’il devînt le remplaçant naturel.
Mais, ce nouveau Centre est fragilisé par la fureur des expulsés qui s’en vont renforcer les extrêmes.
D’où l’inquiétude du PS qui pourrait un jour se mordre les doigts d’avoir crû à la victoire définitive du consumérisme.
Et si un jour, jour funeste, les mandataires publics et les hauts fonctionnaires étaient les seuls à occuper le centre, avec quelques banquiers faisandés et deux ou trois industriels rescapés ?
Cette solitude apparaîtrait alors fort périlleuse. Ils auraient raison de la craindre, car elle serait de courte durée.

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Et pour cause, car si un salaire normal peut à peine nourrir son homme et il y a des ménages avec enfants qui ne lient plus les deux bouts, les besoins de ceux qui ont notre blanc-seing au cœur de cette démocratie de fiction sont en expansion et ne se modéreront pas à la vue de la souffrance du peuple.
C’est ainsi que plus nous aurons l’obligation d’entretenir le nouveau centre que nous renouvellerons en l’état tous les quatre ans, plus nous verrons se restreindre nos ambitions ; mais aussi, plus le nouveau centre aura à craindre pour ses fesses.
Quant au bonheur…

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