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Cherche vieux pour sale boulot.

La rage me prend à la vue de tout ce qui a été salopé dans le système en pleine dérive mondialiste et de ce qui pend au nez de tous.
Non seulement la crise n’est close que pour Wall Street qui repart à la hausse et les banques qui placent à tout va, mais encore aucune leçon n’a été apprise de ce plongeon dans les abîmes sauvé par les collectivités.
Le plus terrible est à venir. L’effondrement de l’industrie se poursuit ; sa désagrégation s’accentue partout en Europe, 9 % en moins en France et peut-être plus en Belgique, l’année dernière, déjà plus cette année. D’ici vingt ans, les zonings seront des déserts. La Chine attire les entreprises par ses bas salaires, son manque de couverture sociale et l’absence d’une réglementation d’hygiène et de soin dans les usines.
Demain, ce sera l’Inde qui offrira d’avantage de rendements des capitaux placés dans l’industrie, tandis qu’au nom du profit on finit de saccager la forêt amazonienne. Quand ce sera chose faite, la main-d’œuvre brésilienne sera aussi attractive que la main-d’œuvre asiatique.
La mésaventure des subprimes, de la titrisation et des ventes d’immeubles à des insolvables n’était qu’une entrée en bouche. Elle n’a pas servi de leçon. L’égoïsme est trop ancré dans les cervelles. Les derniers consuméristes se battront comme des chiens. Le capitalisme finira par avoir raison de notre civilisation. Pour un Madoff en prison, dix autres prennent la suite.
Nous assistons au début d’une désertification industrielle dont les effets immédiats se font sentir : dérégulation, bas salaires, chômages élevés, diminution des avantages sociaux, accélération de la paupérisation des travailleurs – un seul salaire ne peut plus suffire à entretenir un ménage de quatre personnes – et enfin lent dépérissement des pensions mettant en cause deux éléments : les « trous » dans le parcours professionnel du travailleur vont réduire les pensions de façon considérable, la lente érosion des pensions planchers s’effectue dorénavant moins par l’inflation que par l’augmentation des taxes, des services et autres TVA.
Par la volonté de reculer l’âge de la retraite et avec la multitude de jeunes qui n’a même pas l’opportunité d’un premier emploi, nous entrons dans une société où les vieux de 70, 75 ans, voire plus, seront obligés pour survivre de reprendre du service, là où ils le peuvent pour améliorer un peu leur quotidien, tandis que les patrons utiliseront cette main-d’œuvre bon marché pour faire pressions sur les autres.
L’excellent hebdomadaire Marianne interviewe Lucien, un retraité de 78 ans. Sa réflexion pourrait être étendue à beaucoup de seniors « J’ai sottement cru que les retraites étaient le patrimoine de ceux qui n’en avaient pas. Et regardez-moi : à 78 ans, je cours les petits boulots pour garder la tête hors de l’eau ». L’hebdomadaire nous apprend que Lucien travaille depuis l’âge de 16 ans. Depuis 3 ans, il perd sa fin de vie à la gagner.
Le résultat du système économique mondialisé est clair : les quelques industries qui restent ne recrutent pas, mais « dégraissent ». Les emplois perdus le sont bel et bien. il faut être un cinglé comme Louis Michel pour croire en l’avenir d’un monde pareil. Les différents pays d’Europe n’ont plus de ministres de l’industrie ; ils sont devenus des représentants de commerce au service du peu d’activités qui reste.

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On nous présente le cumul des emplois comme une source de progrès, quand par chance ( ?) et opportunité ( ?) un travailleur fait deux boulots à la fois. On voit dans le recul de l’âge de la pension une adaptation à la longévité de la population qui a gagné quelques années sur la mort par rapport à la génération précédente. Tout se fait comme si c’était naturel de revenir en arrière, de perdre des avantages, de voir se transformer les lois à notre détriment, au moment où nous y avions droit !
Est-on sûr que c’est un progrès de travailler plus, pour juste gagner la tranquillité d’esprit aux fins de mois, bosser à 75 ans quand on sait que la moitié des pensionnés à cet âge ne le peut plus, et qu’on ne sait pas soi-même jusqu’où ça va pouvoir être possible, et si en faisant des efforts disproportionnés avec les moyens physiques qui diminuent, on n’acquiert pas plus rapidement le droit d’entrer au cimetière ?
Aujourd’hui, l’incitation à travailler après la retraite, que le pouvoir diffuse sans vergogne, est une propagande pour la régression sociale.
La retraite était l’occasion de pouvoir actualiser des centres d’intérêt que l’on avait abandonné faute de temps, on retrouvait ainsi le chemin des activités intellectuelles, tout ce qu’on n’apprend plus à l’école et qui rendait jadis l’étudiant meilleur et humaniste. En retombant dans le boulot, parfois bien en-dessous de la qualification d’origine, beaucoup ont l’impression de déchoir et d’en prendre pour perpète, alors que s’évanouissent les chances d’égayer sa fin de vie par une autre aventure personnelle, désirée cette fois et non imposée.
Evidemment, il est plus facile de s’adapter au temps quand on a des rentes ou qu’on a bénéficié d’un salaire qui a permis d’en mettre de côté. En général ce sont ceux-là qui donnent des conseils, et qui trouvent que l’évolution va dans le bons sens.
Ils disent nos suborneurs : « Tenir un autre langage, ce serait improductif. Nous ne sommes pas en temps de guerre pour alarmer ainsi les gens ».
Pas d’accord ! Nous sommes en guerre. Les privilégiés ont choisi leur camp. Et ce n’est pas le nôtre !

Commentaires

Bravo, Richard! Nous avons tout en principe pour vivre heureux dans l'harmonie et la frugalité. Mais l'homme est ainsi fait qu'il préfère la servitude volontaire, la course aux biens... à cette possibilité de vie plus libre et plus saine, par peur, appât du gain ou je ne sais quoi d'autre...La cause réside-t-elle vraiment dans le néo-libéralisme ou dans la nature de l'être humain? Quand on aura abattu tous les despotes et margoulins financiers, deviendrons-nous ipso facto plus sages, serons-nous ipso facto plus heureux? Rien n'est moins sûr. Et c'est tragique. Et pourtant, devant l'absurdité de la situation et son caractère quasi-inéluctable, il faut trouver la force de se dresser. Par orgueil, vergogne et fierté d'abord! Et alors?

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