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Les cavaliers La Guillaumette et Croquebol.

C’est à ne plus reconnaître les socialistes ! Avant de virer à droite, il n’y avait pas plus antimilitaristes qu’eux. Ils nous défendent à présent grâce à un des leurs qui veille à ce que les ennemis ne « viennent jusque dans vos bras / Égorger vos fils, vos compagnes ! »
André Flahaut - on le voit bien avec une toque de chef accueillir une clientèle sélect à l’Auberge du Cheval blanc, plutôt qu’en cuistot de la roulante - est un politicien à la dent dure. Entre lui et Pieter De Crem , c’est la guerre depuis toujours. Quand Flahaut sautait d’un char pour inspecter la flottille d’hélico, à la Commission de la Défense l’autre n’avait pas de mots assez perforants pour faire un trou dans la cuirasse du socialiste, moquant le sourire cauteleux qu’il avait en serrant les mains des militaires engagés en Afghanistan, etc. Le ministre ne savait pas compter, le ministre n’avait pas la capacité de faire évoluer l’armée vers plus de professionnalisme, etc. Bref, Flahaut avait beau essayer de le séduire, c’est comme si le Flamand voyait en Flahaut un taliban.
On ne sait quel accord prévalut entre les Communautés, mais il y eut permutation. De Crem devint ministre et Flahaut alla à la Commission de contrôle. Les rôles s’étaient inversés.
Jour de gloire pour le Flamand. Ce départ fut comme le clairon du matin quand la journée est belle et que le « maréchadeslogis » De Crem, comme disaient jadis les gars du contingent, crie « en selle » pour une tournée de la cour dans l’enfer des sabots sur le pavé
Les frères ennemis se regardent de plus belle en chien de faïence.
On ne saurait dire pourquoi, mais avec ses rondeurs, Flahaut parvenait à nous faire accepter le métier de militaire. L’autre, en adjudant pète sec est inimitable. On se croirait revenu au temps du train de 8 h 47, les cavaliers La Guillaumette et Croquebol pouvant être des pseudonymes tout à fait acceptable pour nos deux vaillants.
L’image ne reflète pas bien le caractère de Pieter De Crem. Son but est de faire ce que l’autre à trop attendu d’accomplir, à savoir une réforme en profondeur de la grande muette, par la nécessité de faire des économies sur le théâtre des opérations, puisqu’il n’y a plus de théâtre et plus d’opérations, si ce n’est sous des commandements étrangers…
Vous me direz, la grande économie serait de supprimer carrément une armée devenue parfaitement inutile. Ainsi, avec le capital épargné de ce grand corps superfétatoire, l’opération budget du gouvernement aurait été une plaisanterie.
Evidemment nos deux tourlourous sont en désaccord sur tout, sauf pour le maintien de la chose militaire et vilipender d’un même cœur, un pékin critiquant les petits soldats au point de les vouloir tous fêter la quille.
Bref, on brade des bâtiments stratégiques de 1848, historiques et rénovés, comme la brique des années 60. On liquide des stocks de surplus capables d’équiper des bataillons entiers de rebelles congolais et même des armées régulières, mais on conservera le troupier la fleur au fusil, troupier professionnel, bien entendu, spécialisé dans l’électronique, un peu comme les jeux Nitendo, mais en vrai.

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De Crem, le pète sec, dans le plus grand secret afin que son « ami » Flahaut l’apprenne par les gazettes, a commis un plan où ça y va ferme dans la fermeture. Au point que la régie des bâtiments militaires, la Commission des Monuments et des sites (pour l’hôpital Saint-Laurent) tremblent déjà pour les dégradations rapides dans des bâtiments abandonnés.
Dans les solutions pour que ça ne vire pas à la catastrophe, Pète sec a envisagé de brader à des prix plancher des casernes qui pourraient sans trop de frais devenir des prisons.
A défaut de taper sur un plan quand la nécessité fait loi, Flahaut s’est lancé dans une diatribe touchant la méthode de De Crem. "Je regrette que cette commission soit la dernière institution informée de la teneur du plan". Tandis que Juliette Boulet, une écolo canon bien sûr, a donné raison au maréchal Flahaut "Le plan de restructuration et ses conséquences sont trop importants pour ne pas avoir un débat sérieux sur la question. Or, comme les députés viennent à peine d'en prendre connaissance, ce débat est actuellement impossible."
Voilà le retour à la case départ, c’est-à-dire à une nouvelle commission sur le sujet.
Plutôt que sabrer sur des champs de bataille, De Crem prévoit de sabrer dans l’économie à raison de 97 millions d'euros, soit 4.000 hommes en moins, donc 4.000 chômeurs de plus
La disparition de quartiers militaires dans certains centres villes met les promoteurs et les margoulins de l’immobilier dans les starting-block pour des rachats à vil prix..
Bref Flahaut n’en dort plus la nuit. Et si De Crem réussissait ?

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