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De sang royal…

On s’indigne à propos de Jean Sarkozy qui postule à 24 ans et sans diplôme la direction de l’aménagement du quartier de la Défense à Paris.
Quand on voit tous les imbéciles largement diplômés qui sévissent un peu partout dans les partis qu’ils soient français ou belges, on ne peut pas parler de critère raisonnable à propos des connaissances qu’il conviendrait d’avoir en l’occurrence.
Qu’il ait fait deux ans de droit ou dix, on ne lui demande qu’une belle gueule, une belle origine et un bagout de camelot. Il a tout cela, mieux peut-être que des avocats blanchis dans les prétoires, dont certains parmi les plus pourvus en certificats d’études, sont beaucoup plus cons que lui. Alors, qu’est-ce qu’on lui reproche à ce gamin ?
Qu’il soit le fils de qui vous savez, c’est indubitable, et alors ? Ce n’est pas le premier fils de… qui profite de la situation.
Est-ce qu’on demande leur qualification à nos princes et princesses pour occuper des postes de prestige, Croix-Rouge, ambassadeur de l’industrie, représentation en costume ?
Nous, les petits, sommes arrivés très vite à notre monticule final – le mot sommet n’est pas pour nous - par la suite logique d’une marche en avant plus courte, produit d’une longue tradition qui commence dès le plus jeune âge. L’école n’est pas neutre. Comme dans une fourmilière qui scinde les naissances en « travailleurs » et en « soldats » selon les besoins, la société bourgeoise ségrége les individus en pauvres et riches. Tout pour les uns et rien pour les autres, telle est la devise libéralo-démocrate.
Parmi les cocons de type enrichi, il faut préparer les reines. On a donc prévu de préparer Jean pour succéder à Nicolas. C’est tout à fait humain et compréhensible, à défaut d’être normal en pure considération morale.
Qu’il n’ait pas terminé ses études ? Cela permet à ceux qui n’ont même pas fini leur primaire de rêver. De faire un pied de nez à l’incroyable jeu de société qui juge les gens, non pas à ce qu’ils sont, mais d’après des capacités supposées qui ne reposent que sur des examens nébuleux d’aptitude issus du népotisme bourgeois, sans aucune possibilité de savoir si le cursus suivi a amélioré l’intellect du sujet, sans pouvoir dire si on a affaire à une lavette, un sournois, un fou ou un homme vrai et apte à montrer le chemin aux autres !
On fait des examens pour tout, on donne des permis pour la pêche, la chasse, le droit de rouler en bagnole, de sortir ou d’entrer dans le pays, de manger des moules ou des harengs par votre diététicien. Est-ce pour cela que vous pêchez mieux, que vous savez mieux conduire et que vous digérez mieux le hareng ? Est-ce en fonction de cela que nous élisons les meilleurs ?
Pourquoi les gens installés vomissent-ils le populisme ? Parce que pour séduire l’opinion, l’homme de la rue en rajouterait ? Pas du tout. Ils vomissent le populisme parce que celui-ci à l’incontestable mérite de les juger tels qu’ils sont, c’est-à-dire souvent des créatures qui ne valent pas la maîtrise qu’on leur suppose pour s’arroger le droit de donner des ordres, d’imprimer des tendances, de ramasser du blé sur notre dos…

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Voyez en Belgique, nous sommes littéralement envahis d’avocats et de fils de… aux plus hautes responsabilités. Le pays est-il mieux dirigé pour autant ? Est-ce que la situation s’améliore ? Pas du tout. Mais ces gens ne sont pas là par hasard. Ils ont été formé n’ont pas pour faire mieux que les autres, mais pour occuper les meilleures places, sans pour autant disposer de mérites tellement évidents qu’on ne pourrait qu’y souscrire, béat d’admiration. Ils y sont parce que leur père y était avant eux, comme le boulanger est aidé par son fils au fournil. C’est tout.
Ce n’est pas la démocratie ? Il n’y a aucune diversité dans les milieux dirigeants ? Bien sûr. On ne demande pas à la fourmi pourquoi elle prend plus de soin d’un œuf que d’un autre. Elle fait exactement ce que lui dicte son instinct. Elle ne pense pas. C’est le cas du peuple.
Qu’est-ce que nous en avons à cirer que ce soit le fils Sarkozy ou le fils Michel, plutôt qu’un autre, de toute manière, ce ne sera ni vous, ni moi. Nous ne sommes pas nés pour ça.
Notre mère ne nous a pas inculqué de servir le pays sur le plus haut échelon. Elle ne l’aurait pas pu, attendu qu’elle-même n’avait été éduquée que pour l’amour du prochain sur le plus bas, le devoir d’aimer la patrie et de la servir, jusqu’à faire le sacrifice de la vie si la nécessité de la défendre s’en faisait sentir.
L’école a fait le reste. Tu seras ouvrier agricole, dit le fermier à son fils. Certes, il ne le dit pas comme je l’écris, s’il a de l’amour pour son fils, son ambition pour lui serait même qu’il devienne l’instituteur du village, mais son ambition, son devoir de père ne va pas plus loin. Alors, étonnez-vous que le président de la république veuille la même chose pour son rejeton et lui dise, tu seras président de la république mon fils, car lui, au contraire de l’ouvrier agricole, ne peut pas imaginer une condition supérieure à la sienne.
Et le fils du fermier est devenu ouvrier agricole. Happart s’en est mieux tiré ? D’accord, mais c’est parce qu’il a glissé entre les planches de la caisse de légumes et que les circonstances s’y sont prêtées. Et ce n’est pas du tout parce qu’il était plus intelligent, plus doué, plus sérieux que l’agriculteur voisin. Les petits qui réussissent sont des accidents de l’histoire, les grands sont des évidences.
Donc Jean Sarkozy devait réussir, et il a réussi.
Enfin, il n’est pas nommé, mais c’est tout comme. Et même s’il ne l’est pas à la Défense, il le sera ailleurs et ce sera encore plus juteux, plus grandiose, plus narcissique.
C’est quand même incroyable l’attitude des gens. Ils créent eux-mêmes les conditions de leur propre servage et de la montée sur les podiums de l’élite qu’ils ont fabriquée par leur extrême passivité, et ils s’en émeuvent ! Ils crient à l’injustice, à l’iniquité !
Pourquoi sur le temps que vous grincez des dents, votiez vous pour eux, les regardiez-vous s’étaler sur les pages des magazines ?
Enfin, on entend dire des vieux grognards que Jean fils de Nicolas est trop jeune ! Dans une société qui prône le jeunisme, c’est étrange. On ne va pas quand même pas avoir le front de lui faire le reproche de ses 24 ans. C’est même ce qu’il a de plus authentique, de plus avéré ! Là aussi, le fort taux de chômage des jeunes, l’impasse dans laquelle on tombe quand on a dix-huit ans et qu’il faut se vendre à quelqu’un pour ne plus manger le pain de ses parents, voir un mec de son âge damer le pion à tous les loufiats de la finance et de la politique, c’est du ragoût, non ?
Et puis que les vieux se rassurent, à 50 ans, Jean Sarkozy en paraîtra toujours 25 par les soins que les riches portent à leur image et par l’amour qu’ils ont d’eux-mêmes. Alors, 24 ou 50…

Commentaires

Au fond, parmi les fils de ..., ce sont encore les fils de putes qui trouvent le plus grâce à mes yeux. Au moins, ceux-là ont été initiés tôt à la vraie nature des hommes ... et des femmes, cela va sans dire!
Le regard glouton , teinté de mépris, que les clients huppés jettaient à leur mère et leur réticence constipatoire à sortir le dernier billet du portefeuille avant de baisser leur slip en apprennent plus sur les hommes (... et les femmes) que les grandes écoles.

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