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La solidarité et l’argent.

S’il y a bien un avantage arraché avec bec et ongles à la Libération, ce fut le droit à l’accès des soins de santé pour tous, organisé par une Loi.
La solidarité ouvrière date du début du XIXme siècle. C’est sous le couvert d’une mutuelle que les premiers syndicats s’organisèrent, puisqu’ils étaient tout simplement interdits.
Un des tous premiers syndicats de Belgique fut créé à Liège, le Syndicat du Livre, dans la première moitié du XIXme siècle, toujours camouflé en mutuelle.
Les syndicats ont rêvé de changer la société. On voit ce qu’il en est. Les mutuellistes s’organisèrent, tous bénévoles au début. Le résultat à ce point de vue est édifiant.
De nos jours, l’esprit mutuelliste reste bien implanté parmi la population, même si la jeune génération ignore comme il fut difficile pour les travailleurs d’obtenir le droit d’association et le droit aux soins. Si on leur disait que ce droit est menacé aujourd’hui et que le principe de l’égalité des citoyens pour l’accès aux soins n’est plus respecté, ils traiteraient l’imprudent de menteur.
Et pourtant.
Il n’est pas normal que les mutuelles – toutes les mutuelles – proposent des avantages supplémentaires, soit en frais d’hospitalisation et risques divers, soit en garantie et en indemnités, moyennant des cotisations personnelles qui vont bien au-delà de quelques euros symboliques, pour atteindre parfois des sommes supérieures à 50 euros par mois.
En même temps, la longue litanie des augmentations des honoraires, les découvertes sur certaines maladies exigeant des médicaments onéreux, des soins de dentisteries, prothèses buccales et optiques, voilà bien une sorte de spirale des dépenses des mutuellistes pour une option maximale de la sécurité.
Bien entendu à ce petit jeu, beaucoup de mutuellistes sont exclus des précautions supplémentaires par manque d’argent.
Si bien que l’on voit aujourd’hui diminuer les « avantages » de base définis par la loi et augmenter les coûts de la mutuelle complémentaire, définis par l’argent.
C’est dans l’ordre des choses, diront certains, puisqu’on a mis l’accent depuis longtemps sur le besoin d’assurer le futur par un complément de retraite et d’assurer sa santé par un complément de précautions médicales. Se passer de la complémentaire, ce sera bientôt risquer de perdre la vie par manque de soins et ce sera tant pis pour les pauvres. Déjà actuellement, ceux-ci n’ont droit qu’à un service minimum et encore heureux qu’il existe des cliniques et des personnels médicaux qui ont encore la notion de service public et qui travaillent au prix de la mutuelle.
Sur cinquante années de pratique, on est parvenu ainsi à changer la nature du droit, laissant au simple assuré des droits minimums.
Cette perversion de la volonté de départ est principalement due au principe libéral qui régit ce pays en toute chose et qui veut détricoter à tout prix la solidarité imposée jadis par les syndicats et les partis de gauche.

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Mieux, ce principe qui a été gaillardement écarté quand il a fallu que la solidarité nationale vienne au secours des banques, n’est plus respecté quand il s’agit d’établir un droit identique à la santé entre tous les citoyens.
En 2010, la solidarité du citoyen s’exercera encore un peu moins que 2009 pour ceux qui ne peuvent pas se payer d’assurance complémentaire et ce ne sont pas les mutuelles qui diront le contraire.
Avec le temps, elles sont devenues des services ayant une organisation interne libérale, engageant et débauchant des personnels et agissant comme de véritables sociétés anonymes.
Ces nouvelles entités commerciales, ni services publics, ni parastataux, sont bel et bien en compétition entre elles à seule fin de dégager des bénéfices qui servent à alimenter toutes sortes de projets qui sert un personnel politique « proche » de la coloration amie.
Le but initial est complètement dénaturé. Mieux, certaines mutuelles refusent à présent des adhérents qui ne souscriraient pas à l’assurance complémentaire de base.
Ce scandale n’est plus perceptible dans la plupart des milieux, parce que la dérive vient de trop loin et elle n’est devenue importante que grâce au poison insidieux d’une société libérale qu’avec patience tous les protagonistes politiques et industriels nous inoculent depuis l’incroyable pari, perdu aujourd’hui on le sait bien, de ressembler à la société américaine, qu’on idéalisait et que certains idéalisent toujours, comme étant une terre promise de progrès et de liberté.
Or, l’image était fausse hier. Elle l’est encore plus aujourd’hui.
Obama en sollicitant les suffrages du Congrès pour mutualiser les plus pauvres des Américains nous prouve bien que nous avions raison d’être sceptiques.
Van Rompuy en proposant l’organisation d’un sommet européen pour relancer la croissance se trompe de combat. C’était relancer la solidarité qu’il convenait de faire.

Commentaires

Si l'on compare la couverture santé avec la France ou l'Allemagne, nous sommes vraiment mal servis.
Les travailleurs américains sont mieux couverts aussi. (par l'employeur)
Les "plus de 65 ans" sont mieux couverts aux USA aussi (par l'Etat)
Obama veut couvrir les autres (ni travailleurs, ni âgés)

Aux USA, certes la couverture privée des travailleurs existe et est efficace; mais, c'est une couverture privée. Tant pis pour les chômeurs et les largués du système. Tant pis pour les entrepreneurs en petits et pour les originaux. En somme, les USA réussissent la performance de rendre plus libre par l'argent une minorité au détriment d'une majorité. Si c'est ça un bon système !...

Vous confondez majorité et minorité.
Aux USA il y a environ 30-40 millions de personnes non couvertes sur un total de 260 millions. Et Obama est en train de corriger cela.
Chez nous, c'est aussi l'entreprise et le travailleur qui paient (des entités privées)
Mais cet argent passe par l'ETAT et colle aux doigts de certains.
En quoi "privé" vous gène-t-il ?

Cela me gêne parce que des fortunes s'établissent sur le dos des malades et des pauvres. Cela me gêne parce que le ressort de toute chose produite est le profit, donc l'égoïsme. Cela me gêne enfin, parce que le fait d'être dépendant de son employeur pour avoir droit aux soins est avilissant et contraignant pour les personnels. Enfin, je ne vois pas bien pourquoi les malades seraient répertoriés en différentes catégories selon leur compte en banque.
Je n'aime pas une société qui se fonde sur l'argent plutôt que sur le mérite personnel, ce qu'il me semble être deux choses fondamentalement différentes. A moins que vous soyez en train, vous aussi, de confondre les deux.
Ne criez pas trop vite au miracle pour les 40 millions d'Américains dans les difficultés pour les soins. Ils auront droit au minimum, enfin, c'est déjà cela. A moins que les maffias de l'argent n'organisent une réplique à la politique d'Obama. Ce qui est toujours possible.
Le rêve d'avoir l'égalité entre les citoyens sur la question des soins de santé, alors qu'ils le sont si peu à la naissance, ne me paraît pas exagéré. Pas vous ?

D'où proviennent vos revenus ?
Qui vous paie et pourquoi faire ?
Vous n'avez manifestement pas besoin d'argent :-) ou bien, vos mérites vous ont-ils rapporté beaucoup.

Liberté Egalité Fraternité!
Les gens se battent pour leur liberté, jamais pour l'égalité ou la fraternité.

Vous appelez cela la solidarité.
Mais, chacun veut être solidaire avec un plus riche que lui !!!
C'est aussi une sorte de recherche du profit et d'égoïsme.

A votre accent, je sens que vous êtes liégeois (je me trompe ??)

Nous pourrions nous rencontrer un jour à Liège pour confronter nos points de vue.

C'est bizarre. Je pense exactement le contraire de ce que vous pensez !
Je ne vous en tiens pas rigueur. Au contraire. J'aime la confrontation d'idées.
Pour le reste, j'habite Hēunggóng et je ne connais même pas vos mensurations !
Bien à vous.

C'est en effet très bizarre. J'ai déjà rencontré des gens qui pensent autrement, mais jamais le contraire.
N'auriez vous donc pas de libre arbitre pour juste penser le contraire de moi !!!
Mes mensurations : 86 65 86 150

(note : 150 pour le QI)

On m'a toujours appris en grammaire que "contraire" exprimait la notion opposée à celle exprimée par un autre. Certes, j'aurais dû employer "antonyme"; mais, je suis déjà assez pédant "naturellement" sans en rajouter.
Cependantune chose m'intrigue et je serais heureux que vous éclairiez ma lanterne "150" ça correspond à quoi ?
Le reste, c'est parfait et je vous en félicite. Peut-être encore un détail, "86" A, B, ou C ?
Bien à vous de ma lointaine province.

Pour 150, je veux dire vous y croyez vraiment aux mensurations du QI ? Voilà encore du contraire en perspective !

Nous voilà d'accord !
Vous voyez bien que tout est possible !
Bien à vous (sur cela aussi, nous pourrions être d'accord).

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