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Carrefour : le panier était percé…

…et la ménagère n’en savait rien !

Les grands magasins se portent bien, sauf Carrefour.
Cela ne veut pas dire que les autres sont un peu plus salauds vis-à-vis des personnels et qu’il ferait « plus doux » d’installer sa cantine dans les réfectoires du libre-service français ; c’est simplement que Carrefour s’est voulu une nouvelle sorte de produits financiers, en plus de vendre de la conserve.
Pour le reste, c’est l’égalité complète avec les autres tôliers des bas salaires, des travailleuses à mi-temps, de la politique d’embauche des jeunes à contrats déterminés. C’est tout le secteur qui parle d’une même voix, avec à chaque réforme un mot d’ordre général : Haro sur le personnel !
Une fois de plus, c’est le système libéral qui se tire une balle dans le pied.
Le secteur de la grande distribution est en effet un des principaux responsables de la destruction du premier échelon de la classe moyenne : les petits commerçants, chers à la harengère du MR Sabine Laruelle. Jadis on pouvait passer de la condition salariale, à la condition d’entrepreneur. Les supers ont ringardisé le petit commerce. On se demande comment les aigris de la charcuterie familiale, les héritiers de la boulangerie du coin, les fils du droguiste inscrits au chômage votent encore MR !
Créer « sa petite entreprise » persiste chez les doux dingues, la pasionaria MR de la middle class sillonne les marchés sur le coup de midi pour encourager les derniers marchands d’oignons à se lever à trois heures du mat.
Jadis, on pouvait sans trop débourser, s’installer à son compte dans l’épicerie, la confection ou l’article saisonnier. Cela comportait beaucoup d’aléas, mais une fermeture volontaire, plus rarement une faillite, n’entraînaient pas les grandes conséquences qu’a la clé sous le paillasson d’un supermarché.
Ceci n’est pas une façon de prétendre préférer la lampe à l’huile plutôt que l’éclairage électrique, mais se demander si – ce que l’on appelle le progrès – l’est toujours ?
Ces monstres de la vente construits dans les périphéries, combien de temps tiendront-ils encore dans leur organisation actuelle, en sachant qu’il faut être propriétaire d’une automobile pour y faire ses courses et qu’au regard de leur gigantisme, les personnes âgées ne peuvent raisonnablement y faire de la marche à pied pour une boîte de petits pois.
Le tissu de base de la classe moyenne démantelé, l’impossibilité de trouver un paquet de clous ou une boîte d’allumette, un kilo de sel, un poisson frais, etc. à moins de dix kilomètres, le consommateur n’a pas d’autre choix que de s’aller formater avec les autres à la marque « de son super favori » ne sachant plus, au regard de l’emballage, ce qu’il y a dessous et ce qu’il mangera le soir.
Quant aux prix, avec la réputation de certains bougnats de vendre moins cher, n’est-ce pas un argument un tantinet usurpé ou pris sur la sueur des magasiniers et des caissières ?
Cela ne veut pas dire « rendez-nous nos petits épiciers d’antan », mais cela veut dire quand tous les partis de pouvoir, de la gauche à la droite, encensent le système, qu’ils ne viennent pas joindre leurs larmes de crocodile aux personnels des supermarchés malmenés par leur direction.
Car, n’est-ce pas dans la logique capitaliste d’être aujourd’hui jeté comme un kleenex, quand on n’est plus rentable ou quand il y a plus de fric à ramasser ailleurs ? N’est-ce pas, cette réalité-là pour laquelle ils militent si fermement ?
Mais, comme dans toute chose, à chaque malheur le profit est bon, si le petit commerce est mort et avec lui la perspective d’une classe moyenne basée sur l’effort personnel qui disparaît, un autre, plus exotique, avec des prestations inconnues ici, voit le jour. Certes, il contrevient à toutes les règles, s’ouvre la nuit ou à l’aube, emploie les cousins et les nièces ; mais il résiste, parce que c’est une nécessité.

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Les gens des quartiers désertés grâce, à un contournement du droit, en-dehors de toute convention, peuvent à nouveau ne pas faire dix kilomètres pour une boîte de Pilchard.
Personne ne dit rien. Sabine la harengère non plus.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Quand on voit les dégâts que la grande distribution a créés dans l’environnement, le peu de perspectives d’avenir pour ceux qui y travaillent, la piètre qualité qui s’y développe comme un argument principal de profit, on se demande si, une fois de plus, le progrès capitaliste n’est pas une soupe à la grimace dont nous n’avons pas fini d’en redemander, dotés comme nous le sommes, d’un masochisme infini.

Commentaires

Et pourtant les syndicats défendent la grande distribution.
Ils ne défendent pas les petits indépendants, les petits agriculteurs etc..
Ils défendent aussi les fonctionnaires qui ont la sécurité d'emploi.
Ils défendent surtout les syndicats qui sont aujourd'hui les rares entreprises où l'on peut encore faire carrière.
Ils sont ainsi les alliés objectifs du capitalisme.

Le méchant capitalisme s'adapte à toute les situations. C'est pouquoi il vous fait tant râler.
Mais la situation est plus grave encore. La "distribution" n'en est qu'un tout petit morceau de la valeur ajoutée.
Le commerçant du coin faisait fois deux. Les grosses chaînes fois 1,1 ou 1,2. Le déplorez-vous ?
Surtout, grâce à leur puissance d'achat et à leur vue mondiale, le gros "mérite" des grosses chaînes,
au yeux du consommateur que vous êtes est d'avoir mis à notre portée les produits de l'usine du monde, la Chine.
C'est sans doute grâce à ce processus capitaliste que vous avec pu réaliser votre blog (félicitaions réitérés pour votre entreprise).
Sans votre ordinateur fabriqué en Chine (même si on vous l'a caché et si vous vous voilez la face comme tout consommateur occidental
en protestant contre un système qui lui permet d'obtenir tout ce qu'il veut à moindre prix.

Oui, Riche Riche premier, mais tout cela ne durera qu’un temps. Les délices de Capoue ont précédé la chute de Rome. Nous menons une politique de Gribouille en externalisant toutes nos productions en Chine et ailleurs. Mais comment faire autrement sans réintroduire une certaine dose de protectionnisme ? Et pourquoi pas, dirait Emmanuel Todd ? Mais la supériorité présumée du libre-échange constitue toujours pour nos "élites" économiques un postulat indéboulonnable...

@ michel.
Pour les délices de Capoue, ce serait plutôt l'inverse... sauf si vous considérez que les barbares du V siècle ont une corrélation avec Hannibal...

Il y a un livre qui redevient d'actualité, c'est "Au bonheur des dames" de Zola.
S'il y a bien quelque chose qui va de pair avec le progrès, c'est la connerie !
Nous n'y échappons pas, parce que nous n'avons plus le sens du collectif. Nous en referons bientôt le dur apprentissage. Et ce sera pire qu'en 1900, attendu que le contrôle du capitalisme sur nos viandes a fait d'énormes progrès, lui aussi.

Oups! Merci, Julien! Je reprends donc: "Les délices de Capoue ont précédé la chute de la ville (Capoue et non Rome)"! :)
Assez d'accord avec toi, Richard III! Capitalisme rime avec individualisme...et destruction des indispensables solidarités..

Chute de Rome ? Chute d'une puissance impériale ? Quelle signification ? Faut-il regretter cette chute ?
Le monde n'a-til pas changé depuis les temps bibiliques? J'espère au moins que le plaisir de tuer
dans les arènes, dans les duels et dans les guerres, c'est du passé.
La puissance occidentale et wallonne n'est-elle pas un souvenir de notre richesse impérialiste ? Faut-il regretter sa déchéance ?
Quant à la "concurrence" de la Chine, de l'Inde et de la Pologne, il est plus que temps ce CREER un vrai sydicalisme MONDIAL
qui défende les plus pauvres et pas les privilégiés que nous sommes (qui avons une pension, la "sécurité sociale" et
l'accès à une très grande falicité de vie matérielle).

Certains empires ont existé plusieurs fois de suite: byzantins puis ottomans (Byzance devenue Constantinople devenue Istanbul).
Le capitalisme a existé depuis la préhistoire (il faut mettre en réserve pour passer l'hiver dans les contrées froides)
Le capitalisme ne disparaîtra jamais car il est inhérent à l'homme.
Mais nous sentons que l'hégémonie occidentale est en train de disparaître au profit de la Chine (pour faire simple, car il y a aussi l'Inde).
Les chinois sont capitalistes. Ils ont une grande partie des obligations d'Etat des USA. Ils achètent beaucoup d'or afin de prendre le pouvoir sur nos économies.
Ce sont aussi de vrai communistes (ils savent travailler ensemble : en commun). Mais cela ne les empêchent pas d'être aussi de vrai capitalistes.
Nous raisonnons de travers quand nous opposons capitalisme et communisme. Et les syndicats dans nos pays ne sont qu'un petit épisode passager.

Tout à fait d'accord avec Hermione. Sauf que je crois indispensable d'encourager
les gens à se défendre, seuls et en groupe. D'où l'intérêt des syndicats à long terme.
Mais aussi des groupements de défense des droits de l'homme et des peuples, notamment.
Les syndicats tels qu'ils sont actuellement défendent surtout des intérêts locaux,
les "droits acquis" de certains privilégiés qui n'acceptent pas les réalités nouvelles.

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