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Creative accounting

Après le plongeon de la Grèce, c’est toute la zone euro menacée d’une nouvelle bulle financière dans laquelle nous serions tous impliqués et la Belgique directement dans le point de mire du courant spéculatif, juste derrière l’Espagne, le Portugal et l’Italie.
C’est au moment où Lehman Brothers spécule sur la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes, que Junker, le Luxembourgeois, au nom des pays de la Communauté, avoue avoir été trompé par la présentation du dossier présenté par la Grèce lors de son entrée dans la zone euro. Ce qui est évidemment faux ; car, tous les pays constituant la zone étaient parfaitement au courant des difficultés financières que traversait ce pays au moment de sa demande. Evidemment, c’était avant la crise de 2008. Cinq ans auparavant la Grèce était admise au vu et au su de tout le monde, le scénario établissait que la Grèce allait pouvoir éponger son déficit et qu’on oublierait cette anomalie grâce à la prospérité générale.
Qu’est-ce que le « creative accounting » littéralement « la comptabilité créative » ?
Et cette question est importante puisque Didier Reynders, notre ministre des finances, nous a impliqué dans cette pratique en rémunérant des créanciers sur des sommes qu’il n’a pas, mais dont il espère la récupération par le Trésor public !
La comptabilité créative est l'ensemble des techniques qu’utilise un Etat ou une entreprise en comptabilité pour modifier légalement la présentation de ses comptes dans un sens plus favorable à ses attentes.
Didier Reynders n’a jamais fait autre chose que présenter ses bilans dans une comptabilité d’intention. Mais pour lors, la Grèce avait fait mieux pour entrer dans la zone euro. Elle avait demandé à Lehman Brothers de lui arranger un dossier favorable.
La banque prit donc 10 milliards de dettes du pays, en transforma 9 en bons souverains et versa 1 milliard cash dans les recettes de l’Etat, ce qui ramena la Grèce à un déficit raisonnable apparent avec 1 milliard de liquidité en fonds de roulement.
Au passage, Lehman Brothers empocha 300 millions de dollars de commission.
Début 2010, quasiment par un délit d’initié, la banque remet la dette en circulation pour défaut probable de remboursement et accule la Grèce quasiment à la faillite.
Le pays plonge et les taux s’envolent. La banque ratisse par en-dessous et décuple ses bénéfices.
Voilà pour le scénario.

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Mais, ce n’est qu’un début. Avec une Europe molle, toute racrapotée sur elle-même, des pays comme l’Allemagne qui pensent qu’il ne faut pas sauver la Grèce et qu’il faut au contraire la sortir de la zone Euro, quitte après qu’elle ait dévalué sa monnaie nationale, la récupérer par la suite, cette politique du pire pourrait nous tomber dessus et constituer un scénario catastrophe pour les autres pays fragilisés par leur gestion déplorable de la crise, dont la Belgique, avec le plus mauvais ministre des finances que nous ayons eu depuis ces cinquante dernières années !
La comptabilité créative a un coût. Le calcul du résultat fiscal peut impliquer une double comptabilisation si celle-ci ne correspond pas à la comptabilité imposée par le fisc. Pour les Etats, la facture se paie par un plongeon de la monnaie. Avec l’euro, l’effet serait de domino, l’un entraînant l’autre.
On voit déjà la dévaluation de l’Euro s’effectuer sans qu’il y ait encore péril en la demeure. Guy Quaden dirait que c’est une bonne chose pour les exportations. Mais quand une descente s’amorce, il est difficile de prévoir quand elle s’arrêtera et à quel niveau.
Aux Etats-Unis, Obama a également des problèmes quoique n’étant pas identiques à l’Europe. Du reste, l’opération contre la Grèce jouée par Lehman Brothers n’est pas perçue de la même manière qu’ici. On trouve que c’est de bonne guerre et qu’une banque est faite pour gagner le plus d’argent possible. C’est ce qui pousse Obama à vouloir séparer les deux métiers : une banque de prêts et l’autre de spéculation boursière. Son problème, c’est que Lehman Brothers a été le deuxième contributeur dans le financement de la campagne de son élection.
Actuellement les anciens directeurs et administrateurs de la banque sont ou ont été impliqués dans les cabinets de Bush et d’Obama.
Quand va-t-on enfin comprendre qu’une banque n’agit pas pour le bien du client, mais pour son seul profit ?
Les naïfs ne sont toujours pas revenus de la surprise que ceux qui ont mangé dans la main du public en 2008, veulent la mordre aujourd’hui.
Des entités comme Lehman Brothers – cette banque n’est pas la seule – comptent sur l’emprise de l’économie pour se croire protégées de toutes mésaventures, comme en 2008, où elles furent sauvées par le public.
Bien sûr, les politiques vont tenter des parades contre les dangers des spéculations tous azimuts. Mais comme les ministres des finances de l’Europe ont toujours une guerre de retard, ce n’est pas demain qu’on empêchera les bulles d’éclater les unes après les autres, gavant certains, ruinant d’autres. Jusqu’au plongeon fatal qui ouvre une crise.
Ne sommes-nous pas dans la mondialisation des records ?
Et nous n’avons encore rien vu !

Commentaires

Si je ne me trompe, il ne s'agit pas de Lehman Brother (qui d'aileurs n'existe plus!) mais de Goldman Sachs.
Le principe est le même. Il s'agit d'un puissant. Et comme seuls les puissants, les gros, c-à-d les états non endettés,
les grosses banques, inspirent la confiance... Mais jusque quand ?
Il vaudrait beaucoup mieux ne compter que sur soi-même. Et ne pas vouloir pèter plus haut que le trou ...
Le drame, la dramatisation, fait qu'on passe de l'excès de confiance (aveugle) à la méfiance qui se généralise comme l'éclair.

Autant pour moi.
Il s'agit bien de Goldman Sachs et nom de Lehman Brothers.
Merci de me reprendre.
Cependant, la confusion est possible par la passerelle qui existe en Amérique entre les grandes banques et la circulation de leurs hauts dirigeants, d'une branche morte à une autre active.
De toute façon le principe est inchangé.

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