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La vernation de printemps…

…comme les serpents, nos maquereaux changent de peau !

Sur RTL on a eu droit, une pénultième fois, aux commentaires de Guy Quaden sur les événements financiers qui ont conduit à la crise de 2008, sous la forme d’une évaluation après coup qui voudrait dire à peu près « je vous avais prévenu et voilà ce qui en a résulté ».
Or, Monsieur Guy Quaden comme tous les économistes consultés sur cette chaîne, comme d’ailleurs sur la chaîne concurrente, n’avait rien vu venir. Encore aujourd’hui, on se demande s’il a compris quelque chose aux jeux spéculatifs et à la course aux profits ?
La preuve, en 2008, il préconisait la sortie de crise pour 2009 et en ce début de 2010 : l’hémorragie des emplois devrait être stoppée pour dans six mois !
C’est sans doute en reconnaissance de son optimisme à court terme et sa parfaite adaptation aux vues de Didier Reynders, que celui-ci va proposé au roi le renouvellement du mandat de Guy Quaden en tant que gouverneur de la Banque Nationale de Belgique. L’autre qui va être touché par la limite d’âge a évidemment accepté avec enthousiasme. Chez ces gens-là, pas question de prépension, mais de rabiot.
L’année du « redressement » pour le patron de la BNB est plutôt celle d’une confirmation de la débâcle. Moins 3 % pour le PIB en 2009 ! Quaden est un économiste de la vieille école, cependant séduit par la mondialisation, il nous ramène à la crise de 29, puis aux année difficiles qui suivirent 1945, afin de lâcher du bout des lèvres que l’après 2008 est déjà catalogué comme une récession gravissime.
Mais, c’est en cela que Didjé l’adore, la vision de M. Quaden – une de plus – qui n’est pas encore infirmée puisqu’une vision est par nature pour le futur, « le pays a malgré tout "échappé à la dépression" ! Pour lui, 67. 000 emplois perdus en 2009, 7,9 % de la population au chômage (les chiffres réels sont bien supérieurs), ce n’est pas une dépression, et de nous parler du fameux décalage entre une reprise et le chômage !
Quant à la dette, elle est passée à 97,8% du PIB, l’année dernière elle était de 89,8%.
On frôle les 100 % !
Où Guy Quaden est fort, c’est quand il compare nos chiffres désastreux à d’autres économies européennes, dont il a soin d’extraire, de-ci, de-là, des chiffres plus désastreux encore.
C’est ainsi que si chez nous ce n’est pas la gloire, ailleurs, d’après lui, c’est la cata.
Cette manie aussi de dissocier la crise financière de la crise sociale, de sorte que lorsqu’on parle de la sortie de crise, il faut comprendre les profits de la finance et oublier la situation dans laquelle se trouve le plus clair de la population.
A côté des cocoricos de ce grand mystificateur, Didjé n’est pas en reste avec les 192 millions d’euros que l’Etat va récupérer en dividendes à BNP Paribas, puisqu’il a bradé FORTIS contre 128 millions d’actions à ladite.
Ce que le grand public ignore, c’est que FORTIS a contribué pour 708 millions d’euros au bénéfice 2009 de BNP Paribas. C’est-à-dire que nous avons perdu 516 millions d’euros rien que pour 2009, si nous avions eu l’intelligence de gérer la banque autrement ! Ce demi milliard, produit des activités de la banque en Belgique, va alimenter le capital français sans aucune contrepartie.

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Ce qui est effarant dans la situation économique actuelle, c’est que tous les facteurs d’une nouvelle bulle spéculative sont réunis dans la perspective prochaine d’une nouvelle explosion comparable, sinon, pire que celle de 2008 !
Ils le savent tous, comme ils savent que les bonnes résolutions du premier semestre 2009, les réunions du G20, les discours de Sarkozy, de tout cela rien n’est sorti en Europe pour éviter que la valse aux billets de banque ne recommence.
Barroso et sa Commission ne se sont préoccupés que de leur réélection.
Les salaires au plus haut échelon ont poursuivi leur séparation des salaires du plus bas.
Les attaques spéculatives sur les pays à la traîne comme la Grèce et l’Espagne ne mettent ces pays au bord de l’abîme que parce qu’ils ne peuvent plus emprunter des fonds qu’à plus de 7 %, alors que les autres membres de l’Europe « bénéficient » de plus de souplesse (3,5 pour l’Allemagne). Les marchés provisoirement « sauvés » profitent du renflouement de leurs caisses par les Etats pour étrangler ces pays auxquels s’ajoute l’Irlande… et peut-être nous demain ?
On vient de publier la liste de quelques salaires que l’Etat paie à ses grands commis : Didier Bellens (910.000 euros + 775.000 euros au minimum) pour Belgacom. A la Poste Johnny Thijs ramasse 900.000 euros, je pourrais poursuivre, mais est-ce que cela ne suffit pas afin de convenir que ce gouvernement se fiche du monde ?
La preuve, c’est « Marianne » l’hebdomadaire français qui nous la livre : l’américain Georges Smoot, prix Nobel de physique en 2006, s’apprête à rejoindre l’université Paris-VII Diderot en qualité de professeur de première classe avec un salaire de 4.500 euros par mois ! C’est-à-dire 48 fois moins que les émoluments d’Henri Proglio que l’Etat français vient d’engager à l’EDF !
Un PDG même aussi « irremplaçable » et aussi « compétent » vaut-il 48 fois plus qu’un scientifique de renommée internationale ?
Si vous répondez qu’il le vaut - comme certainement Didjé aurait répondu - alors allez bosser pour des clous au redressement du pays et ne vous plaignez plus du système.

Commentaires

Tiens, sympa, j'apprends un mot, à moins qu'il s'emploie en Belgique (?): "vernation" = BOT., vieilli. Disposition propre aux nouvelles feuilles dans le bourgeon ou aux nouvelles enveloppes florales dans le bouton. Synon. préfloraison, préfoliation.

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