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Quand le chômeur devient délinquant.

Curieuse époque, quand le sans-travail, nouveau paria des temps sur lequel tombe toutes les suspicions du monde, se voit traiter comme un délinquant !.
Ceux qui devraient compatir, s’efforcer de mettre un baume sur l’angoisse que soulève une situation pas drôle du tout, s’ingénient à le culpabiliser et à lui faire porter la responsabilité de la crise !
Que penser devant l’accroissement de la population et la diminution des postes de travail, quand Milquet parsème le parcours du malheureux d’embûches et de « cadeaux empoisonnés » sous prétexte de lui rendre « une confiance en soi » qu’il aurait perdue ?
Une excellente comédienne en la matière, Joëlle Milquet, faux derche à souhait !
Comme n’importe quel ministre qui doit justifier de son action, la première dame des petits métiers n’est tant à l’aise que lorsqu’elle détaille son « plan pour l’emploi ». On a beau le relire, deviner ce qu’il pourrait signifier entre les lignes, ce n’est qu’un ramassis de mesures d’accompagnement assorti à chaque faux pas des victimes, d’une sanction. J’ignore quel est le vicieux qui a établi cette gradation dans la punition, mais je dois dire qu’il a un certain talent dans le sadisme.
C’est d’autant plus regrettable qu’il s’agit souvent d’infliger des peines financières à des gens qui vivent déjà à la toile et qui surfent sur les dettes, les saisies et les expulsions locatives.
Il y a plus de chômeurs sanctionnés avec ce plan que de chômeurs remis au travail !
Tout se passe comme si l’administration après avoir pris en main le dossier d’un chômeur, ne pouvait que constater, au bout de quelques tentatives vaines du chômeur à retrouver du travail, de l’inanité des efforts du père fouettard de service devant un cas avéré de non-collaboration !
Or, il est certain que l’Administration entretient plus « à vide » sa capacité à aider le chômeur, qu’à le prendre en charge réellement. En clair, l’essentiel pour elle est de justifier de son utilité. Dame, des centaines d’emplois – les siens – en dépendent.
C’est ainsi que des chômeurs sont envoyés régulièrement dans des entreprises qui n’engagent pas. Si c’est pour les aguerrir et à se bien positionner pour se « vendre », c’est plutôt raté.
On me dirait qu’il y a une certaine complicité, tout au moins un modus vivendi, entre les placeurs et certains patrons que je n’en serais pas plus surpris.
Une victime découragée est humiliée en plus.
Toute l’organisation est en panne, comme une voiture qui manquerait de carburant, elle est inutile sur le bord de la route. Qu’importe, on entretient à grands frais une Administration qui ne sert pratiquement à rien.

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La reprise n’est pas pour demain et les offres d’emplois continueront à baisser sur le temps que les services de Joëlle Milquet fonctionneront à seule fin d’agir sur les chiffres qu’on s’efforce de maintenir au statu quo par l’exclusion.
Les mêmes raisons commandent à l’organisation des embauches, comme à celles des prisons. On ne veut pas s’attaquer aux causes qui produisent les mêmes effets.
Le rôle de Milquet est limité, évidemment dans la recherche des causes et quand bien même les dénoncerait-elle, qu’il faudrait encore en convaincre, l’Etat et ensuite l’Europe.
Les ministres, gestionnaires à la petite semaine, ne sont pas là pour cela. Ils utilisent les moyens qu’ils ont, pour trouver des remèdes aux effets, pas pour dénoncer les causes.
Si bien que leurs ministères tournent à vide.
Reynders, en laissant filer FORTIS dans les mains de Paribas a raté une belle occasion de créer une banque d’Etat capable de soulager quelques maux de la société belge et de faire un pas vers la destruction des causes. Il ne l’a pas fait parce qu’il n’y avait pas le ressort pour l’impulser et parce que les gens qui nous gouvernent sont convaincus que le néo-capitalisme qui nous a plongé dans le marasme, peut, tout aussi bien nous en sortir. Ce qui reste, bien entendu, à vérifier.
Ainsi vont les choses. Cette société va donc poursuivre son chemin avec un chômage qui oscillera entre 12 et 15 % jusqu’à un temps indéterminé par les économistes et déterminé par la conjoncture. Comme la poursuite au niveau mondial des restructurations se fera unilatéralement au profit des économies émergentes et au détriment des nôtres, ce qui du point de vue d’une justice sociale mondiale paraît aller dans le bon sens, il arrivera nécessairement le temps où de 12 % nous passerons à 20 % peut-être davantage - taux inconnu chez nous et pourtant répandu presque partout ailleurs qu’en Occident.
Que feront alors nos gouvernements, Madame Milquet si elle n’a pas réussi à se tirer d’un ministère qui sent l’impopularité à plein nez, ou son successeur, poursuivra-t-elle sa politique déjà à présent en faillite ?
Et surtout quel rôle fera-t-elle jouer à son administration déjà empêtrée dans un reclassement illusoire des chômeurs ? Va-t-elle augmenter le nombre de bureaux « pour l’emploi » et de sanctions « pour les inadaptés » ?
C’est une question qu’à défaut de Madame Milquet – qui ne pense pas comme nous – à laquelle penseront tous les citoyens sensibles à la dégradation du social. Et pas que pour les chômeurs, par exemple, le gugusse des pensions avec son livre vert est en passe de s’attaquer aux pensionnés.
Tout n’est-il pas dans le choix futur de la société ?
Ne serait-il pas temps d’y réfléchir ?
Les politiques ne seraient-ils que des « objets » aux mains de l’épicerie ?

Commentaires

Très bonne analyse

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