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Elio, un chimiste au Seize ?

On a eu le pschitt de Chirac, lors de son allocution du 14 juillet 2001 « Ce n'est pas qu'elles se dégonflent, c'est qu'elles font "pschitt", si vous me permettez cette expression », pour illustrer le bruit produit par l’évaporisation brutale de l’enquête sur le financement occulte de l’UDR ; on a en 2010, le principe de l’évaporation de l’Etat belge par Bart De Wever.
C’est plus compliqué de procéder à l’évaporation d’un solide, plutôt que celle de l’air d’une enquête de police.
Chimiquement parlant, « l’ami » Bart, comme appelle De Wever la sp.a Caroline Gennez, devra d’abord liquéfier le pays avant de lui faire atteindre l’état gazeux. Elio ayant été jadis diplômé en chimie, c’est tout naturellement que le roi va les associer après consultations.
Une émission, qui n’est pas gazeuse, mais s’est bornée à une conversation entre gens de bonne compagnie, « C dans l’air » sur France 5 de ce mardi soir, intitulée : « Wallonie, 27me Région française » a quand même fait pschitt.
L’analyse de la NV-A était pourtant de bon augure, sauf que Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du Soir, en duplex depuis Bruxelles et Chantal Kesteloot, historienne, à côté d’Yves Calvi dans les studios parisiens, ne pouvaient pas être autre chose que les propagandistes de l’opinion belgicaine, donc entachée d’un parti-pris, comme la plupart des « spécialistes » francophones lorsqu’ils doivent s’exprimer sur le nationalisme flamand.
C’est tout autant le conformisme de l’opinion générale qui clôt le bec à ces dames, que la conscience qu’une opinion contraire à la majorité de la minorité est impossible aux postes qu’elles occupent.
C’est bien le drame belge ! Les meilleures critiques perdent soudain toute lucidité quand apparaissent le spectre du séparatisme et la probabilité de la fin de la Belgique, terminant le processus – que Bart appelle l’évaporation.
Si tant est que nous aboutissions à un accord et que nous passions cette législature sans trop de dommage, Bart se trouvera être le super héros, celui qui a réussi à trouver des solutions transitoires vers l’indépendance.
La législature suivante verrait d’autres revendications, en partie issues des accords obtenus, mais aussi celles programmées sur l’agenda de Bart pour arriver à l’indépendance sur une plus ou moins longue durée.

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Du côté francophone, Di Rupo aura de toute manière la mauvaise part. Il sera celui qui a concédé beaucoup aux Flamands. Dans un premier temps, il sera félicité pour avoir pacifié le pays, et sauvé la dynastie (le rôle qu’il préfère). Le bruit des enthousiasmes couvrira la voix des déçus de la périphérie bruxelloise, mais, cela sera de bonne guerre, puisque c’est un électorat libéral.
Le moment de joie passé, la sécurité sociale sauvée, les pensions garanties et la taxation des entreprises restée fédérale, on verra qu’il est impossible à Bart De Wever d’en rester là, d’une part, son électorat grossira d’autant qu’il aura atteint le premier palier et le poussera vers le deuxième, et d’autre part, parce qu’il a clairement défini son but – dont il ne se cache pas – la fin de la Belgique.
Le plus sinistre pour les socialistes, c’est le manque d’alternative. Di Rupo va évidemment accepter de former un gouvernement en passant un accord avec De Wever sur les mesures à prendre pour satisfaire aux revendications flamandes. Il ne pourra pas empêcher la suite…
Reste le faible espoir que, dans la durée du processus d'évaporation, l'opinion flamande se lasse de Bart ou se retouirne pour redonner des couleurs aux Belgicains, mais il est mince !...
Un échec des négociations conduirait à de nouvelles élections. Cela serait l’idéal pour Bart De Wever qui y trouverait le moyen de hâter la fin de la Belgique.
Le processus est en marche. La Belgique pourra tenir trois ou quatre législatures avec un accord nouveau à chacune d’elle, en jetant du lest. Sans, elle pourrait disparaître plus tôt.
Bart a su intelligemment politiser le rejet de la politique des Belges, du côté flamand. S’il veut garder son parti dans une position de force, il ne peut plus s’arrêter.
Son parti rompt avec la tradition des partis qui mettent cinquante ans avant de se faire connaître. Le sien s’est élevé grâce à deux bourdes, celle d’Yves Leterme qui a cru neutraliser la NV-A en l’incorporant au CD&V, la seconde est l’erreur du Rastignac libéral flamand, Alexandre De Croo qui n’a même pas eu le chic de présenter sa démission à son parti, comme l’a fait Reynders.
Pour le reste, la publicité médiatique de Bart De Wever, vedette d’un jeu télévisé, a fait le reste.
Comme les ralliés à la NV-A ne sont pas tous séparatistes, il faudra bien cette législature pour les habituer à cet objectif. C’est facile. Bart n’a qu’à poursuivre son discours sur les Wallons fainéants et qui coûtent chaque année trois milliards de transfert d’euros de la Flandre à la Wallonie.
L’ambition de Di Rupo de devenir premier ministre et d’inscrire son nom sur les tablettes de l’histoire, feront le reste. Les socialistes et les sympathisants qui ont voté pour lui et pour Laurette Onkelinx seront les cocus désignés par les historiens du futur au chapitre « De la fin de l’Etat belge ».

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