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Philosophie frontalière.

Ce qui avait indigné les Liégeois à propos des Fourons et qui les indigne encore, c’est le marchandage honteux entre les deux Communautés afin de rectifier la frontière linguistique. On retranchait ici, pour agrandir ailleurs.
Le Hainaut profitait du marchandage honteux, comme dans la crainte d’une vie liégeoise trop turbulente et dominatrice, on s’était arrangé auparavant dans le regroupement des communes pour que Charleroi compte plus d’habitants que Liège. Enfin, le choix de Namur pour capitale de la Wallonie assurait le déclin complet de l’influence de Liège.
Le mouvement socialiste passait la main à Mons. Les militants s’assuraient ainsi de l’influence d’un socialisme de collaboration à l’économie libérale et dans la foulée plaçaient sous surveillance une gauche syndicale, coupable de déviance marxiste.
Est-ce une manière de faire, quand on vit quelque part à sa façon et qu’il faut devenir autre en raison d’une volonté extérieure ?
Par la suite, dans les Fourons, les Flamands s’y sont comportés de la même manière que les Chinois au Tibet. Il suffisait de diluer la population locale parmi les nouveaux arrivants. Dans les Fourons, ce sont les Hollandais qui ont joué le rôle d’envahisseurs d’appoint et les socialistes wallons le rôle de Vichy durant l’occupation de la France, quoique les instances du parti s’étaient adroitement scindées en deux camps, celui du devoir de respecter les accords (Guy Spitaels) et celui de la résistance au diktat (Van Cauwenbergh et les frères Happart).
Les Flamands si forts soient-ils de leur nombre dans une démocratie qui ne tient compte que de cela, montrent que leur seul objectif est la maîtrise d’un territoire, et la frontière leur seul antidote contre la peur des autres.
Ils agissent comme des dépossédés de leurs propres biens et, tentant de protéger ce qui reste, ils emploient des méthodes du moyen-âge qui devaient être celles employées par les serfs pour se garder des incursions des troupes de la baronnie voisine.
Or, ils le font contre des citoyens de leur propre pays.
Si bien que surfant sur la peur, la N-VA et les autres partis nationalistes veulent purement et simplement rejeter la francophonie en-dehors des frontières qui ne seraient plus de la Belgique, mais de la Flandre, pays nouveau considérant les Wallons comme des étrangers, moins malléables et corvéables que les Turcs et même les Roms !

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Voilà pourquoi un arrangement est impossible sans compromettre gravement les intérêts wallons.
Quand les négociateurs francophones disent qu’il faut des concessions de part et d’autre, on voit bien qu’ils tentent pour sauver le royaume de refaire le coup des Fourons à Bruxelles, et non pas de s’accorder sur ce qui est juste dans l’intérêt des habitants de la périphérie.
Qui commet-on autour des tables de négociation ? Di Rupo, un Montois bon teint, Paul Magnette, le héros local de Charleroi et Laurette Onkelinx, Bruxelloise récente et aux ordres du patron PS. Pas un Liégeois du côté du plus grand parti de Wallonie !
Si les francophones concèdent certaines revendications flamandes aux négociateurs des partis du Nord du pays, ceux-ci ne peuvent rien donner en contrepartie sans perdre l’essentiel de leur principe touchant à la territorialité flamande selon les critères intangibles d’une frontière linguistique tracée en dépit du bon sens et dans l’arbitraire le plus complet, il y a longtemps.
Quand on a compris cela, on en arrive à la conclusion que si un accord avait lieu, il serait unilatéralement nourri de concessions francophones. Il ne serait que l’œuvre d’un acte de traîtrise de la part des négociateurs wallons. Di Rupo, qui n’a pas de sensibilité à ce niveau du côté liégeois, a quand même dû lâcher prise quand il a senti qu’une association avec De Wever allait l’entraîner dans des explications impossibles face à ses propres gens hennuyers et carolorégiens.
Pour que la Belgique ait une chance de durer, il faudrait repenser le découpage de la frontière linguistique pour une approximation de 50/50 des habitants de part et d’autre. Cela signifierait une redéfinition de Bruxelles, lui adjoindre sa périphérie et veiller à remodeler de-ci, de-là, une frontière intérieure à laquelle les Flamands sont viscéralement attachés.
On voit bien dans l’état actuel des choses que c’est impossible, sinon en rétablissant le recensement linguistique dont les Flamands ne voulaient plus, en raison de la progression constante du français dans des Régions que l’on pensait néerlandophones, et cependant indispensable pour un redécoupage équitable des rôles linguistiques et des frontières.
Reste donc l’éclatement du pays, mais qu’elle puissance faisant fonction d’arbitre pourra fixer les bornes de l’Etat flamand, étant entendu que le problème des minorités resterait tout entier dans la solution que déterminerait la Flandre.
Je ne serais pas complet si je n’introduisais pas Vande Lanotte dans ce schéma extrêmement politique. Son rôle est simple, c’est de faire traîner les choses afin que l’engouement des Flamands pour la N-VA retombent et qu’on procède à de nouvelles élections plus équilibrées.
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1. Régis Debray : « C’est parce que le délinquant, le prophète et le pseudo-savant s’extra-limitent et se croient partout chez eux qu’ils sont dangereux. » Marianne, 5 nov. 2010.

Commentaires

Brillante dissertation, à propos du PS liégeois, à part "papa" qui fait des (ren)voix , il n'y a pas grand monde et de toute façon on ne peut plus dire qu'ils sont socialistes. Enfin de nouvelles élections ne changeront rien, sinon perdre du temps et un tas de fric...et au bout du compte, l'indépendance de la flandre de Bart and co. Bonne journée quand même.

Il y a cependant plein de liégeois en politique.
Ils sont au MR.

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