« Compromis = compromission. | Accueil | Il y a l’ange et lange. »

Hôtel du libre-échange.

L’Europe de droite est toujours accroc au libre-échange. Le trio formé par Trichet, Barroso et Van Rompuy n’en démord pas. L’Europe stagne. Certains des Etats membres ne trouvent pas de solutions à leurs dettes. Qu’à cela ne tienne, le trio tient bon.
Dans le programme du PS français pour les présidentielles, Martine Aubry semble avoir fait le deuil d’une approche libre-échangiste. Le combat entre les tenants du libre échange et les partisans du protectionnisme redevient actuel. Le dernier rallié au protectionnisme sous certaines conditions est… Michel Rocard !
On ne sait rien des intentions du PS belge dans ce domaine. Le maître-plongeur de Mons avait piscine, pendant le virage du PS français. Il n’a pas encore eu le temps d’y réfléchir.
Pour quelqu’un aussi près des gens qu’il le prétend, c’est pour le moins fâcheux de n’avoir pas d’avis sur les deux voies possibles du capitalisme, dans le cadre d’une économie libérale à laquelle le PS est attaché.
Pour rappel, le libre-échange est un système de commerce international reposant sur l'absence de barrières douanières à la circulation des biens et des services.

001.JPG

C’est Cordell Hull, le ministre de Roosevelt, qui est en grande partie à l'origine du retour au libre-échange après la Seconde Guerre mondiale, il s'agit du principe de non-discrimination appliqué au commerce de biens et de services. Dit de cette manière, cela pourrait ressembler à un conte de fée : le monde devenant un grand souk fraternel. En réalité, du plus petit, au plus grand Etat, à savoir les USA, depuis toujours c’est un marché de dupes où les tricheurs abondent et usent de mille et une manières de leurs moyens financiers pour soutenir leur économie sans avoir l’air d’y toucher. Comme par exemple les USA accusant l’Europe de soutenir Airbus, alors que Boeing est manifestement sauvé régulièrement de la faillite par des arrangements avec les finances publiques américaines.
Par contre, les patrons, eux, sont comme des poissons dans l’eau et ont trouvé par la décentralisation et la fabrication off-shore les moyens d’accroître leurs dividendes. Quant à la concurrence, tant de fois mise en avant comme prétexte, c’est une douce rigolade bonne à servir d’alibi pour les peuples anxieux.
Le GATT puis l'OMC ont été créés pour abaisser les barrières protectionnistes et en limiter l'usage autant que possible.
Le Canada, avant l’adhésion à l’ALENA, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse ou la Norvège, ne vivent pas plus mal parce qu’ils sont en-dehors d’un marché de près de 500 millions de consommateurs. L’industrie, les services et l’économie de ces pays n’ont rien à envier à l’Union européenne.
Quant au protectionnisme, auquel les socialistes français annoncent leur adhésion après l’avoir longtemps combattu comme une forme de nationalisme, c’est une politique économique interventionniste, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs d'autres États. Les buts peuvent être le maintien de l'emploi dans certains secteurs d'activité, la diminution du déficit commercial, ou la défense du niveau de vie. Les mesures protectionnistes consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières, normes contraignantes, freins administratifs...), encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales), privilégier les entreprises nationales dans les appels d'offres de marchés publics, ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales.
Il suffit de faire le compte des entreprises qui se sont fait la malle pour des pays à la main d’œuvre moins payée, de voir où en est la désertification des zonings et l’augmentation du nombre de chômeurs, pour enterrer complètement l’illusion d’une économie européenne basée sur les services et les industries de pointe, tandis qu’elle s’ouvrirait au monde.
L’ouverture des marchés n’a conduit jusqu’à présent qu’au transfert des technologies aux pays dits en voie de développement et la formation de concurrents capables d’intégrer les industries les plus performantes. La chemise chinoise à 5 euros (voire moins) n’a pas que décimé notre industrie textile… son principe élargi à l’ensemble des produits et des techniques désertifie les zonings européens, après avoir fait des ravages de Detroit aux Appalaches.
Le fameux slogan « il vaut mieux apprendre à pêcher pour se nourrir, plutôt qu’attendre qu’on vous donne du poisson » a été compris par beaucoup de pays en voie de développement. Et c’est tant mieux. Sauf que certains d’entre eux pêchent, construisent des conserveries et, ils en sont au stade de la fabrication des machines qu’il faut mettre dedans. On se souvient du rachat pour trois fois rien par la Chine, des Tubes de la Meuse, cette usine performante de la Région liégeoise que Jean Gandois ne voulait plus. On peut toujours essayer à présent de vendre aux Chinois des tuyaux ou du fil de fer !
Avant que Martine Aubry ne soit convaincue qu’une bonne dose de protectionnisme soit nécessaire, Marine Le Pen l’avait précédée dans cette nouvelle approche d’un ancien péché redevenu vertu. C’est que le protectionnisme peut déboucher sur le nationalisme. Avec les Flamands en plein dedans, on perçoit mieux le danger en Belgique, qu’en France.
Un protectionnisme tempéré serait le bienvenu. Le danger c’est qu’on fasse du chacun pour soi en Europe et que des 500 millions de consommateurs potentiels, ne restent que des entités de quelques millions.
Un partisan du protectionnisme, Emmanuel Todd, a un avis intéressant. Le monde politico-médiatique se serait détaché depuis quelques années des préoccupations des classes populaires et des classes moyennes. D’après les études qui ont été faites sur le résultat du référendum de la Constitution européenne de 2005, le citoyen aurait été largué par ses élites !
Un protectionnisme à l'échelle de l'Union européenne permettrait de combattre la montée des inégalités et la pression sur les salaires exercées par la mondialisation de l'économie.
Comme l’Europe a mis le cap sur une politique de droite, il faudra bien se faire une raison. Le protectionnisme « éclairé » ce n’est pas pour demain.

Poster un commentaire