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Bris de classes.

C’est entendu, il n’y a plus de classes sociales. La lutte des classes, c’est du passé. Le grand propagateur de la vérité nouvelle, le Ps l’a crié sur tous les toits. La société d’aujourd’hui est sans classe. Les contradictions soulevées jadis par Bourdieu étaient chimériques, pures divagations d’intravertis. Dorénavant, il n’y a plus de division. Le riche et le pauvre font partie du même chromosome social. Ils ont tous les deux une carte de crédit génétique identique. Parfois, le riche n’en a qu’une et le pauvre, dix. C’est dire l’égalité.
Tout le monde est en self-service à l’apogée de la mondialisation.
Dans la nouvelle société, le pouvoir n’y est l’objet d’aucune dispute. Il n’est même pas discuté. Si le formateur Di Rupo a des difficultés, elles ne proviennent pas d’antagonismes de classes. Elles viennent d’autres hommes politiques qui ont d’autres vues, mais pas du peuple, sans pouvoir et dispensé d’avoir des idées. Riches et pauvres, bourgeois et ouvriers sont unis dans des partis qui ne défendent plus des citoyens par catégorie, mais en vrac, indistinctement. Parfois, les travailleurs votent libéral, et les patrons à gauche, dans un tout harmonieux et consensuel.
Le dernier discours de Rudy Demotte au club Lorraine était un appel fusionnel de la gauche à la droite. Il attendrit le châtelain et l’humble travailleur. Même si les larmes ne coulent pas de part et d’autre pour les mêmes raisons.
Les partis ne sont plus arrêtés par la barrière des classes. La pêche aux voix a lieu dans toutes les eaux. Le discours a cette qualité qu’il passe par la Lorraine avec ses sabots, sans déranger personne. Tout fait nombre.
La démocratie nouvelle est avancée… si madame veut bien se permettre !... Du reste, depuis que madame couche avec le chauffeur, et DSK avec la bonne, tout se démocratise.
C’est ainsi que des dirigeants riches peuvent diriger des militants pauvres. Le Ps est l’exemple vivant de l’abolition des barrières de méfiance. Des gens singuliers travaillent pour le pluriel.
Comment ? Vous dites qu’on n’a jamais vu des dirigeants pauvres diriger des militants riches !
C’est une erreur. Des dirigeants pauvres prennent souvent le pouvoir. Mais comme au pouvoir ils deviennent riches, c’est normal qu’il faut être rapide pour s’apercevoir qu’ils étaient pauvres avant. La preuve : Elio Di Rupo. L’a-t-il assez dit que sa famille était pauvre et lui-même, étudiant, n’avait pas les trente-six mandats qu’il eut par la suite. Il était bel et bien pauvre lorsqu’il entra au PS. Et puis, il n’est pas devenu riche. Il vit confortablement de ce que les gens veulent donner. Ils sont très généreux, les gens… d’autant que ce ne sont pas eux qui font les lois.
-Vous reprendrez bien un doigt de malvoisie, vicomte, c’est la tournée de Laurette…

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Di Rupo a hésité entre une carrière à Emmaüs ou diriger un parti. Il a choisi le chemin le plus aride ! Il a fait le don de sa personne aux pauvres et cela lui permit d’être à l’aise. Ça vous gène ? Ils se sont cotisés pour lui. Les émoluments dûment contrôlés par le fisc sont venus légalement arrondir la pelote. C’est tout. C’est simple. C’est la politique clean, sans lutte des classes, dans le respect absolu des lois. Rien à dire…
Un euro de quelque porte-monnaie qu’il sorte à la même valeur pour tous. La seule différence – minime - est dans l’épaisseur. Les gros sont absolument convaincus que les petits ne le sont que momentanément. La croissance finira par mettre tout le monde d’accord, même si de ce phénomène, les gros deviendront énormes.
L’ouvrier ne sait pas compter, au-dessus de douze cents euros, sa vue se brouille. Pourquoi voulez-vous lui donner plus ? Pour lui faire tort ?
En attendant, même si le PS n’en a pas l’idée, on est dans la merde. 30 à 40 % des Belges sont à la portion congrue, 15 à 20 sont sous le seuil de pauvreté. Avec un an sans gouvernement, c’est le deuxième record battu cette année.
Mais ce n’est pas grave.
Au gouvernement, Di Rupo se fera un plaisir de reprendre en main les codes du discours. Les pauvres auront droit au débat sur la pauvreté. Comme ils sont nombreux, leurs représentants interpréteront le rôle. Même si c’est un rôle de composition, ils incarneront le peuple.
A l’amphi du parlement, quelques places seront réservées aux pauvres méritants.
Quand il sera bien répandu partout que le pauvre est un survivant défini par sa valeur en euro, il suffira d’abaisser la monnaie par l’inflation, pour que le pauvre touche le double de ce qu’il avait précédemment.
Quand on vous dit que la lutte des classes est un vieux machin

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