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Maroy et Gadisseux ont encore sévi !

L’impression de déjà vu, si courante dans « Mise au point » de la RTBF du dimanche midi, s’est encore amplifiée par la présence de deux anciens ministres des affaires étrangères, habitués des plateaux: messieurs Louis Michel et Marc Eyskens.
Le parti-pris attribuant toutes les vertus aux USA serait proprement débile de la part de ces deux anciens ministres, s’il n’était délibéré.
Ces deux stratèges du consensus ne sont pas stupides au point de jouer le jeu depuis toujours d’une Amérique championne de la vertu, contre ses ennemis les méchants, sans avoir en deçà de ce qu’ils disent, une autre version qu’il vaut mieux taire, s’ils veulent garder le bénéfice de « l’opinion qui compte ». C’est cette duplicité qui enrage l’honnête homme, lorsqu’elle est tellement visible et que le dégoût le prend.
Si ces ministres montrent impudiquement qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent, c’est malgré eux. Les efforts qu’ils font d’adhérer à la pensée officielle, bidonnée pour le plus grand nombre, ont toujours porté leurs fruits.
J’accuse Maroy et Gadisseux de ne convoquer à leurs émissions du dimanche que des interlocuteurs qui n’entrent pas en contradiction avec la règle d’or du journalisme alimentaire, à savoir des personnages en vue connus pour l’uniformité de leur opinion et dévoués à la mission sacrée de faire croire à la moralisation du capitalisme.
Pourtant, ces experts du conformisme ont commis une bévue. Ils ont invité un journaliste qui apparemment n’était pas d’accord avec le plateau sur le cas Bin Laden, l’angélisme des USA et ce que l’opinion « normale » pense du comportement des Américains sur le terrorisme ; à savoir qu’il en existe deux : celui qu’ils instrumentent et qui est le « bon » et celui qu’ils subissent qui est le « mauvais », Bin Laden ayant réussi la performance de passer par les deux.

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Il s’agit de l’excellent Michel Collon d’« Investig’Action », sans apriori, ce qui déplut aux deux ministres, mais aussi à la paire Maroy et Gadisseux, puisque le malheureux égaré dans la soupe médiatique n’aura que deux occasions de s’exprimer, toutes les deux écourtées par un Maroy subitement inquiet, tandis que les deux anciens ministres se seront vautrés à l’aise dans la phraséologie prétentieuse pour avoir le public à la botte.
Il fallait voir les mines outragées de l’ensemble des invités quand Maroy accorda enfin au pauvre Colon le droit à la parole, alors qu’il était là pour ça, au même titre que les autres.
Ceci illustre bien une fracture sociale à l’origine du malaise politique. L'opposition entre les élites aux vues mondialistes et des classes populaires est sans appel. Dans ce qui devrait être le temple de la libre parole et de l’anti pensée unique, on se moque des gens !
La pensée préfabriquée est-elle encore majoritaire en ce pays ? Qui nous dit qu’il fallait six représentants de la bonne parole made in USA, deux faux-culs représentant l’Islam et seulement un journaliste libre et indépendant, pour bien représenter l’ensemble des citoyens ?
Où Maroy et Gadisseux tirent-ils leur assurance que de ce plateau sortira quelque chose qui éclairera une émission qui a justement pour titre et la fonction de « mettre au point » ?
Un mur s'est dressé entre les élites et la population, entre une Belgique convaincue de ses nobles sentiments, et une population sous-estimée et dépeinte en marge, renvoyée dans l’inconséquence et l’outrance, et qui puise dans le déni opposé à ses difficultés d'existence l'aliment d’une rancœur dont le premier principe serait de déformer la réalité, selon les dires de « l’élite » bien décidée de garder pour elle seule le droit d’exprimer le raisonnable et le construit !
Serait-ce que la sécurité économique et les lendemains assurés soient de nature à rassurer nos cadres de leur prééminence intellectuelle sur le reste de la population ?
Quant au débat lui-même sur Bin Laden, le commando qui mit fin à sa carrière n’était l’instrument ni d’un acte de justice, ni d’un acte de vengeance. C’était un acte de guerre !
Cela ne mettra pas fin au terrorisme islamiste, ni même à la mouvance d’Al-Qaida.
Le prétexte de l’assassinat de Sarajevo pour déclarer la guerre en 14 était moins évident que celui que le Pakistan aurait de faire la guerre à propos de cette intrusion armée sur le territoire d’un Etat souverain.
Les States ont tué un symbole. Ils n’ont pas vu en multipliant les triomphes des forces armées US, en clamant leur fierté d’avoir abattu l’ennemi de la nation, qu’ils rendaient un bel hommage à un homme qui n’en espérait pas tant.
Si vous voulez être lavé de la connerie militante du bourgeoisisme bêlant, lisez donc les chroniques de Michel Collon et vous comprendrez mieux la complicité de Messieurs Maroy et Gadisseux avec les plateaux qu’ils invitent.

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