Un homme providentiel.
Les rosés croient en Di Rupo pour redonner des couleurs à la social-démocrate. Son interview à la presse flamande fait partie d’une manœuvre de charme. Elio leur a fait le coup de la valise en carton de son père, émigré économique. A croire que le père avait du flair et sentait que c’était à son cadet que la valise devait revenir. Vous pensez si la fratrie du clan Di Rupo l’aurait déjà envoyée aux encombrants, mais pas lui. Le jeune ambitieux savait qu’elle pouvait encore servir. Aujourd’hui, il la mettrait aux enchères pour le fonds de caisse du PS, qu’elle ferait plus qu’un bagage neuf signé Louis Vuitton.
Elio est branché people. Aux journalistes flamands il dévoile sa sexualité, sa maison, ses loisirs. A la piscine de Mons, on avait vu « un monsieur d’un certain âge » bien soigné.
Avec la valise en carton, il réussit son « coming out social ». Voyez d’où je viens, semble-t-il dire, en exhibant ses reliques. Sortir de la working-class fait tendance en ce moment. Rien de plus chic que d’avoir un père émigré, passant de la vente à la sauvette dans une ville du Mezzogiorno, à la sidérurgie de bassin en Belgique. A la piscine, le nageur-inaugurant semblait n’avoir pas souffert du travail manuel. Il avait gravi les échelons, moins par la force de ses petits bras, que par la puissance de son cerveau énorme.
Ce passé familial lui sert de passe-partout. Il n’est pas le seul. Laurette avec son père Gaston en joue aussi, sauf que la mandoline est remplacée par le parler rude des gens du Nord. Pour le reste, c’est le même attendrissement pour le chemin parcouru. Cela permet de vivre en bobo parfaitement décontracté, délesté d’une dette à la société des gueux et des petits, par les sacrifices de la génération précédente.
Ils ont rempli une mission sociale d’éveil, rien que par la naissance. Les voilà débarrassés du poids de la faute d’être riches, sinon à l’aise.
La mort de Bin Laden a pris la vedette aux élections présidentielles du parti qui auraient dû se tenir en juillet et qui se feront fin du mois de mai, le 27 et le 28.
Pourquoi cette précipitation ?
Si vous connaissez un membre de la piétaille socialiste, une guichetière de Solidaris ou un permanent de la FGTB au courant de ce qui se trame Boulevard de l’Empereur, faites le savoir à Maroy et Gadisseux pour une future édition de Mise au point !
Elio est assuré de recueillir 99,9 % des voix, nul n’ayant osé refaire le coup de Declerq, le héros malheureux de Charleroi. Il reste encore six jours pour qu’un kamikaze, ayant envie de se suicider politiquement, tente l’aventure.
On dit que, défier l’homme à la valise en carton, serait l’affaiblir dans les négociations institutionnelles. N’attendez pas que Laurette Onkelinx, Rudy Demotte, Paul Magnette, Jean Claude Marcourt et qui sait, Michel Dardenne ou Willy Demeyer se mettent sur les rangs.
Ce sera un quatrième mandat de monsignore, na !...
Par le passé, au PS on n’a jamais affronté le président en exercice, à part quelques téméraires qui s’en sont repentis. Ça n’entre pas dans le jeu « démocratique ». Les présidents qui se sont taillés avaient le feu aux fesses, poursuivis par des affaires ou ayant peur des casseroles tombant de l’armoire des archives.
En douze ans de présidence, Di Rupo a eu le temps de mettre son système en place. C’est lui qui dirige tout et qui peut tout, les autres doivent demander.
Ça tombe bien, voilà longtemps que la base croit que le groupe restreint appelé G9 donne des conseils au maestro, et s’en contente. Alors que bd de l’Empereur, on se croirait chez EFLF au temps de Roland Dumas et Christine Devier-Joncourt.
L’homme a ses chouchous et ses têtes de Turc.
On pourrait presque dire que pas une nomination à des postes où on se beurre, se fait sans lui. A-t-il joué les justiciers à Charleroi, à Huy ou même à Liège ou n’a-t-il fait le ménage que pour placer ses créatures ?
Cela a toujours fonctionné ainsi au PS. Elio n’est pas Staline, il n’est pas Jaurès non plus.
C’est un compromis entre Savonarole et Machiavel.