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Mon Premier Mai.

La question qui vient naturellement à l’esprit est celle à laquelle réfléchissait Lénine : La liberté pour quoi faire ?
En ce premier mai 2011, c’est toujours d’actualité.
Et vraiment sommes-nous libres dans une démocratie qui, contrairement à ce que beaucoup de citoyens croient, n’a pas vraiment été choisie par le plus grand nombre, suite à sa dérive capitaliste ?
La cacophonie politique qui règne dans ce pays dénonce justement une démocratie ratée qui tourne à l’aigre.
Cette question que se posait Lénine et qu’il a pu interpréter comme étant illusoire pour chacun, mais essentielle pour le groupe, a été à la base d’un formidable enfermement des consciences et des personnes, dans un communisme ersatz du capitalisme.
Bernanos reprit cette question pour en faire le titre d’un de ses écrits de combat : «Un prophète n'est vraiment prophète qu'après sa mort, et jusque-là ce n'est pas un homme très fréquentable. Je ne suis pas un prophète, mais il arrive que je voie ce que les autres voient comme moi, mais ne veulent pas voir. Le monde moderne regorge aujourd'hui d'hommes d'affaires et de policiers, mais il a bien besoin d'entendre quelques voix libératrices. Une voix libre, si morose qu'elle soit, est toujours libératrice. Les voix libératrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes. Elles ne se contentent pas de nous inviter à attendre l'avenir comme on attend le train. L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait.»
Comment ne pas être effaré, comme Bernanos de la futilité des esprits à une époque qui demande, au contraire, une attention soutenue. Le communisme n’existe plus et le capitalisme se meurt. Très peu de chercheurs essaient de mettre au point une formule qui réconcilierait les intérêts de tous.
En attendant ce jour, de faux prêtres de l’économie entraînent les masses derrière leur carrosse doré, faisant semblant de croire que tous peuvent y monter.
Si deux milliards de téléspectateurs se sont esbaudis au mariage de Kate et William, les mêmes ou deux milliards d’autres ne se donnent pas la peine de donner à leur existence, une autre valeur que celle de l’argent. C’est ce déséquilibre que l’on retrouve dans un autre pamphlet de Bernanos « La France contre les robots » exprimé autrement par la victoire de la machine sur l’homme.

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La situation en Belgique est la conséquence de… l’inconséquence. La première liberté serait de classer par ordre d’attention, les questions qui ont une conséquence directe sur notre vie et notre environnement, et d’intérêt vif en intérêt mineur, les fans des mariages royaux avec les nationalistes exacerbés trouveraient leur place quelque part dans le bas de la liste.
Comment ne pas comprendre qu'il ne peut exister de justice sociale si la première condition de la liberté n'est pas remplie ? A savoir la liberté du choix d’un travail dans le respect de la personne, un salaire décent et des conditions qui n’attentent pas à la dignité humaine, dans une recherche de l’utilité générale. Qui ne voit, dans ces conditions, qu’entre en jeu la hauteur morale et la dignité de celui qui propose du travail ?
La liberté se heurte à la liberté d’entreprendre, par le premier raisonnement qui passe. Comme il existe des centaines d’autres raisonnement aux mêmes conséquences, chacun étant suffisant sans les autres, nous sommes amenés à penser que la liberté de l’individu est incompatible avec la liberté du commerce, c’est-à-dire avec la liberté comme l’entend le système capitaliste.
C’est la clé de toute controverse. Seule la liberté confère valeur à la parole et au sens. Cette parole remplie de sens est ce qui donne sa dignité à la personne humaine. Notion supérieure à celle de citoyen, elle assure la dignité de cette dernière.
Le couple de l'état de liberté et celui de citoyenneté est ce qui nous manque dans le cadre de la Belgique, de l’Europe et du monde, puisque partout triomphe la concupiscence des uns, exploitant la naïveté des autres.
La Belgique victime d’un redoutable nationalisme flamingant est particulièrement fragile dans l’opposition qu’elle devrait avoir à l’absence de la première liberté qui est celle qui oppose l’individu à la machine, au fric, à la monstrueuse avidité des profiteurs du système.
L'esclave ne peut connaître ni justice, ni sécurité, et pourtant toute sa vie est réglée parfaitement ! C'est un inférieur qui n’a plus conscience de son infériorité, ce qui l’aide à la supporter. Il n'est que la chose du maître, parce que celui-ci décide de ses loisirs et il ne lui donne à penser que ce qui lui est utile. Dans les affres du quotidien, il n'y a que l'homme libre qui puisse espérer changer son destin...
Le Premier Mai n’est plus qu’une parodie de premier mai, puisque ceux qui prennent la tête des cortèges sont des maîtres dissimulés ou leurs valets qui s’affichent.
Protester contre l’injustice d’un système sans le nier, c’est comme le mendiant qui tend la main à la porte des Eglises et qui persiste à croire en Dieu !

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