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Procrastination.

Tous les partis politiques mettent le changement dans leur programme, même ceux qui sont au pouvoir. Ils désavouent, en quelque sorte, leur propre gestion.
En Belgique l’excuse est simple, comme il y a toujours partage du pouvoir, le manque de changement vient de l’immobilisme des autres.
Le parti socialiste et le MR veulent tous deux le changement, mais ce n’est pas le même !
Alors, forcément, les changements contradictoires s’annulent.
Parfois, à l’approche des élections, une personnalité revendique le moindre frémissement comme un changement. Las ! resté trop longtemps immobile, il en fait trop. Sa crédibilité est mise en doute !
C’est le cas ces temps-ci, de Laurette Onkelinx qui, devant l’échéance d’octobre pour le maïorat de Schaerbeek se sent « gonflée » par les propos des banquiers et revient à la pêche aux voix de gauche, avec les propositions socialistes sur la séparation des banques de crédit et de spéculations.
Sainte colère, hélas trop à propos pour qu’elle soit sincère. De toute manière, Di Rupo son chantier principal, c’est redorer le blason de la monarchie en taclant De Wever sur la brocante du fédéral, pour une Flandre « rassurée ».
Le changement est une machine compliquée qui ne survient qu’à la suite de deux facteurs.
Le premier est dicté par les événements.
Si l’essence monte à trois, voire quatre euros, que le chômage arrive à 30 % et que la guerre économique entre les Etats s’envenime, il est clair qu’il y aura du changement dans le train-train quotidien.
Le second est de nature volatile. Il s’agit d’un changement des esprits et des mentalités, qui interfère sur la manière de vivre, et engendre une nouvelle race de citoyens.
Il y en a bien un troisième qui serait un mélange des deux, il n’est pas retenu, pour la raison que le changement « intelligent » n’étant pas pour demain, la contrainte des événements n’a jamais produit que des réflexes de survie et d’égoïsme.
Or, le changement intelligent vient d’abord de « l’élite » dans sa volonté de partage du savoir et du pouvoir. Les médias y ont un rôle essentiel. Ils doivent rendre compte de la réalité sociale. La critique de la superficialité des infos et le changement dans la chronique des strass et des paillettes doivent aider le gros des citoyens à se désembourber de la crasse consommatrice, non pas pour vouloir une société de carmels et de renoncement, mais pour une société fraternelle et vraie.

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Comme on le voit, la Belgique n’en prend pas le chemin.
Les velléitaires sont nombreux pour un changement qu’ils savent relever du mythe, quand ils ne sont pas, comme Laurette Onkelinx, animés par des soucis personnels de carrière.
Devant l’imminence de changements profonds de la première catégorie, la classe au pouvoir a beau jeu d’évoquer le changement par la seconde, sachant bien qu’elle n’aura pas lieu. Elle s’apprête donc à la contrainte des événements et s’arme des lois et de la police, dans un réflexe de survie.
A l’occasion d’un surplace de François Hollande, les médias français ont fait resurgir un beau mot oublié de la langue : procrastination ! C’est, selon le dictionnaire, une tendance à remettre au lendemain toute décision ou toute besogne.
Ce n’est pas que la politique du gouvernement Di Rupo, c’est toute la politique belge ainsi vouée à la procrastination !
Les études fortes et longues sont en partie responsables de cet endormissement.
Dans toute situation, il y a souvent autant de pour que de contre. Avocats, énarques ou forts en thèmes sont incapacités du poids de leurs connaissances. L’école n’enseigne pas le courage, mais la lâcheté. Les lois et les usages font le reste.
Il n’y a plus ni leader aventureux, ni leader chimérique, ni leader transcendé par un idéal.
Toutes les idées simplistes ne sont pas des leurres populistes. Les pétroleuses de jadis n’avaient pas nécessairement tort.
Ils se sont tous pliés aux règles internationales de l’économie.
Ils attendent, non pas une décision du peuple, mais une décision de Wall Street.
En réalité, le changement viendra de Goldman Sachs et de ses pareils, le changement par procrastination.
Comme perspective d’avenir, il y a mieux.

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