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Théâtre et anaphore.

Ce serait plus agréable de louer nos « élites » politiques qui prôneraient la bonne gestion au moindre frais. On ne le peut pas quand on sait que depuis le début de la législature, les ministres wallons ont jeté par les fenêtres seize millions d’euros en frais de communication !
Et encore si cette communication avait le louable motif d’expliquer les ressorts d’une économie qui influence tellement la politique ! En réalité, elle fait plus qu’empiéter sur les prérogatives politiques, elle les supplante. Enfin, avec cet argent, était-ce le gaspiller que de débattre sur les moyens de repenser une société aussi bancale ?
Jadis, les riches entretenaient des corps de ballet, musardaient chez des actrices de théâtre. Nos riches à nous on les connaît. Nos élites politiques en font désormais partie. Nous, nos danseuses s’appellent Rudy Demotte, Nollet, Antoine, Jean-Claude Marcourt, Fadila Laanan, etc. avec Frère, Mittal, Davignon et quelques Premiers sujets mystérieux des Loges. Vous parlez de coryphées !... La compagnie est au complet. Pas un ne manque, à ce prix là, c’est normal.
Et exigeants avec cela, pas de respect pour les mécènes dans la coulisse, pas de grandes scènes, de lac des cygnes, et un Tchaïkovski aux commandes, pour réjouir le peuple. Demotte au pas de deux est aussi celui qui se fait payer pour Casse-noisettes, alors qu’il nous les brise. Namur n’est pas le Bolchoï ! Le tutu de Marcourt est évalué à un mètre dix de tour de taille ! Ils doivent jouer voilés, pour ne pas effrayer les enfants… Laanan dans Shéhérazade de Diaghilev, à Namur, c’est la représentation à guichet fermé, Demotte achetant toutes les places par crainte de l’émeute. .Et bien payés avec ça… merde ! On est fou ! Nos danseuses sont au-dessus de nos moyens !

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Avec les millions dépensés, on devrait plutôt faire apparaître les distorsions et les erreurs de ce système qui empoisonne les rapports entre le travail, la propriété des biens et les citoyens. Et se poser la question : ce système est-il incontournable ? Ne pourrait-on pas s’en émanciper en trouvant quelque chose d’autre ? Pour cela est-on nécessairement obligé de passer d’un système qui ne vaut rien à un système qui n’a rien valu non plus au siècle précédent ?
Avec les millions dépensés… foin d’anaphore, comme François Hollande avec son « Si j’étais président de la république », ici comme là-bas, on n’aura rien, vu.
Au lieu de quoi, nos élites ont dépensé notre argent en propagande sur la qualité de leur prestation et les "bienfaits" de l'Europe ! Ils nous ont abjuré de croire qu’ils ont suivi le livret des auteurs à la lettre, organiser au mieux le budget, intercédé en notre faveur auprès du système lui-même, pour adoucir les effets de la crise, comme si mendier une indulgence du Grand Tout était le maximum de ce qu’ils pouvaient faire.
Et à qui distribue-t-on aussi généreusement seize millions d’euros ? À une armée de mages, de surnuméraires, de doublons qu’on ne vit jamais ailleurs qu’en Belgique, modeste pays de onze millions d’habitants, qui nous parle d’économie, qui nous balance que le système capitaliste est incontournable et qui pour bien le prouver déploie cinq gouvernements, quatre Chambres et Parlements, neuf provinces, une cour, un roi, des héritiers, des reines et des princes comme du temps de Charles Quint, sans oublier des milliers de parasites et d’inutiles chevauchant des avions sur des millions de kilomètres parcourus en première classe, tout cela en pure perte.
Les seize millions ne nous ont convaincus de rien. Les ministres sont trop nombreux, les parlements hébergent des centaines d’oiseaux rares en trop. Seul intérêt, les seize millions ont un peu desserré l’étreinte qui plane sur la presse, ses pertes de lecteurs, son dépassement par l’électronique et sa diffusion chaotique avec des points de vente qui disparaissent comme les reporters et autres investigateurs. Enfin, pour couronner le tout, les seize millions lui ont donné un second patron sous la forme du gros client à ménager, des courbettes qui n’étaient pas prévues au programme et, forcément, des articles à la gloire de nos gouvernements et de notre démocratie, d’où une perte de crédibilité supplémentaire : le toboggan.

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