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L’affreux mélange !

À l’antienne « les salaires sont trop élevés en Belgique », il fallait bien ajouter un petit plus. C’est le directeur du personnel de Colruyt qui l’a trouvé : "les travailleurs plus âgés coûtent trop cher".
Il paraît qu’il s’est pendu à la sonnette de tous les faire-valoir de la presse pour nous dire ça !
Et ça ne marche pas mal, puisqu’il a été entendu et que le malheureux qui a condensé la pensée du directeur du personnel, s’est bien gardé d’y mettre un petit commentaire.
Donc « le système actuel qui prévoit que les travailleurs ayant plus d'ancienneté gagnent toujours plus que les travailleurs plus jeunes n'est plus tenable » sous-entend que l’on compte pour rien l’expérience et le savoir-faire du travailleur âgé. Admettons que pour travailler chez Colruyt on n’ait besoin que d’un système nerveux et de bons bras, c’est une façon implicite de reconnaître que dans cette entreprise on s’y abrutit plutôt qu’on ne s’y instruit.
Les voilà bien les entreprises modernes qui n’ont besoin et de façon momentanée que d’une main-d’œuvre « mécanique » comme une machine, et que ces malheureux ne comptent pour rien dans l’organisation réfléchie du travail !
Colruyt serait donc la parfaite entreprise pour la formation de robot-humain. On n’y entre que pour perdre peu à peu toute valeur personnelle. En toute logique, dans ces conditions, un jeune devrait évidemment gagner plus qu’un vieux, puisque le premier a une capacité de travail machinal musculairement supérieure.

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Il n’en reste pas moins que Koen Demaesschalck, le distingué chef du personnel de cette estimable entreprise, se contredit dans les nombreuses interviews qu’il condescend de donner.
A la question « Quelle est la qualité la plus importante que vous attendez de tout collaborateur Colruyt ?
Le phénix de répondre : « afficher une bonne attitude ancrée dans les valeurs de l’entreprise, qu’il montre l’envie d’être au service du client, le sens de l’initiative et l’esprit d’entreprendre sont également importants : c’est l’ambition de faire la différence et de faire bouger les choses. Enfin, il importe aussi d’avoir l’ouverture nécessaire que pour de temps en temps faire son propre bilan et montrer la volonté d’apprendre sans cesse. »
Puis, sans vergogne, Koen Demaesschalck dit le contraire dans les pages du quotidien De Tijd.
« Un collaborateur chez Colruyt qui a 20 ans d'ancienneté gagne dans certains cas près de 25% de plus qu'un collègue qui commence dans la même fonction. L'ancienneté doit peser moins dans le salaire. La forme et l'ampleur des primes liées à l'ancienneté ont des conséquences perverses. Les travailleurs plus âgés coûtent trop chers. »
Alors quoi, on voudrait que celui qui acquiert au prix d’un effort de tous les jours les qualités que son chef souhaite, gagne moins ou la même chose que le petit nouveau ? Dans un job où « Les compétences peuvent en définitive toujours être acquises et améliorées », voilà une drôle de manière de remercier les gens.
C’est ça qui le travaille le chef du personnel, les 25 % de plus ! Quand on connaît les salaires pratiqués chez Colruyt même avec 25 % de plus que le salaire de base, il n’y a pas de quoi bambocher tous les samedis soirs !
Le génie des petits pois maison réfléchit à des "solutions créatives" afin de diminuer l'impact de l'ancienneté.
On l’aura compris, sale temps pour l’embauche dans cette boîte. Et je plains les chômeurs qui sont obligés, pour passer entre les gouttes du FOREM, de s’aller vendre chez Colruyt.
Cependant tout n’est pas négatif et si, pour une fois, Koen Demaesschalck était logique avec lui-même, il devrait faire remarquer bien poliment à Jef Colruyt, son patron bien aimé, qu’il prend de l’âge et que son ancienneté a coûté 2,54 millions d'euros en 2012 pour une performance qui stagne, alors que ses enfants et petits-enfants pourraient faire mieux, parce que plus jeunes, avec un salaire moindre de 25 %.
Mais je rêve. Il parait que cela ne va pas ainsi en terre capitaliste. Tout ce qu’on en dit, n’est évidemment pas interchangeable. On n’y mélange pas les torchons avec les serviettes.

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