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Vision statistique.

Offensive du Grand Baromètre RTL Ipsos Le Soir, à trois jours des élections, ce trio tente, par un ultime sondage, d’influencer l’électorat flamand pour en rallier le plus possible autour des partis dits « convenables », c’est-à-dire autres que la N-VA et le Vlaams Belang.
Il ne faut pas être un grand expert pour flairer la manœuvre, même si elle peut paraître de « bonne guerre », elle n’en est pas moins pour autant malhonnête.
Les partis se sont mis en tête que la barre des 30 % à atteindre par la N-VA restait le seuil critique. Au-delà, c’est l’impossibilité de former un gouvernement fédéral sans ce parti. En-deçà, le jeu peut encore entrer dans la mayonnaise habituelle.
On peut très bien appréhender un parti comme la N-VA d’arriver au pouvoir avec un programme qui retranche aux petits et fait un pont d’or aux riches, sans pour autant manipuler des sondages et capter l’intérêt des électeurs flamands par des propos volontairement obscurs.
Or, de quoi parle-t-on : de la « chute » de la N-VA dans les sondages sous la barre des 30 %, à savoir 29,8 % ! Comme selon Ipsos (Institut de Sondage), la marge d’erreur est de 3,1 % en Flandre, on jugera.
Dans de pareilles circonstances, Véronique Lamquin du Soir et l’ouvreuse du journal de RTL, pourraient parler de stagnation ou légère diminution, sans agiter le drapeau du triomphe de la chute d’Icare sous la barre des 30 %.
L’interprétation du Soir est sans équivoque puisqu’il qualifie ce sondage de bonne nouvelle.
Vit-on jamais ce journal annoncer une pareille bonne nouvelle à propos d’un recul du PS, du CDH ou du MR ?
Cela ne me gêne pas, évidemment, je n’aime pas la N-VA non plus. Mais il n’est pas normal qu’un journal qui se dit neutre au seul profit de l’information, montre à ce point un tel conformisme dans le raisonnement francophone dominant.
Le Soir et RTL ne sont pas de gauche, certes, mais préférer le PS à la N-VA veut dire aussi quelque part que le parti socialiste actuel « est des leurs », parce qu’il n’est plus de gauche, comme le PTB ou le MG !

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C’est ainsi que dans la même campagne statistique, la dégringolade du PS à Bruxelles n’est pas qualifiée de catastrophique, mais d’événement dont il faudra tenir compte.
Il n’est pas bon d’appuyer sa thèse – même si l’on est convaincu qu’elle est la seule raisonnable – par des affabulations et des mensonges.
C’est un peu le péché capital de l’ensemble de la classe politique. Tout le monde ment et tout le monde croit que, puisque c’est pour le bon motif, ce sera pardonné par l’électeur victorieux et, oublié, par l’électeur battu.
Aujourd’hui, on en est arrivé à un tel point de détestation de la classe politique que les partis voient leurs adhérents fondre comme neige au soleil, que les sympathisants se font rares et que les résignés et les indifférents pullulent.
Si bien que l’IPSOS pourra faire toutes les plus belles statistiques du monde, elles seront toutes entachées de la non-prise en considération des millions de citoyens qui s’en fichent royalement (ce qui pour la Belgique - qui est un royaume - est tout à fait approprié).
La seule attitude possible des journaux comme des partis serait de faire profil bas et de cesser de faire croire à une égalité dans le traitement de l’information qui n’existe pas. Pourquoi le public se désintéresse-t-il à ce point de ce qu’on présente pour le nec plus ultra de la démocratie ? Quand il n’y aura plus que 15 ou 20 % d’électeurs conscients qui voteront, comment pourra-t-on faire croire que cette démocratie existe encore ? Et cela même si, en Belgique cet effondrement citoyen est camouflé par l’obligation, sous peine d’amendes, de voter !
Si la N-VA n’atteint pas l’objectif de nous mettre dans les pattes Bart De Wever pour cinq ans, cette bonne nouvelle serait peut-être, pour l’essentiel, le résultat d’un enterrement à Vilvorde, retardé le plus possible pour en faire des tonnes le vendredi précédent l’élection. Jean-Luc Dehaene qui a joué toute sa vie perso, qui s’est engouffré dans tous les gâteaux à portée d’indemnités, doit la trouver mauvaise, là où il est. Ce sera la première fois qu’il ne touchera rien sur la cérémonie, même s’il a la consolation que l’Enterrement d’État ne sera pas dans les frais de succession, mais bien facturé aux Flamands et aux Francophones.
C’est quand même lui qui fait le show et qui fait tomber la N-VA sous les 30 % !

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