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Croa croassance !

Cela va faire bientôt dix ans que l’on entend les partis de pouvoir prétendre que la résorption du chômage est leur priorité absolue. Cette affirmation est de tous les programmes. Les gouvernements en ont fait des tonnes… et il ne se passe rien… enfin du côté des chômeurs et de la population qui en souffre.
Il faut choisir, nos dirigeants sont des menteurs ou des incapables. J’ai choisi : ce sont des incapables menteurs !
Le dernier droite/droite des deux Régions a même fait mieux. Pour lui la priorité n’est plus dans la guerre contre le chômage, mais contre les chômeurs !
Pourquoi le chômage est-il endémique et qu’en économie autant monter et remonter sans cesse le rocher de Sisyphe ?
Parce que tout simplement le système économique devenu mondial n’a plus besoin des millions de bras disponibles, utilisés encore jusqu’au milieu du siècle dernier. Ils sont devenus inutiles et on aura beau multiplier les aides, faire une fleur aux patrons qui embauchent ou menacer les chômeurs qui restent les bras ballants dans les files du FOREM, cette économie est incapable d’intégrer tout le monde, et pourquoi le ferait-elle, puisque ce n’est pas son intérêt ?
Seulement voilà, ce discours ne peut pas être dit. Il ne peut pas l’être parce qu’il condamne le système tant vanté et dans lequel nous sommes tellement bien enfoncés que nous ne pourrions en sortir, qu’en le cassant.
Le seul intérêt de la démocratie, c’est de satisfaire le plus grand nombre. C’est ce qui fait le plus défaut dans ce pays.
Au demeurant, ce drame n’est pas perçu par une partie de la population qui vit encore relativement bien et qui espère même avec les mesures de la droite/droite, que tout finira par repartir et que nous en finirons un jour avec cette fâcheuse tendance de laisser beaucoup de gens au bord de la route.
Il y en a même qui vivent mieux aujourd’hui qu’hier ou avant-hier ! C’est en gros les professions libérales, si l’on excepte celle d’avocat dans laquelle il faut entrer en politique pour bien gagner sa vie, les mandataires publics élus (cinq gouvernements !) qui n’ont jamais été si nombreux et grassement ondoyés par la générosité de leurs statuts, les spéculateurs, margoulins divers, rentiers et CEO. Pour le reste, les classes moyennes à l’ancienne : gérants, commerçants, artisans se sont littéralement effondrés.
Pour ceux qui trouvent la vie formidablement excitante et qui progressent encore dans leurs professions ou autres moyens de faire du fric, il faut un semblant de morale. Pour cela, nos batteurs d’estrade ont l’art de raconter des craques.
Par exemple : « le chômage de masse est évitable » !

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Surviennent les économistes officiels, ces docteurs « Tant-Mieux ». Ils expliquent à grand renfort de statistiques que la clé du problème est dans la croissance. Elle est trop faible pour que la tendance bascule. Un retour à la croissance de l’ordre d’1 ou 2 % ne produira aucun résultat, on est d’accord. Pour retrouver la situation des Trente Glorieuses, il faudrait revenir entre 3,5 et 4 %. C'est-à-dire doubler en personnels non qualifiés ou à très faibles qualifications les entreprises à haute capacité d’embauche : les grands services de distribution et les entreprises manufacturières de type classique, enfin les grands projets exigeant des travaux gigantesques.
Or, les uns et les autres, avec la mécanisation remplaçant les tâches manuelles, la robotique et l’électronique, les engins récents de travaux publics, etc. la capacité de production est doublée par tranche de dix ans, sans pratiquement augmenter le nombre d’employés et est, pour un pays comme la Belgique, en voie de saturation. Il n’est même pas certain de réduire le nombre de chômeurs avec une croissance de 3 % !
Pour rappel, les campagnes qui étaient les grandes pourvoyeuses en métiers des champs n’occupent pratiquement plus que les fermiers eux-mêmes. Qui a vu le travail d’une faucheuse-batteuse a compris.
Avant la crise de 2008, on croyait encore que développer une société de service était propice à un volant de chômage modéré et que nous allions avoir besoin de personnels d’accueil, de cuisiniers et de maître d’hôtel, le travail intellectuel allait absorber le reste des demandeurs d’emploi. Sur le marché une nouvelle génération plus intelligente et à gros diplômes serait nécessaire pour un travail valorisant et bien rémunéré.
On s’est rendu compte en 2015 que le niveau général est en perte de vitesse et que si les universités sont pleines, c’est pour octroyer à la plupart des diplômés, des fonctions qu’un étudiant des années 50, nanti d’un diplôme dit d’ « École moyenne » pourrait largement faire avec succès.
Qui plus est avec la manie des langues, tout le monde baragouine de l’anglais, mais sait à peine s’exprimer en français. L’avenir est aussi dans la mathématique, nous dit-on. La moitié des échecs comprend le lot d’étudiants à l’intelligence vive mais incompatible à la mécanique des nombres. Quand ils ne sont pas chômeurs pendant une longue période, ces malheureux font un travail qui sous-emploie leur intelligence.
Le mensonge est dans la promesse que les efforts entrepris ne seront pas vain et que cette économie peut se redresser et offrir un avenir meilleur pour tout le monde.
Pourquoi ce mensonge ?
Il est politique. On n’a jamais vu quelqu’un dénoncer un système qui conduit à la catastrophe et qui, une fois élu, s’en accommode. Nous élisons des hommes de théâtre qui sont applaudis parce qu’ils transforment la tragédie en vaudeville. Ils vivent de nos illusions et se nourrissent de notre crédulité.
C’est un peu la raison du peu de succès de l’extrême gauche dont les dirigeants voient le désastre venir et le disent honnêtement, dans le temps que l’extrême droite désigne les étrangers et les fainéants comme étant les seuls obstacles au bonheur et à la prospérité.

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