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Le Peuple gouverne ?

À chaque élection législative, un nouvel électorat est amené à découvrir le théâtre politique. Le rituel est assez obscur et l’expérience pas toujours instructive. La jeunesse n’est plus formée dans son ensemble à prendre parti consciemment. Faire sa propre opinion exige un effort, des connaissances, un esprit critique. La démocratie est un outil dont on oublie de nous donner le mode d’emploi. La faute en incombe aux aînés.
Dans l’état actuel de la démocratie, ne se berce-t-on pas de mots ? Au fil des expériences successives, les illusions s’évanouissent. On finit par voir la chose politique comme un miroir aux alouettes.
D’abord à quoi bon voter ? Aucun parti ne représente l’entièreté de ce que l’on souhaite. Si vous adhérez à un parti parce que son programme électoral vous semble le meilleur, les politiques s’évertuent à faire le contraire de ce qu’ils disent. Ce qui ne serait encore rien si on le leur faisait remarquer, mais il ne se trouve personne dans la presse ou dans le public pour le leur dire. Tout ça au nom du fameux compromis à la belge.
Les chances sont extrêmement faibles pour que votre vote serve à quelque chose, une chance sur 7 millions de faire basculer l’élection, davantage de chances de glisser sur une peau de banane et de mourir à cent mètres de l’isoloir.
Mais le vote peut procurer du plaisir personnel, la conscience d’exister et de servir à quelque chose, histoire de redonner des couleurs à un sentiment patriotique qui, en dehors des élections, est parfaitement ridicule pour huit belges sur dix.
Le vote fédéral est par excellence celui où le citoyen ne contrôle rien et n’a voix au chapitre sur rien.
Sinon, comment Michel aurait-il eu une majorité, s’il avait annoncé dans son programme électoral l’intention de sauter un index, de serrer la vis aux chômeurs, d’augmenter l’âge de la pension, de mettre les citoyens sur écoute et de faire une majorité fédérale avec la N-VA, tout en étant le seul parti francophone représenté, donc minoritaire dans sa Région ?
Les comportements : une fois élus les hommes de pouvoir sont totalement hors contrôle. La réclamation n’est pas possible. Vous n’avez même pas le droit de faire observer que vous n’êtes pas d’accord sur leurs indemnités, quand ils rognent sur vos salaires en augmentant les taxes et la TVA.
La classe politique aime le système tel qu’il est. Vous n’avez pas le choix. Il faut que vous vous en accommodiez.

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Nous croyons que les élus sont trop nombreux et que nous n’avons pas besoin de cinq gouvernements en Belgique. Ce que nous oublions, les hauts fonctionnaires sont bien plus nombreux encore. Ils ont leur importance, ce sont eux qui mettent en musique les Lois et les appliquent, pourtant ils ne sont pas élus ! Personne n’en parle. On l’a bien vu la législature précédente. Il a fallu plus d’un an pour mettre Di Rupo en selle. Avez-vous eu à vous plaindre d’un manquement quelconque des services que l’État doit aux citoyens ? Vous pourriez envoyer le gouvernement Michel faire les vendanges dans le Mâconnais pendant un mois que personne ne s’en apercevrait. La bureaucratie ferait le travail.
Les progrès dont on profite ne doivent rien à la classe politique.
La société s’organiserait mieux toute seule si s’enrichir par le travail des autres ne venait pas tout gâcher. Beaucoup de services n’ont jamais été organisés par la classe politique, par contre ils sont parmi les plus taxés. De même, le système ne favorise l’art que dans sa tradition bourgeoise. Il est impossible à un artiste non subventionné de vivre de son art, sauf de rares exceptions. Par ses subventions l’État prouve qu’il est facteur d’arbitraires et fait ce qu’il veut selon des critères que seuls les élus déterminent.
Les élus redistribuent l’argent qu’ils perçoivent sur notre travail selon leur fantaisie. Ils peuvent augmenter ou diminuer les budgets dans une logique qui nous échappe.
Cette redistribution commence par les paiements des indemnités, salaires et frais de l’État. C’est inscrit dans la loi, l’État est un créancier prioritaire.
En manipulant les indemnités dues aux malades et aux chômeurs, en jouant sur les revenus des pensions légales et en ajoutant ou soustrayant sur l’ensemble de la sécurité sociale les taxes et divers frais, les élus ont des pouvoirs incontrôlés ou faussement contrôlés.
Ainsi, ils contribuent les premiers à mettre à mal la démocratie.

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