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Nuits debout pour jours meilleurs.

À la suite du mouvement de contestation « Nuits debout » en France contre la loi El Khomri sur la réforme du Code du travail, Bruxelles se devait d’y être aussi sensible pour d’autres raisons, mais touchant aussi au social.
Sans doute l’idée est originale. La rue fournit le local. Tout le monde peut y prendre la parole. La gratuité en cette période de grande impécuniosité est un élément de rassemblement.
C’est ce que l’on a vu jeudi au Mont des Arts.
Ces assemblées spontanées ont-elles de l’avenir ?
Elles sont toutefois assez inquiétantes pour le pouvoir en général et celui des partis de gouvernement en particulier, pour que les journaux en parlent.
Jusqu’à présent par effet de mode, c’est une jeunesse cultivée et inquiète qui fait l’essentiel des participants et nul ne saurait dire si la masse dépolitisée, c’est-à-dire votant sans conviction, majoritaire dans ce pays sous l’effet des mesures antisociales et de la misère, suivra le mouvement.
En France, c’est la même interrogation. On y rappelle que les premières manifestations à Madrid contre l'austérité et la corruption ne rassemblèrent pas plus de 5000 personnes. Sur les réseaux sociaux la formidable audience de Nuit debout suppose que le mouvement pourrait ne pas s’éteindre de sitôt.
Pouvoir discuter de tout librement avec les mots de la rue est un droit que l’on redécouvre et qui s’était perdu depuis la confiscation du pouvoir par une élite supposée. Les jeunes se rendent compte que le bien dire n’est pas significatif du bien penser et que leurs mots à eux ont au moins le mérite de la sincérité.
"Nuit debout" en se voulant autonome de tous les groupes de pression doit inquiéter les médias et la classe politique. Les temps incertains et sombres pour une majorité de citoyens y sont propices. Chômage à grande échelle, directions du PS ultralibérales en France comme en Belgique, une droite profondément persuadée que le malheur des gens apprivoisera bientôt une mondialisation « nécessaire », désintérêt pour une télévision débilitante, incapacité faute de moyens financiers d’accéder à une autre culture, les sujets ne manquent pas. Pour certains, c’est un réveil, pour d’autres, c’est enfin la possibilité d’être entendu.
La démocratie ne pourra que grandir dans des assemblées qui rappellent les Constituantes des Républiques, un peu de Mai 68 et tous les moments de haute protestation quand le pouvoir trop sûr de lui-même impose ses points de vue unilatéralement.
« La Nuit debout » paraît même la dernière tentative d’une démarche pacifique avant la castagne et l’émeute en réponse à la crise sociale et politique.

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La démocratie est en état d'urgence.
Comme je l’ai toujours écrit dans ce blog, « l’allocation universelle » est une mesure qui pourrait à elle seule faire la révolution pacifique et sans casse. On en parle dans ces réunions informelles. Chose étrange, le pouvoir politique et syndical n’en veut pas. Mieux, ne veut à aucun prix en entendre parler. Va savoir pourquoi ?
Justement beaucoup de débats ont lieu sur ce thème en France, mais aussi en Belgique, puisque même le Soir en a touché un mot.
Le modèle économique que nous subissons est évidemment le plus souvent abordé. Cette course en avant pour la croissance montre ses limites. Il y a urgence à inventer autre chose pour remplacer ce moteur fou qui devrait stimuler l’activité et qui ne stimule que les intérêts des rentiers.
On reparle de Rudolf Steiner et de son concept d’économie associative, et ce de façon spontanée et même sans le connaître, ce qui est bien ainsi.
Voilà qui remet les pendules à l’heure et donne des lettres de créances à ceux que le pouvoir traite aujourd’hui avec le mépris du cuistre qui croit savoir ce que les autres ignorent.

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