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Un VRP à la Maison Blanche !…

Le moment de stupeur passé, les têtes de gondole de nos partis se sont vite remises à gamberger comme avant. Une Clinton battue malgré deux cent mille voix d’avance sur Trump, c’est une des bizarreries d’un système électoral à deux détentes, à la première bossette c’est le peuple qui décide (45 % d’abstentions), à la seconde, c’est quand même les représentants des petits blancs qui ont le dernier mot.
C’est un vendeur de cravates qui gagne. Aurait-ce été la vieille professionnelle, que cela n’aurait peut-être pas été mieux.
Le tout est de savoir, dès qu’il sera à la Maison Blanche, comment le camelot, va s’y prendre pour faire l’article du rêve américain ?
C’est compliqué. Le rêve est multiforme. Il trotte dans la tête des électeurs de Trump, surtout ceux qui ont des malheurs depuis 2008 et dont tout le monde se fout.
Que va faire le nouveau président pour satisfaire les racistes, les petits blancs frustrés, les isolationnistes, les somnambules du rêve américain, les maniaques d’extrême droite, les adeptes du Ku Klux clan, les femmes misogynes et les anti-avortement ?
À la minute où le marchand de cravates expose son stock, il remercie Madame Clinton qui lui passe une commande par téléphone. Le jour avant, il la menaçait de la prison !
Alors quid du mur payé par le Mexique, l’expulsion de 10 millions d’étrangers, la défense aux musulmans d’entrer sur le territoire, 35 % du droit de douane sur l’importation de la camelote chinoise, etc. ?
Tout le monde a bien entendu toutes les menaces du candidat républicain !

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C’est un pragmatique disent ses thuriféraires. Il parle, puis il oublie.
Le duo d’enfer Schulz et Juncker, marchands de cravates concurrents, installés sur le marché bruxellois, se sont tout de suite rassurés sur l’avenir des traités américano-européens, de la couverture protectrice de l’OTAN, de la solidité du dollar, des rapports futurs de Trump avec la Chine et avec Moscou.
Tout ça, c’était pour se faire élire… comme Charles Michel vis-à-vis de la N-VA avant les élections, disent les indulgents et ceux qui s’en fichent...
Obama a été très gentil avec Trump en fin d’après-midi. Il lui a présenté Michèle, ses filles et l’habitation. Obama lui laisse la vaisselle, les meubles et le personnel, même les draps de lit.
En bons américains, ils ont discuté des prix de la location à Chicago où Barak compte se retirer. Machiste, Trump a plaisanté sur les slips de Melania pour les échanges, Michèle ne rentrera pas dedans, c’est certain.
Le bon peuple oublie trop souvent que le dessus du panier est pragmatique et que le pragmatisme touche tous ceux du dessus d’autres paniers.
Trump ne sera pas dépaysé. Au contraire, il pourra accueillir tout le monde en bras de chemise, mettre les pieds sur le bureau ovale, plaisanter et pincer les fesses des femmes d’ambassadeur, du moment que rien ne change dans l’ordre mondial. Même Netanyahou rira à gorge déployée, à partir de janvier, puisque Trump ne déteste pas l’idée d’installer de nouvelles colonies, comme du temps de ben Gourion.
« Ces Américains tout de même un peu grossiers, très vulgaires, mais toujours bon cœur et prêts à rendre service », voilà ce qu’on, dira, sauf que question pognon et comptabilité sur les heures prestées, ce n’est pas un Armand De Decker qui pourra piquer 740.000 euros à Donald (ça fait combien en dollars, mec ?) d’un coup de baguette Kazakh !
Seulement, Trump, à mon avis, va user très vite la patience de ses électeurs. Ils sont, du reste, impossibles à satisfaire dans leur prétention de croquer dans le rêve américain, pour la bonne raison qu’il n’existe pas pour eux. Trump est passé avant, il a tout piqué à tout le monde et il ne reste pas lourd à partager, juste quelques jobs à bas salaires dans la construction, justement chez Trump !
Donald, peut-être très vite, va sentir monter le mécontentement et en bon marchand de cravates, il va devoir sortir les grands arguments, accusés les autres, évidemment… revenir sur « la crapule » Clinton ou ficher le camp avec sa collection de cravates dans deux valises, faire un peu d’impeachment dans les mers du Sud.
Qu’importe, les idées les plus improbables se sont celles qui s’exportent le plus facilement, les Orban et les Le Pen n’attendent que ça. Et question d’import-export, Trump s’y entend.
Hélas ! les Européens se farcissent les homologues de Clinton : les Hollande, les Charles Michel, les Juppé et les Bayrou qui ne sont pas très bien armés pour faire face « aux rêveurs ». L’Europe, la social-démocratie, la globalisation libérale sont comme les jarretelles de ma grand-mère, elles ont tellement servi que les bas qu’elles étaient censées retenir tombent en accordéon sur les chaussures, comme le premier amendement.
Alors, d’ici à ce qu’on voie tout ce beau monde faire l’article le dimanche matin sur la Batte à Liège…

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