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L’obsession du consensus !

Hier jusqu’à passé minuit, les onze candidats à la présidentielle française sont restés tels qu’en eux-mêmes. Si ce n’est que les « petits »candidats ont donné cette petite touche qui manquait pour sortir le discours de ses cours académiques trop emmerdants pour être honnêtes. Enfin, déjà amorcé par Jean-Luc Mélenchon, en plus doctoral et enseignant de lycée, Nathalie Arthaud, de Force Ouvrière et Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste ont fait entendre une voix rarement entendue sur les réseaux de grande distribution : la voix du peuple.
Ce n’est pas tous les jours, et ça fait du bien.
Philippe Poutou a dit tout haut ce que tout le monde pensait de l’hypocrisie de François Fillon, qui se propose de déplumer les Français au nom des sacrifices nécessaires, alors que ce candidat pillait l’État, abusant de toutes les possibilités de sa situation de privilégié du système.

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Bien évidemment, de ces onze sortira un président qui, sauf une grande surprise, reproduira la conduite de l’État selon les règles qui ont valu la réprobation des règnes de Sarkozy et de Hollande, à savoir Macron ou Fillon.
La divine surprise serait la montée au faîte du pouvoir de Jean-Luc Mélenchon et l’autre, la surprise désastreuse, serait l’avènement de Marine Le Pen.
J’ai entendu un raisonnement curieux d’un anti Front National qui prétendait que Marine Le Pen présidente accélérerait la décomposition du système, faisant gagner dix ans de faux espoirs à l’Europe, entraînant la population européenne derrière le peuple français à construire un monde différent du monstre néolibéral dans lequel se complaisent autant MM. Fillon et Macron que Marine Le Pen.
Cela s’appelle l’espérance du pire pour avoir plus vite du meilleur !
C’est un raisonnement qui ne tient pas compte de la souffrance des gens dans le temps intermédiaire entre calamité et renouveau.
Justement où en sommes-nous dans l’affaire qui nous préoccupe, ce néolibéralisme bien accueilli par une social-démocratie libéralo-socialiste dans laquelle nous nous inscrivons forcés et contraints ? Le malaise croissant est perceptible, il désigne deux camps à notre attention. Celui qui désespère d’en être et celui qui en est le temps d’une législature. Un seul dénominateur : tout le monde fait à peu près la même chose sur le motif qu’on ne peut pas lutter contre l’économie de marché.
Au-delà de l’élection, l’Européen de la rue est à un moment décisif de son existence. Le Wallon est pratiquement très concerné par son voisin français. Sans le pouvoir de l’électeur, il sait ce que pourrait représenter l’élection d’un candidat, plutôt qu’un autre.
L’enjeu de cette élection est ni plus ni moins le sort du néocapitalisme, cher à Charles Michel, qui s’y joue.
A l'euphorie des années 1990, le triomphe de la démocratie libérale et l’exaltation amoureuse des dirigeants de l’Europe du " nouvel ordre mondial ", a succédé une profonde, désillusion d'une démocratie qu’on voyait sans frontière, sans ennemis, sans partis. L’économie qui aurait dû être à la pointe du progrès et de la redistribution sociale a sombré dans la crise profonde en 2008. Alain Minc, Jacques Attali et Jean Tirole ont bien tenté de soutenir le moral des gens, mais leurs propos n’ont été repris que par les élus au pouvoir, enfermés dans leur bulle d’autosatisfaction permanente.
Ils nous ont vendu une démocratie cosmopolite qui apporterait enfin paix et prospérité aux peuples du monde. Ce n’était rien d’autre que la salle d’attente d’un conflit avec l’intégrisme musulman et l’occasion d’un regain du racisme dans nos régions.
La montée des populismes de droite et la menace du terrorisme international ont révélé à quel point nous vivions dans l’illusion complète, puisque déjà nous nous nourrissions de l’irréalité d’un néolibéralisme bénéfique.
Nous n’avons pas vu qu’il fallait associer l’économie aux événements tragiques du monde et que l’une n’allait pas sans les autres. Tout conflit est constitutif de la politique, il lui est directement relié. Notre gouvernement est tout aussi bien responsable de notre situation économique difficile que celle d’une Europe lâche et impuissante dans le poids des conflits armés.
En croyant étouffer la lutte des classes dans un vague consensus mou, d’autant plus mou qu’il devient inexistant, nous n’avons pas vu le piège que le capitalisme international nous a tendu.
« Quand les luttes politiques perdent de leur signification, ce n'est pas la paix sociale qui s'impose, mais des antagonismes violents, irréductibles, susceptibles de remettre en cause les fondements mêmes de nos sociétés démocratiques. » Chantal Mouffe.
Sortir de l’obsession du consensus, accepter les conflits d’intérêts, en tant que Belge, proche de la France, je ne vois que la seule candidature de Jean-Luc Mélenchon qui vaille, quoique j’aie beaucoup de tendresse pour Nathalie Arthaud et du respect pour Philippe Poutou.

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