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Flahaut a le blues grave…

S’il y a bien une chose que l’enseignement en Wallonie ne sait pas faire, c’est obtenir à la sortie des études que nos étudiants s’expriment et écrivent correctement. Cela vaut pour tous les cycles y compris universitaires. On pourrait même dire « surtout » universitaires, puisque à défaut de discerner l’intelligence qui n’a cure de ces critères, l’université reste quand même ce qu’on produit de mieux.
Le francophone n’est pas doué pour les langues. La preuve, il massacre la sienne !
La perte du wallon, dès l’entre deux guerres, au profit du français, est inscrite dans sa mémoire comme une frustration, même s’il en a perdu conscience. Le flamand a mieux résisté, à cause d’un nationalisme réactif à l’esprit latin, un défaut de droite hérité des germains, qui date du temps où Aetius, général romain ne reprit jamais pied sur la rive gauche du Rhin, au souvenir abhorré de Germanicus qui avait réussi l’exploit, quatre siècles plus tôt.
La wallon disparaît peu à peu, rarement parlé dans l’usage courant, remplacé par une langue hésitante et mal desservie. La plupart des usagers en Wallonie ignorent les temps : passé, futur et antérieur, se bornant à réduire le récit au présent, y compris dans la presse. Ne parlons pas du plus-que-parfait, des subjonctifs… même Reynders « n’y entrave que dalle » !
Les « élites » se disqualifient. On pouvait être un lettré au siècle dernier sans n’avoir fait aucune étude, par l’amour de la langue. On plaçait le récit dans le temps adéquat, à force d’usage et de lecture, comme le musicien joue juste d’oreille, par défaut de solfège.
Qu’importait l’orthographe vétilleuse, il arrive à tout le monde de faire des fautes comme des maisons. C’est sans importance si le reste est enlevé. Un des grands manieurs de la langue, qui ne fit pas beaucoup d’études, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, avait une vivacité rare de plume et d’esprit. Les grammairiens de la Pléiade ont dû souffrir pour rester dans l’esprit du texte des Mémoires, en l’expurgeant des scories orthographiques. La « musique du bien dire » n’existe plus. Nous parlons aujourd’hui à Liège un français anglo-baraki !
C’est le moment qu’André Flahaut, ministre du Budget en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a choisi pour nous parler du sauvetage de la langue et de la culture… marocaine et promouvoir par la même occasion l’enseignement de la langue arabe dans les écoles !
Qu’on ne se méprenne pas, je n’ai rien contre les cultures étrangères. Elles méritent qu’on les aborde avec beaucoup d’intérêt et de respect. Nous devons beaucoup à la culture arabe, à commencer par le système métrique, mais était-ce le moment de farcir la tête de nos enfants d’une autre culture, alors qu’ils ne perçoivent déjà pas bien celle dans laquelle ils sont nés ?
Oui, répliqueront les idéalistes de gauche, les Arabes émigrés en masse en Europe ont droit à leur culture. C’est la mission de l’école officielle !
Flahaut veut que l’inculture générale en français devienne l’inculture générale en franco-arabe !

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Je sais bien que sur cette question, la gauche est pour un salmigondis, en vertu d’une ouverture à tous les peuples. C’est bien ce en quoi, je suis en désaccord. À suivre cette logique, on devrait d’abord apprendre le swahili, le lingala et le tshiluba langues parlées dans nos anciennes colonies, aux ressortissants desquelles nous devrions automatiquement accorder la nationalité belge, dès qu’ils choisissent de vivre chez nous, ne serait-ce que pour faire oublier la bourgeoisie, exploitant ces peuples, parfois de façon criminelle, de Léopold II à Baudouin. Vu ainsi, je suis pour !
Pour réussir un patchwork il faut un génie que nous n’avons pas.
Par une méconnaissance de la géographie en-dehors de l’Hexagone, les Français admirent les hommes politiques belges qui parlent le français. Ils les félicitent, tant nos élus donnent l’impression d’avoir tous été élevés en Flandre !
Une nouvelle vague qui promeut l’illettrisme multilingue a été relancée par Monsieur Abdelkrim Benatiq, chargé des Marocains résidant à l'étranger. « Il a tenu, vendredi à Bruxelles, une série de rencontres avec des responsables politiques belges consacrée à l'examen des préoccupations de la communauté marocaine et à la coopération avec la Belgique. (Journal marocain Le Matin)
André Flahaut, poussé par le besoin de voix des électeurs binationaux, a souligné la nécessité de promouvoir rapidement l'enseignement de la langue arabe dans les écoles de la FWB.
C’était du joli avec l’apprentissage du flamand quasiment obligatoire dans nos écoles (là je suis pour), si on ajoute un zest d’arabe, l’étude du français ne ressemblera plus à rien.
Ce qui me gêne dans ma réflexion, c’est qu’elle est assez proche de celle de Georges-Louis Bouchez, délégué général montois du parti libéral, alors que je suis aux antipodes de ce personnage et du concept libéral en matière d’émigration !
Il paraît que les socialistes sont coutumiers du fait et que la connaissance de l’arabe serait nécessaire à notre ambition pluraliste. Catherine Moureaux (PS) avait avancé l'idée d'un cours d'histoire selon les origines de l'élève, avant de se rétracter. C’est dire dans quel océan de pseudo culture on est tombé. Catherine Moureaux… tiens, ce nom me dit quelque chose, pas vous ?
Mon inquiétude est fondamentalement différente, elle est la résultante du constat de grandes lacunes dans les connaissances de la langue, du primaire aux études universitaires.

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