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Polysémie du rejet.

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, la majorité des gens en a marre. En avoir marre ne veut rien dire en soi, puisqu’il n’y a pas de griefs précis, ni de ressentiments particuliers à l’encontre de la situation actuelle. Les gens en ont marre, parce qu’en réalité plus rien ne fonctionne comme ils le voudraient, dans une société où, croyait-on encore par nostalgie, a régné la démocratie, sinon plus de démocratie tout au moins qu’aujourd’hui.
Dire comment les gens la voudraient est une autre affaire : un ensemble plus équilibré donc plus juste, sans disparité excessive entre les riches prédateurs par nature et les travailleurs qui vendent leur capital-travail. Chacun espère que la disparition de l’excès de richesse serait de nature à tempérer l’excès de pauvreté. .
C’est particulièrement édifiant en Belgique. Qu’on ait bien voté ou voté pour n’importe qui, ce n’est pas le sujet. Le sujet est qu’on ait voté, que c’est le seul acte politique laissé aux citoyens, les élus faisant le reste, c’est-à-dire tout ! Même cet ultime acte démocratique de voter ne sert à rien, puisque les partis n’arrivent pas à s’entendre sur un gouvernement.
Lorsqu’enfin ils s’entendent, leur politique se résume à suivre les conditions dans lesquelles l’économie libérale mondiale situe l’Europe qui elle-même, avec des critères supplémentaires, la répercute dans les pays de la communauté.
C’est dire les marges peu existantes et le genre de politique que l’on peut avoir dans de pareilles limitations. Si encore, conscients de cela, les partis cherchaient à sortir de cette impasse par des « ateliers de réflexion » sur le devenir de notre société, mais pas comme l’entendent les partis de collaboration, mais comme l’entendent les philosophes et les économistes indépendants du pouvoir. Mais non, la porte est bien verrouillée, personne ne peut sortir du dilemme réussir ou échouer, autrement.
Et ce n’est pas tout, outre que l’élection n’est plus qu’un prétexte justificatif à l’organisation politique, il semble encore qu’en avoir marre est aussi le résultat d’une cacophonie sur des critères sociaux, les rétributions et les mesures qui entourent les revenus, selon les droits acquis dès la naissance pour certains et pour d’autres des diplômes fondés sur des compétences qui peuvent tout aussi bien être naturellement dans les cordes de tout un chacun, sans avoir besoin de suivre des cursus et prouver des aptitudes aux critères demandés, les papiers officiels n’étant là que pour filtrer les ambitions et rejeter dans l’illégitimité les intelligences anticonformistes.
Déçus aussi, les contribuables pour ce genre de société qu’ils n’ont pas voulu et qu’ils entretiennent malgré eux, par des automatismes aveugles prélevés sur leur travail, selon des impératifs économiques et budgétaires donnant aux décisions une automaticité sur l’organisation de la vie intolérable puisque distribuée à l’aveugle et à la louche.
De toutes ces raisons du ras le bol, certaines sont d’une évidente actualité, d’autres auront des conséquences à plus long terme.

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Par exemple sur les modifications climatiques, on voit bien que l’intérêt privé de maintenir les productions et les consommations est mortel à longue échéance. Cela devrait cesser tout de suite. Que voit-on ? Les pollueurs polluent davantage au nom de la demande et les usagers tirent profit d’un statu quo. Ils ne sont pas près de redéfinir si, ce qu’ils faisaient, serait bien ou mal. Les États laissent faire et, mieux, l’Europe encourage ces productions néfastes pour les mêmes raisons que personne ne veut admettre, mais qui sont tout simplement que le capitalisme est inamendable, que les ressorts humains qu’il sollicite par son type d’intéressement sont des critères non-vertueux apparentés aux excès de toute sorte et aux vices inhérents à l’égoïsme latent, jadis attaché à la notion de survie de l’espèce, individu par individu, aujourd’hui permissif sur des critères qui déterminent les classes sociales en pauvres et en riches.
Voit-on quelque part une réalisation qui va dans le bon sens ou dans le profit, qu’aussitôt le problème est résolu : c’est le profit qui l’emporte.
Résumé à l’essentiel, le peuple veut la fin du climat délétère et reste très indécis sur la fin du système. Comment réformer ? Pour faire quoi ?
La défiance généralisée, même par ceux qui soutiennent le régime, sert de colle agglomérant toute l’opposition. Défiance envers le libéralisme économique et quand on voit les zozos qui le promeuvent du MR au PS, cela donne froid dans le dos, défiance envers une société de castes, avec ses nababs et ses parias, défiance envers l’arrogance et la prévarication du système politique en place, que les biens placés aux commandes, les élites, ont transformé en agence de sécurité de leurs privilèges.
Maintenant qu’on a tout dit, on fait quoi ? De la polysémie, mon général !

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