« La fin de l’économie libérale ? | Accueil | C’est arrivé loin de chez vous. »

Tout-Fric contre Tout-Misère.

Et si au point où en est l’économie libérale, les locataires d’une bonne partie des grandes villes devaient payer leur loyer au Qatar, d’ici la moitié du siècle ?
Dans toutes les projections d’avenir du capitalisme néolibéral dans lequel s’inscrit l’Europe, aucun équilibre socio-économique ou politique stable n’est possible. On peut imaginer tout ce que l’on veut, peut-être que la fiction sera en-dessous de la réalité, tant l’économie capitaliste échappe entièrement aux politiques des Nations.
Les calculs de Kuznets sur la réduction des inégalités faits au long des Trente glorieuses se sont avérés faux dès qu’il fallut réadapter les chiffres au palier suivant.
En réalité, depuis les années 70, les inégalités sont reparties sans discontinuité à la hausse en Euro et aux États-Unis où la concentration des capitaux des dix dernières années a retrouvé le niveau record de la décennie 1910.
Nous assistons à de profondes transformations du capitalisme et il est mal aisé de savoir jusqu’où elles peuvent aller, et vers quelles monstrueuses répartitions baroques des richesses nous allons assister. Il est impératif de remettre la question des inégalités au cœur de l’analyse économique.
La répartition des richesses a toujours été une histoire profondément politique.
La remontée des inégalités depuis les années 1990 est due principalement aux gouvernements libéraux qui se sont succédé en Belgique et ailleurs en Europe et qui ont pris des mesures fiscales et financières nettement en faveur des détenteurs des capitaux.
La principale source de convergence réduisant les inégalités est le processus de diffusion de connaissances et d’investissements dans les qualifications et la formation. Elle n’a pas été au rendez-vous du tournant du siècle. Elle a été contrebalancée et dominée par des forces allant dans le sens contraire amplifiant les inégalités. L’absence d’investissements dans la formation a empêché des groupes entiers de bénéficier de la croissance. La libre circulation des travailleurs dans le cadre de l’Europe a nettement tiré vers le bas tous les salaires en général, plongeant ainsi les personnels déplacés et ceux qu’ils sont censés renforcer, dans le même marasme.
D’autres forces de divergences ont été également le produit d’un monde libéral aveuglé par le profit immédiat. Le décrochage des plus hautes rémunérations lié aux accumulations et à la concentration des patrimoines, dans un monde où la croissance est faible, est sans doute la principale raison du vertigineux écart entre le manœuvre de base et son CIO.
Le taux de rendement du capital dépassant significativement le taux de croissance, cela implique mécaniquement que les patrimoines se recapitalisent plus vite que le rythme de progression de la production et des revenus. Il suffit donc aux héritiers d’épargner une part limitée de revenus de leur capital pour que ce dernier s’accroisse plus vite que l’économie dans son ensemble.
Dans ces conditions, il est inévitable que les patrimoines hérités dominent les patrimoines constitués au cours d’une vie de travail, et que la concentration du capital atteigne des niveaux extrêmement élevés et potentiellement incompatibles avec les valeurs méritocratiques et les principes de justice sociale qui devraient être les fondements des démocraties modernes.
En outre, le taux d’épargne augmente fortement avec le niveau de richesse, plus il est important plus le taux d’épargne est élevé.

1abepp1a.jpg

Le caractère imprévisible et arbitraire des rendements du capital et des formes d’enrichissement qui en découlent, constituent également une remise en cause de l’idéal méritocratique.
La divergence n’est qu’un aspect de l’avenir possible. Un simple gouvernement socialiste, mais alors d’un vrai socialisme et pas celui dont on crédite encore le PS, peut très bien inverser la tendance en taxant les hauts revenus du travail et le capital accumulé avec le foncier.
Il est possible d’imaginer des institutions et des politiques publiques permettant de contrer les effets de cette logique implacable. Pourquoi pas un impôt mondial sur le capital, puisque l’argument principal invoqué par les libéraux est l’impossibilité de pratiquer, dans un seul pays, toute mesure de ce type, les détenteurs des capitaux le fuiraient instantanément, étant par nature cosmopolites, cherchant le meilleur endroit pour y déposer leurs biens.
Un socialisme immédiat avec fermeture des frontières ne pourrait se faire que dans un pays autosuffisant. Reste enfin, une solution possible, celle de faire basculer toute le bloc européen dans le socialisme. Mais, ce n’est pas gagné d’avance, l’UE s’étant révélé au fil des années une forteresse du libéralisme orthodoxe.

Poster un commentaire