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Escapisme.

Restons lucides. Nous vivons mieux que dans les Carpathes, mais il n’est pas sûr que nous soyons toujours à un niveau de vie plus élevé qu’en Tchéquie. Ce n’est pas pour faire semblant qu’en Belgique, on prospère au-dessus de la plupart des 27 de l’UE. En réalité, nous régressons. Nos voisins Allemands et Néerlandais gagnent des points, tandis que nous en perdons.
Sur dix ans, le pays a connu la plus faible croissance de productivité du travail depuis un demi-siècle, même dans le secteur manufacturier. Le ralentissement de la croissance de la productivité du travail a commencé dès 1970 environ.
Les structures de l’État y sont pour beaucoup.
Nous traînons comme un boulet cette usine à gaz que nos mandataires nous ont construite en une quarantaine d’années, multipliant les pouvoirs décisionnaires, plaçant des personnels au triple et au quadruple de ce qui aurait été suffisant dans une structure autre.
Les anciens prospectus des Michel, Reynders, etc. jusqu’à remonter à la famille Spaak, sont un ramassis de promesses dont aucune n’a été réalisée. Le décollage promis n’est jamais arrivé.
Les réformes de structure ont occupé une place de choix dans le débat public. Certaines ont laissé des cicatrices indélébiles. Sur le temps qu’une crise économique mondiale implacable se déclarait, nous nous échinions à trouver toutes sortes de combines pour sauver la monarchie et l’unité de la Belgique.
Le premier round de cette débâcle a été marqué par une série de faillites spectaculaires dans le secteur financier, les banques d’investissement surendettées s’étant effondrées ou ayant été rachetées pour quelques euros par des firmes moins exposées, le ministre des Finances de l’époque, Didier Reynders, jetait l’argent public à profusion, pour boucher les trous, alors que nous eussions été les propriétaires de nombreuses banques, que nous eussions pu revendre un an plus tard en faisant d’immenses bénéfices au profit d’un Etat désargenté.
Mais ce n’est pas le rôle d’un État de faire de la spéculation clame en chœur l’élite libérale, tandis que les banquiers reprenaient du poil de la bête et en profitaient pour licencier des milliers d’employés, pour aboutir à la situation loufoque des clients qui font le travail administratif et les actionnaires qui ramassent les bénéfices, dans une nouvelle vision de la banque, une machine automatique qui ne coûte que l’électricité qu’elle consomme.

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Ce qui s’est passé ensuite était aussi prévisible que dévastateur : des années perdues marquées par des taux de chômage jamais vus depuis des décennies, combinées à des taux d’activité en chute libre, les travailleurs licenciés ayant abandonné le marché du travail.
La demande de main-d’œuvre ayant diminué, les salaires de nombreux travailleurs ont baissé, tandis que le coût des structures et des personnels de l’État était en augmentation constante, suivant ainsi une folie suprême, celle des emplois politiques aussi variés que divers, coupant le Fédéral en cinq, ce qui avec ses anciens attributs faisaient six, avec lui.
Comme les travailleurs étaient mis au chômage, le capital le fut aussi. Tout au long de la décennie de crise, les taux d’utilisation des capacités installées, qui mesurent l’écart entre ce qu’une économie peut produire et sa production réelle, ont atteint les niveaux les plus bas de l’histoire de l’après-guerre, bien en dessous de ceux des années de crise des années 1970.
La croissance du PIB s’est essoufflée, alors même que les emprunts des entreprises montaient en flèche tout au long de cette période. On voit même de nos jours, la présence fantomatique d’entreprises « zombies » capables d’éviter la ruine en refinançant constamment leur dette, alors même que leurs activités se contractaient. D’autres plus précaires, s’il en est, des jeunes se lançant instigués par le MR, à devenir patron et personnel en un seul, surexploités par des sociétés qui regroupent tous ces crève-la-faim, pour les essorer une ultime fois, et enfin les rejeter comme épaves.
Plus important encore, au moment même où tant de commentateurs annonçaient la perspective d’un nouvel âge des machines, l’investissement des entreprises privées en capital fixe s’est effondré, atteignant des taux sans précédent dans l’après-guerre. Les chiffres de la productivité du travail ont affiché des taux de croissance lamentables, augmentant de moins de 1 % par an, même dans le secteur manufacturier, historiquement dynamique.
Tout cela avant le Covid-19. Autant dire la divine surprise pour le personnel politique que cette bienvenue pandémie ! L’art de rejeter sur les événements contraires leurs pires erreurs a toujours été un des sommets de la fine politique, nos constructeurs de l’usine à gaz ne pouvaient pas louper l’occasion. Cerise sur le gâteau, des occasions de gagner du terrain sur les libertés des citoyens, ceux-ci furent plus surveillés que jamais par les Autorités qui avaient déjà goûté le charme du commandement, sous les coups de lame du terrorisme musulman.
Et le pire, à l’avenue de la Toison d’Or, le MR ne reconnaît toujours pas la différence entre l’activité capitaliste privée et les dépenses publiques. Si bien que nos hôpitaux avec toutes les activités annexes vivent un véritable cauchemar productiviste.

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