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Les bénitiers à sec.

Les anciens partis cathos n’ont plus la cote. Prévôt vient de troquer le sigle CDH pour « Les Engagés », ça trempe moins dans l’eau bénite, avec l’espoir de remonter la pente. Le collègue d’en face, l'actuel CD&V, descendant du CVP et du parti catholique, a gouverné, mais aussi taillé voire façonné les institutions belges à son image et à son usage. Il est en état de décomposition.
Ces deux sacristies politiques n’ont plus l’oreille des Hommes. Les messes ne font plus recette. L’électeur d’aujourd’hui, gobe-mouche des foutaises libérales, irradie de connerie en votant Bouchez, il oublie, madame Greoli ! De la grand’messe, il est passé à un libéralisme laïc. Attention, pas social du tout, à l’image de Georges-Louis « c’est le chômeur qui met le pays à rien ».
Il semble que le CD&V soit davantage frappé par la tendance du jour que les Engagés, en raison des partis N-VA et Vlaams Belang qui bouffent tout en Flandre.
Pour ceux qui ont la mémoire courte, le CD&V dominait dans la Flandre pieuse de1884. Il n'était pas imaginable de former un gouvernement sans lui. Dans une Nation baroque et mal fichue comme la Belgique, ce que l'on appelait l'Etat CVP constituait l'un des rares éléments de stabilisation ou de conservation. Or ce parti est devenu l'un des facteurs de déstabilisation de l’usine à gaz. Ses instances en Flandre crachouillent du venin partout. Comment expliquer cette évolution ?
A la fin du XIXe siècle, l'Etat connaissait un système politique similaire à celui des Etats-Unis avec deux grands partis, les Libéraux et les Catholiques. L'arrivée sur la scène politique du POB en 1885 aurait pu remplacer les libéraux. Pas du tout, ils fricotèrent ensemble, copains comme cochons.
Le parti catholique fut effrayé de constater que sa victoire électorale ne tenait qu'à sa position majoritaire dans une Flandre déjà plus peuplée. Il décida donc d'introduire le scrutin proportionnel de listes pour les élections de 1900. Le POB ne s'opposa pas à ce changement en raison du passé libéral-radical de beaucoup de ses dirigeants et du soutien constant des Libéraux radicaux dans la lutte pour la conquête du suffrage universel. Il faut aussi ajouter que la direction du POB, depuis l'échec de la dissidence d'Alfred Defuisseaux en 1889, était déjà dominée par la Flandre et Bruxelles, le scrutin proportionnel représentant le seul moyen pour le POB de percer dans une Flandre où il ne possédait aucun parlementaire.
Ce mode de scrutin stoppa, comme espéré, le déclin du parti libéral, mais il n'empêcha pas l'existence, jusqu'en 1914, d'une certaine bipolarisation, libéraux et socialistes se présentant en cartel aux élections de 1904 à 1914. Du POB au PS, ces petits sagouins avaient bien caché leur parenté avec les libéraux. L’espèce d’attachement de Di Rupo pour le libéralisme et le fric ne date pas d’hier.

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Conclusion : la particratie est la condition de la survie de l'Etat belge. Aujourd’hui, dans une situation bien pourrie, en multipliant les instances et les emplois politiques, les cathos perpétuent le parti créateur et « perpétuateur » de la particratie à la belge et à la flamande.
L'arrivée du suffrage universel après la Grande Guerre obligent les cathos de passer un double compromis : ils acceptent de partager le pouvoir alternativement avec les libéraux et les socialistes, mais principalement avec ces derniers vu leur dominance sur l'électorat wallon grâce, à leurs bastions communaux et provinciaux. Le second compromis est interne, il s'agira du recours à la stratégie de la loi du nombre et l'appui aux idées « émancipatrices » qui agitent le mouvement flamand.
Pour les partisans de la première stratégie, les Flamands étant les plus nombreux démographiquement, leurs revendications, notamment linguistico-culturelles, et les hommes portant celles-ci finiront « logiquement et automatiquement » par s'imposer dans le cadre unitaire belge. L'autre tactique est celle du développement progressif d'institutions qui permettront à la Flandre d'atteindre son émancipation voire son autonomie. Dans la sphère économique, on peut penser au VEV et à la KB, dans le domaine politique, à la création des régions linguistiques dans les années 30 puis des communautés culturelles en 1970. Ces deux approches politiques du CVP ne furent nullement antagonistes, elles avancèrent longtemps main dans la main jusqu'au début des années 80.
Par rapport à cette période, il faut rechercher les origines des événements de ces derniers jours. Un homme politique en particratie qui veut conquérir et conserver le soutien du public doit se constituer une clientèle personnelle d'électeurs. Ce but sera atteint s'il agit comme intermédiaire entre, d'une part, les électeurs de sa circonscription, et, d'autre part, l'Etat ou des sociétés privées, et ce en particulier s'il soutient l'acquisition par ses électeurs de divers avantages. Du coup la participation active au processus législatif est ignorée. C’est le clientélisme. Le PS n’en fut pas l’inventeur.
En raison de la modernisation constante de la société flamande depuis l'après-guerre, les affiliations politiques séculaires se sont estompées. La famille démochrétienne qui gravitait il y a une génération autour des 40%, oscille depuis une dizaine d'années autour des 25%. De nombreux nouveaux partis sont apparus, les élus de la VU se sont dispersés dans tous les partis politiques. Bref, dans un paysage politique flamand éclaté, l'emprise de cette famille s'est affaiblie et, pour cette raison, les autres partis flamands sont moins prêts que par le passé à accepter le leadership « naturel » de celle-ci.
Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours, c'est le fait que le CD&V a épuisé sa raison d'être historique depuis la fin du XIXe siècle, à savoir l'avancement des revendications flamandes tout en préservant un cadre étatique belge. Pourtant, cela ne mènera pas à la disparition rapide du CD&V : comme chacun sait, les structures survivent parfois longtemps, après la disparition effective de leur raison d'être...

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