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Une grande professionnelle.

Le truc-machin du chose a élu l’éditorialiste en chef du «Soir» Béatrice Delvaux, nouvelle académicienne de l’Académie royale de Belgique, classe Technologie et Société.
Il fallait quelqu’un de très représentatif de l’officielle manière d’informer, les deux pieds dans le libéralisme de la bienpensance et le reste dans les bons feuillets de la famille Rossel, section météorologie des plages et aspects sociaux divers.
On ne pouvait mieux tomber. On se sent tellement bien compris qu’on a presque honte d’écrire que le pays est en faillite, secoué, par la vague de bonheur d’une écriture si adaptée à son temps d’une journaliste ébouriffée, si primesautière dans son look, fière d’être du marbre (1).
Hé oui, madame Delvaux, le pays va mal pour la plupart des Belges. Ils ne vont pas vous contredire si parfaitement heureuse d’être à soupirer d’aise au moindre signe du gouvernement, que la plupart des gens ne vous ont jamais lue par instinct ou vous ayant lue, ont cessé de vous lire par dégoût !
Bart De Wever a comparé le pays à une nouvelle Grèce ! Je vous sens déjà prête à bondir sur le clavier de votre ordinateur, pour une réplique cinglante à paraître dans « Le Soir ».
Quoique ayant des réticences à croire le pointu flamingant, force est de reconnaître qu’il a raison.
En bonne académicienne vous allez vous référer aux économistes labellisés purs produits « made in Belgium ». La dette belge était fin 2021 de 108% du PIB, la dette Grecque est à 195%. Pour être plus précis, notre pays est plus proche de l’Espagne et du Portugal qui ont des dettes de 120% que de la Grèce.
C’est fou la rage d’avoir raison sur une comparaison, alors qu’il n’est question que du martyr des gens à hauteur des pâquerettes, pensionnés sans pension ou presque et chômeur sans droit ou presque.
Quant au déficit public, argument qui va de soi en votre faveur, il est à 5,5% chez nous et à 7% chez eux. Quoique 1 % 5 d’écart n’a aucune signification, puisqu’il est à géométrie variable suivant de quel côté du vent on se place.
Le problème pour le gouvernement De Croo, c’est qu’il n’y aura pas d’amélioration dans les prochaines années puisque par raison d’État et domestication par l’Europe, la politique du néolibéralisme sera poursuivie rendant toute réforme structurelle impossible, sinon, celles qui consistent en la poursuite de la démolition des services public, l’américanisation des hôpitaux et, en apothéose, le saccage du social, afin de rentabiliser l’État et ses dépendances à la façon des boîtes de corned-beef !
Si c’est ça la pensée profonde de la barbaque intellectuelle au pouvoir, autant dire que Béatrice Delvaux va nous servir des futurs éditoriaux gratinés dans les mois à venir !

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Cela veut dire, en bref, que les finances publiques se dégradent. Car ce déficit n’est pas ponctuel, il est structurel. La comparaison avec la Grèce est donc surtout politique.
Rapide retour en arrière.
L’usine à gaz s’est montée tube après tube lors de la restructuration du pays en Régions, par le triplement du personnel politique et la redondance des services et des gloses inutiles parce que cumulatives. Les promoteurs du nouvel État on les connaît, Eyskens, Verhofstadt et consort.
L’idée de mettre en concurrence les travailleurs du monde entier par des traités commerciaux date de là. Elle est partie du libéralisme le plus obtus, sans considération aucune pour « ceux qui font » sous les injonctions de « ceux qui pensent ».
L’entrée de la Belgique dans l’euro des années 90 a servi de prétexte à un serrage de ceinture des plus sévère des populations. Dehaene passe d’un déficit structurel de 8% en 90 à 0 % en 2000 !
La crise de 2008 déstabilise l’équilibre. Le château de cartes du 0 % disparaît. Di Rupo, l’archange centriste, a bien réessayer dans la combine d’un assainissement, par après, saisi par la terreur des agences de notation qui l’avaient à l’œil. Il n’eut pas le courage de sa politique. En faire porter le chapeau directement aux travailleurs était au-dessus de ses forces. Il se contenta de mâcher la besogne pour son successeur Charles Michel. Depuis, nous n’avons connu que des déficits. La tax shift de Reynders et la longue période d’affaires courante liée à la démission de la N-VA ont fait le reste.
Madame Delvaux conteste ce scénario. Elle impute le train fou au Covid. C’est la thèse officielle. C’est oublier qu’avant l’épidémie et l’enfermement de la population, les déficits n’avaient pas fléchi. La guerre en Ukraine et la crise énergétique ne vont pas arranger les choses, cependant nos malheurs structurels n’y ont qu’un rapport léger. Les déficits viennent d’ailleurs, de la structure en Régions de l’État, de l’air malsain du libéralisme à court d’idées et de l’Europe à côté de ses pompes.
Ce qui a fait que Béatrice Delvaux soit élevée au rang d’académicienne, c’est probablement sa façon d’expliquer les choses ; Nous serions tous responsables, alors que c’est son clan qui l’est seul !
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1. Terme de presse désignant la plaque d’acier sur laquelle les typographes disposaient jadis les galées de lignes de linotype, pour la mise-en-page !

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