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Règlement de compte au PS français.

Il y avait au PS français, avant le référendum, un quatuor de présidentiables : Hollande, Fabius, Strauss-Kahn et Jack Lang.
Le Conseil national du PS s’est réuni, samedi après-midi à Paris, dans une ambiance électrique. Une réunion qui aboutit, sans surprise, à l’éviction de Laurent Fabius et de cinq de ses partisans du secrétariat national du parti, afin de mettre en place la "direction homogène" du « oui ».
En écartant Fabius, le quatuor est devenu un trio.
Et ça continue à la base. Partisans du oui et du non, sans se soucier des « leaders » épurés, règlent leurs comptes. Pourquoi ces petits meurtres entre amis s’arrêteraient aux seules victimes du « non », quand les trois survivants se regardent en chien de faïence pour les présidentielles de 2007 ?
Fabius dégommé, la grogne est toujours là.
On se croirait au bureau de Di Rupo ! Il ne manque plus que la chanson de Guy Béart : « Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté ! » Quoique chez nous, la prudence est de rigueur, ne serait-ce que par couardise ou parce que sans enjeu comme en France, les places sont attribuées et prises depuis si longtemps que les nouveaux attendent des morts pour avancer, avec la résignation qu’il sied, quand tout avancement ne tient qu’au fait du prince !
Revenons au triumvirat français, sans quoi on va s’y perdre. Les « triomphes » des leaders « historiques » ne manquent pas. Le trio cache mal sa joie sous la tristesse de circonstance.
Décidément les partis de gauche ont bien du mal à profiter des erreurs de la droite. Il se pourrait qu’ainsi Chirac qu’on croyait « cuit » pour une troisième mandat pourrait ressusciter, lui, ou son ombre Sarkozy !... tant l’ambition ronge les autres.
On peut dire que jadis, Mitterrand les avait bel et bien tous baisés !
A défaut de prise en compte des refuzniks, rue de Solferino, les ouistes crient vengeance contre les responsables nonistes du parti qui n’ont pas respecté la ligne, malgré les évictions.
On en a lu de bonnes sur un site mis à la disposition des militants ! « Dégommer Méluch » (Jean-luc Mélanchon), tandis qu’un autre envoyait son coup de Jarnac à Fabius. « Tels des Jean Moulin, entrons en résistance contre la bêtise de l’extrême gauche" écrivait un autre ( « Le PS n’a pas de leader viable (désolé, Hollande), pas de plan, pas d’idées, il n’a que des insultes" conclura un vieux militant désabusé. Un ouiste suggère de lancer une pétition contre "Mélenchon, Emmanuelli, Fabius". Un noniste s’énerve : "Vous êtes en plein délire revanchard, les tenants du non n’ont pas de comptes à rendre (...). Par contre, toi, le oui-ouiste dépressif, tu devras en rendre sur ton rapprochement avec la droite." (Rapporté par Le Monde).
On a là tous les ingrédients si couramment employés en Belgique aussi, non pas contre la droite libérale, mais contre une gauche que le PS qualifie volontiers de « populiste », c’est-à-dire la seule qui fasse de la résistance au réformisme !
Ah ! le 4 juin aura été une grande journée ! Le conseil national se tenait à huis clos, mais les participants venus s’en faire l’écho auprès des journalistes ont évoqué une ambiance de meeting électoral, avec des applaudissements passionnés pour Hollande. Celui-ci aurait toutefois provoqué des sifflets en dénonçant "la xénophobie" utilisée selon lui par les partisans du non pendant la campagne référendaire, autour du thème du "plombier polonais". La nouvelle révocation de l’Edit de Nantes s’est faite par le vote du texte proposé par François Hollande. Il a été acquis par 167 voix pour, contre 122 et 18 abstentions. Ce n’est plus tout à fait l’unanimité des ouistes d’avant le référendum. Ça sent même la scission.
Dans la foulée, un Congrès anticipé aura lieu le 18 novembre plutôt que mi-2006, afin de s’entendre sur "l’orientation du parti".
On se réjouit à l’avance du show ! Qu’est-ce qu’une majorité de militants qui avait pris position pour le oui au référendum va bien pouvoir trouver comme arguments contre le suffrage universel des Français ?
Face à une "crise de régime, une crise politique et une crise sociale" qui contiennent "tous les ingrédients d’un mécontentement social grandissant", M. Hollande se place assez mal en n’attribuant aucun mérite à ceux qui ont vu où se trouvait le choix des électeurs.
L’organisation d’une "convention socialiste européenne sur l’avenir de l’Europe politique", réclamée par le PS français après la victoire du non, le 29 mai en France, au référendum sur la Constitution, risque de mettre au grand jour les dissensions au sein des gauches des pays qui n’ont pas tranché par référendum. Di Rupo va être aux premières loges. Il est vrai qu’officiellement tous les ténors du PS de chez nous à l’exception de Jean-Maurice Dehousse étaient pour le oui. Il faut voir si la « contagion française » ne va pas déteindre sur cette belle unanimité.
De toute manière, qu’elles soient françaises ou belges les directions du PS ne sont pas prêtes à accorder le moindre crédit au non. Tony Blair, lui, en a profité pour se tirer sur la pointe des pieds sur la question du texte constitutionnel.

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