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Filiopiétisme

Les Onzeseptembristes se sont régalés ces derniers jours. Jamais dans l’histoire des désastres et des calamités, on aura tant célébré une date comme le 11 septembre 2001.
Ce n’est nullement faire injure aux malheureux qui sont restés coincés dans les Twin Towers à NY ce jour-là que de s’étonner d’un pareil engouement pour un souvenir, aussi dramatique soit-il.
Le terrorisme aveugle par excellence, sans la moindre parcelle d’humanité est abominable et sans excuse, ce qui m’interpelle c’est pourquoi le malheur nous écorche-t-il les oreilles pour un fait plutôt qu’un autre ?
Quelle est la vraie raison qui fait que le 11 septembre soit porteur d’une émotion, certes suscitée et entretenue par les supports médiatiques, mais unanimement reconnue ?
Car des attentats meurtriers, des guerres absurdes, des famines organisées ou inhérentes à certaines guerres, l’humanité en a toujours eu plein ses calendriers.
Sommes-nous plus proches et solidaires des Américains que notre attitude de sceptiques européens le laisserait croire ? Et corollairement, n’avons-nous pas oublié de vibrer d’indignation comme nous l’aurions dû, devant le martyr du peuple libanais victime de l’agression juive, parce que nous sommes secrètement attachés à Israël par les mêmes fibres qui nous attachent aux américains ?
Ces questions sont importantes et devraient faire que nous nous interrogions intimement chacun de notre côté.
L’intérêt après les secours aux victimes et la vue horrifiée de tous ces morts n’est-il pas de savoir pourquoi tel fait est plus « célébré » que tel autre lors des anniversaires qui succèdent à l’événement et cela longtemps après, parfois ?
Passent encore pour des guerres célèbres, comme celle de 14-18 que Brassens préfère à nulle autre, pour des millions de morts, des génocides, des révolutions sanglantes, mais pour l’attentat de New York qui paraît en comparaison relever du fait-divers, pourquoi, soudain cette émotion planétaire, cinq années plus tard ?
Et ces images des avions percutant les tours, combien de fois les avons-nous vues, tant et plus encore et depuis le début de la semaine !
Serait-ce que nous ne nous en sommes pas assez imprégnés ?
Il faut toujours se demander dans les cas d’insistances extrêmes à qui profite « l’immortalité » de l’événement.
Depuis toujours les géopoliticiens parlent de chocs des continents, des cultures, des religions, des démographies galopantes. Serait-ce que l’image des tours s’effondrant symboliserait ce grand affrontement tant prophétisé ?

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La politique de Washington n’avait pas pu entraîner l’opinion américaine dans le combat de la démocratie (exclusivement américaine bien entendu) pour sa diffusion à ceux qui, de prime abord, n’en veulent pas. Jusqu’à présent la guerre en Afghanistan, puis en Irak étant des échecs, il fallait bien démontrer que la guerre était bel et bien là, entre les démocraties et les dictatures islamiques. Ben Laden en attaquant l’Amérique qui ne faisait que se défendre, aurait-il les épaules assez larges pour incarner à lui seul cette lutte planétaire ?
Apparemment, Bush est en train de réussir à faire croire que ce voyou est le génie absolu du mal et qu’il joue d’égal à égal avec l’armée américaine.
On n’aurait jamais vu alors, une si petite poignée d’hommes plonger dans la terreur une presque moitié du monde.
L’attentat contre les tours a révolté l’ensemble des gens civilisés. Il aurait pu être fondateur d’un consensus national. Il ne l’a été qu’à moitié. Mais qu’importe, tout nouveau mythe identitaire est bon à prendre.
Et c’est ce que l’administration américaine a tenté, avec, heureuse surprise, un mouvement occidental assez fort pour qu’il soit perçu comme similaire au mythe américain.
Comme notre passé identitaire wallon s’est fondé autour d’un passé minier et des luttes sociales, Bush veut faire croire à ses compatriotes qu’ils luttent pour la liberté du monde et le triomphe de la démocratie. A chacun de ses discours, il le dit sans équivoque, le peuple américain, que lui incarne, se reconnaît dans cette lutte.
La publicité, cinq ans après, faite autour des Twin Towers semblerait lui donner raison.

Commentaires

Je crois que cette manie des anniversaires (Twin Towers, tsunami, Marcinelle,...)est d'abord médiatique comme tu le dis en début de post. Cela fait de l'audience: c'est davantage du voyeurisme morbide que du recueillement.Mais c'est aussi, comme tu le dis justement, une façon politique de souder la nation (derrière son chef surtout).Et puis, quelle manie de toujours vouloir figer la réalité derrière quelques dates fétiches! La vie est un changement continu.

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