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Emile se touche ou se tâte ?

-T’es sur la pente, trésor… Faut bien qu’on s’en rende compte pour toi, bijou… Tu tombes dans le raisonnement. Tu fignoles sur la conscience. Bref, tu deviens emmerdant…
-T’as raison mec, foutrement. Je vire curé. Je vois plus rien l’œil en coin, sévère. J’absous d’avance, si on veut écouter mon prêchi-prêcha… Je condamne un peu. J’invective même, juste ce qu’il faut. Puis, je tombe dans le retour d’âge, le galimatias incompréhensible. Je louche de travers, ce qui fait que tout tourne à bon sens ! S’il y a un truc qui me fait résister, c’est la pensée que je pourrais virer tout à fait objectif, fleur avec les décideurs, bourgeois décadent. Josette aux branleurs du peuple : touchez pas trop à la sécu, pitié pour les handicapés graves du chômage. J’implore… Je pense trop à une championne du genre qu’en est à son trentième anniversaire de recherches en la matière… Certes, elle m’a salement plaqué un jour de décembre, lourdé comme je te le dis. Pourtant, suis-je tolérant, je l’aime toujours cette pouffe… T’y comprends quelque chose ? Je ramollis…
-T’as des exemples de vérolés branleurs ?
-Oui. Des potes qui ont pris des cartes honteuses, qui sont passés bourre mou chez le piaf montois, celui qui voit la vie en rose. Ces nouveaux gauchos font halloween et votent à la bonne conscience pour les marles qu’avant ils débectaient. On peut se tromper, puis en revenir. Faut croire que non, pour eux, c’est l’adhésion totale… Ils se promènent dans les affaires, faut voir ailleurs qu’ils disent, si ça puerait pas mieux leur égout… le chou qui se mêle à la merde, de ces fortes odeurs de pauvres chez les riches libéraux. Note, c’est sûr que ça fouette aussi chez les performants du placement à deux chiffres.
-Ils ont viré honnêtes. C’est courant. On peut pas toute sa vie cavaler pour libérer le monde. D’abord tu libéreras rien, ensuite, c’est toi qu’il faudra libérer de tes chimères. Puis, entre le pain dur et le pain d’épice, ils ont choisi. C’étaient des obèses dans l’âme, des gras de la conscience…

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-C’est surtout Gustave Chapon qui fait que je me cramponne à la paroi. Ne serait-ce que pour pas voir sa gueule s’allumer à l’éparpillement de ma viande.
-Quoi, Chapon, le pignouf des galeries informantes ? Le lecteur attentif du petit Pierrot illustré ? C’est ton pote ?
-C’est pas à croire. Mais c’était ainsi. Il l’était ! On en a passé des nuits à refaire le monde. On était tellement pote, que j’y ai un peu soulevé sa meuf, histoire de lui faire plaisir, comme il avait le viagra qui lui remontait par les oreilles et qu’il pointait à six heures bien fait de la petite aiguille. Et j’y ai eu du mérite. Enfin tu connais sa Nina. Tu la mets dans un sac et t’en fais les pions du scrabble…
-Tu parles. A elle seule elle fait les soeur Verjus, de ‘ces dames au Chapeau vert »…
-Tu vois c’est le mauvais exemple. Des trucs que les jeunes pourraient pas comprendre… le saut d’au moins trois générations. Mais j‘aime, parce que t’es malhonnête dans ta métaphore. Les sœurs s’appelaient pas Verjus… enfin…
-Ce que tu peux être moraliste.
-C’est ça qui me tue. C’est Chapon qui me retient. Toucher à sa gamelle, jamais. Pourtant, ça me revient l’acide du fin fond. J’ai le bourgeoisisme qui me guette…
-T’as quand même les moyens de te tirer du mauvais pas ?
-Je m’applique. Mais le cœur n’y est plus. J’ai plus le fantasme qu’il faudrait au moment d’insérer. Je vois plus que des Nina en cours de route. De ces femmes qui correspondent exactement aux chromosomes de Chapon. L’accouplement des paires. Ça donne pas qu’à réfléchir, ça donne aussi l’envie de gerber et pourtant lui et moi, on a les mêmes paires.
-Ressaisis-toi, t’es pas encore crevé. T’as de beaux restes. T’es apprécié même bavassant râleur parmi la gent bloguante. Tu t’en es fais une spécialité, Emile. Une sorte de plaisir dans l’obscène, la majesté de l’asticot…
- Si Chapon me débecte, c’est parce que j’ai peur de devenir Chapon à mon tour.
-T’aurais des scrupules à me passer Nina ?
-C’est la brouette à Chapon. Je me suis mis entre ses bras, pour me rendre utile. Je veux dire que tout ce que ce type touche est ignoble, bourgeoisement ignoble. J’en ai rien à foutre de sauver sa créature. Elle est insauvable. Si t’en veux, t’as qu’à faire ton intéressant. Dans les paroxysmes où l’a mise Chapon, rien qu’au doigt c‘est la fontaine, et c’est pas de la fable…
-C’est seulement maintenant que tu te sens centriste ?
-Non. C’est une ancienne querelle. Un ressenti qui date. Une sorte de vomi qu’a séché sur mes semelles, au point qu’on sait plus si c’est le vernis qu’a pété, ou si c’est la merde de Bouli, l’animal à Nina, qu’était sur le trottoir tellement bien en évidence que j’y ai mis le pied. Je suis déchiré entre la branlette et la morale.
-J’espère que tu as choisi la branlette ?
-Je me tâte.
-C’est bon signe.
-Je cause au figuré. Tantôt sérieux, tantôt enfoiré. Et je sais pas encore si c’est l’enfoiré qui va pas se casser la gueule.
-Tu vas pas faire ça, hein ! la fiotte ?
-Je ne sais pas ma poule… J’ai reçu des propositions. Je laisse le mercanti imprimer en-dessous de ma vindicte un truc du genre « les conneries que vous lisez d’Emile, sont sponsorisées par Pèse-Obèse, la bascule des gros cons qui veulent pas le rester ».
-Tu vas pas tomber là-dedans ?
-Non. Mais ça fait chier de perdre de la thune. Et que c’est justement des nases comme Chapon qui en prennent.

Commentaires

Tiens bon, Richard! Il vaut mieux boire et dégueuler que de ne pas boire et s'emmerder!Sacrifier à la branlette ou aux cuisses de Nina vaut mieux que virer raisonnable!

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