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Délire sarkozyen.

A la suite du show d’hier de Nicolas Sarkozy, je me suis demandé si tous ces champions de la jactance, du « toujours avoir raison », n’admettant jamais que l’adversaire pût développer un meilleur concept, ne relèveraient pas du délire de grandeur, plutôt que d’un altruisme empathique au service de « La nation », «Du bien public » et « De la justice égale pour tous » ?
Qui nous dit que ces gentils paranos de part et d’autres du micro (mais ici il s’agit bel et bien de cerner la personnalité de l’ambitieux politique et non pas la névrose de l’animateur télévisuel) ne sont pas dangereux ?
La distinction n’est pas facile à établir.
L’aliéniste Philippe Pinel pensait que certains de ces « maniaques » se distinguaient par la cohérence de leur jugement et le caractère partiel de leur délire. Il avait même trouvé un terme adapté. Il appelait cela une folie raisonnante.
Folie raisonnante que l’on pourrait dire « effervescente » chez Louis Michel et « en veille » chez des acteurs moins inspirés.
Un autre aliéniste, Jean-Étienne Dominique Esquirol ajouta « mélancolique », au délire triste ou « lypémanie ». Les « monomaniaques » pouvaient être parfaitement heureux.
Et de citer : « M. De R. entend des voix qui rendent justice à sa conduite et qui condamnent ceux qui l’ont contrarié… se croit en communication avec Dieu et avec les anges ».
On a souvent l’impression de « voyance » chez l’orateur inspiré.
Qui a entendu le discours de Di Rupo à Paris à l’usage des militants socialistes français plébiscitant Ségolène Royal, pouvait, en fermant les yeux, se trouver dans la forêt de Domrémy-la-Pucelle, pour tout autant que l’on accordât une osmose entre l’orateur et le soupir des anges !
Ce qui fait du paranoïaque un fou à part, c’est que son délire n’est que partiel. Cela n’empêche nullement l’intégrité de son jugement ; pis encore, il peut très bien construire autour de sa manie une existence heureuse et d’allure normale, bref prendre un visage très semblable à celui des gentils « paranos » qui l’entourent et que nous sommes parfois.
Serait-ce le signe d’une société qui se ferme sur les gentils paranos, selon François Roustang, tandis que les « délirants extrêmes » émergeraient ?

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On voit encore le règne souvent brutal d’adeptes de religions exigeantes satisfaire leur extrémisme mystique sur des populations sans défense. L’Iran aujourd’hui est le monde médiéval des Européens d’hier.
Nos hommes politiques, Nicolas Sarkozy et les autres ne vont pas jusqu’à s’autocélébrer dans la passion partagée du parti qu’ils incarnent seuls. Ils inquiètent cependant par des paroles sacramentelles, certains vocables à caractère répétitif comme « Démocratie », « Liberté d’entreprise », « Etat de Droit », qu’ils brandissent à défaut d’arguments comme des armes fatales, pour sortir de situations difficiles.
C’est ainsi que Nicolas Sarkozy saupoudre le drame des banlieues de solutions guerrières : plus de CRS, plus de police de proximité ; sans jamais parler de la paupérisation progressive, cause profonde du malaise.
Le délire de grandeur est un écran naturel à la remise à plat des concepts, ce qui de l’administrateur à l’administré empêche le dialogue.
Les délirants de la grandeur aiment s’attarder sur leurs conditions difficiles de départ dans la vie. Nicolas Sarkozy fils d’émigrés hongrois sans le sou, Elio Di Rupo, fils d’un mineur de fond italien, Michel Daerden, fils d’un modeste employé des chemins de fer, pour – de façon instinctive – faire ressortir « le chemin parcouru » en vertu de leur seul mérite. Bien loin d’encenser le père, ces parricides le tuent une seconde fois.
Ils auraient une psychose de jeunesse « issue de rêveries complaisantes » s’illusionnant sur la mémoire dans un délire d’inventeur.
Arrivé à l’âge mûr, le délire lié à des images de persécution de l’enfance semblera une mesure de défense contre les influences contrariantes de la vie, se manifestant par une surestimation sans mesure des capacités, un délire de compensation justifiant des positions sociales élevées.
L’aliéniste Kraepelin invoque même des « délires de grâce » préséniles. Le discours aux Français de Jacques Chirac, à l‘occasion du nouvel an, illustre les propos.
Tous « fous » nos dirigeants ?
Non. Bien sûr. Mais dérivant vers des délires que l’entourage et la pression exercée par d’autres délirants modèrent à peine.
Et comme il faut bien conclure, ne croyons pas Karl Marx quand il nous livre sa pensée dans « Thèses sur Feuerbach » : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde ; il s’agit maintenant de le transformer ».
Au vu de l’incapacité de nos « transformateurs », nous n’en sommes pas encore là.

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