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Une solution finale.

On a beau se dire, la valeur d’un homme n’a rien à voir avec ce qu’il gagne, ni avec son statut, c’est toute la philosophie et la morale qui sont ici contrebattues par les faits.
Platon situait la fourchette de revenu des citoyens de 1 à 5. Aujourd’hui elle est de 1 à 30 !
Les derniers exploits de Forgeard, le patron qui s’est fait viré pour incompétence, n’est pas dans le fait qu’il a failli mettre en liquidation la société européenne Airbus, mais dans l’indemnité de sa sortie de connerie. L'ex-patron d'Airbus, Noël Forgeard, a eu droit à plus de 6 millions d'euros d’indemnités, auxquels s'ajoute une prime de non-concurrence de 2,4 millions.
Comment est-ce possible ce pactole venant d’une entreprise où les Etats allemand et français ont une part et qui s’apprête à licencier des milliers de travailleurs ?
C’est la magie des Conseils d’Administration ! Le patron sortant est celui qui peut tout jusqu’à la dernière minute.
On peut rêver à limiter le payement des parachutes dorés en Europe ; comme beaucoup de sociétés ont leur siège au Honduras ou à Madagascar, vous pensez si les marlous s’en tapent.
Nous touchons ici au fétichisme de l’argent.
Pourquoi, diable, Forgeard, la soixantaine gaillarde, a-t-il besoin de tant d’argent pour péter dans la soie jusqu’au jour où il faudra bien péter moins haut et claboter comme tout le monde ?
Beaucoup moins de ce que lui ont alloué les actionnaires.
C’est ça qui est affligeant, Forgeard et tous ceux de son espèce, sans payer aucun droit de succession par des procédés les plus honnêtes du monde, vont pourvoir leurs proches, famille, maîtresses, hommes de confiance, etc, d’argent facile. C’est ainsi que se crée dans la société une nouvelle couche de parasites, une faune de personnages surdimensionnés par leur capacité financière et hors de contrôle.
Le pactole divisé ou pas, le porteur aura à sa portée des éléments de domination, voire de violence, venant du fait que l’argent est indifférent à la nature et à la finalité de l’échange. Ces masses d’argent manipulées par des individus sans scrupule du type Forgeard peuvent tromper les banques (ont-elles besoin de l‘être ?) sur l’argent sale, puisque c’est dans la gestion des grandes fortunes qu’il est le plus facile de l’intégrer. Tandis que le pauvre con qui va à la banque déposer trois mille euros, devra en donner la provenance au guichetier !
Aujourd’hui, toutes les grandes fortunes ont un rapport direct avec l’argent sale. Certaines grandes fortunes sont elles-mêmes faites uniquement d’argent sale. Va-t-on va demander à un milliardaire russe qui investit 10 millions d’euros dans un collier de diamant chez Cartier, si son argent est sale ?

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Même ceux qui fulminent et qui considèrent que l’argent est devenu un « acte religieux », sont sensibles à leur petit niveau au profit et à la puissance qu’il procure.
Ainsi Claude Rolin, secrétaire général de la CSC lorsqu’il s’écrie - pour le scandale d’un patron américain de la bière belge, licencié à la manière Forgeard - "Cela crie à l'injustice. Ce n'est pas acceptable d'un point de vue éthique. Il faut veiller à ce que l'économie belge reste compétitive grâce à la modération salariale (5 pc de hausse sur deux ans), de l'autre, les rémunérations des CEO ne font l'objet d'aucun encadrement. Au moment des négociations en vue de l'accord interprofessionnel, de nombreux travailleurs sont indignés des montants atteints. Comme si le seul manager devait être rémunéré pour les résultats de la société. Ces absurdités fragilisent le système. Un petit nombre de personnes jettent le discrédit sur le fonctionnement de l'économie". L’ami Rolin doit quand même se sentir beaucoup mieux rémunéré que l’employé des guichets de son syndicat et risque, lui aussi, à son modeste niveau de jeter le discrédit à l’intérieur de l’organisations syndicale, toute proportion gardée, évidemment. C’est dire comme le rapport avec l’argent est fort ambigu.
Le culte du profit occulte toute tentative de remettre à plat les questions de rémunération. Depuis le haut jusqu’au bas de l’échelle, ce ne sont que chuchotements et mystère.
L’amour du pognon en occident a submergé la foi chrétienne. Il annonce la mort d’un dieu et s’inscrit comme un événement majeur dans l’Histoire des religions.
La culture des marchands agit comme une religion. C’est toute une nouvelle conception de la vie humaine. La conversion au culte de l’économie est un fait total.
Des parachutes dorés, aux pauvres lois morales dont les dirigeants ne parviennent plus à entretenir les peuples, il est clair que la société contemporaine est à la veille d’une grande implosion, dans laquelle les Forgeard et consorts, et même les Rolin, seront engloutis dans le magma.
A l’avènement du chaos, il se trouvera des scrupuleux qui auront des remords vis-à-vis des événements passés à la lumière desquels on aurait pu agir autrement.
Qu’importe, il sera trop tard.
Et ici, il n’y a pas un délai de quinze ans comme en écologie.
Nous n’avons pas osé une solution. C’était celle des Versaillais de 1871 qui tuèrent 15.000 parisiens parce qu’ils avaient des mains calleuses d’ouvriers. Vous voyez bien que c’est impossible d’appliquer cette formule aux 15.000 plus grosses fortunes d’Europe.
Et pourtant, c’était la seule solution.

Commentaires

Sur l'ami Rolin, tu exagère!!! C'est un brave mec. Il était bucheron et engagé dans la lutte, et il a fait son cursus en école du soir( et je pense qu'il défend les travailleurs(idem fgtb)). Regarde le salaire des "hauts fonctionnaires" et relativise.
La différence salariale dans les syndicats n'est pas comme chez I bev.
Dans tes posts (je te lis souvent), t'es parfois un peu extrème ( j'ai pas dis extrémiste, excuser du peu). J'ai parfois l'impression que tu veux jetter le bébé avec l'eau du bain...

Pour le reste: PROFICIAT...continue.

Je te suis, bien sûr. "Derrière chaque fortune, il y a un grand crime".
Les nouveaux aristocrates de l'argent n'ont quand même pas l'allure des anciens. On se prend toutefois à rêver qu'ils finissent aussi à la lanterne!
Mais cela servirait-il à quelque chose? Une nouvelle promotion d'apprentis voleurs surgirait aussitôt de la masse des débiles que nous sommes devenus par la grâce de notre Sainte Mère Démocratie. C'est cela qui est triste. Il faudrait une éthique et des règles claires applicables à tous. Mais c'est la Démocratie qui a permis l'émergence de ces castes de gros porcs vaniteux et corrompus. Certes, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, la démocratie a aussi permis d'autres choses plus positives (il n'aurait plus manqué que cela!). Mais le moment est venu de faire le tri.

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